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Le musée d'Art moderne de Paris célèbre avec "The Power of my hands" les femmes artistes d’Afrique et de la diaspora
Publié le 03/08/2021 17:44
Mis à jour le 03/08/2021 18:03
Temps de lecture : 1min
En reprenant le titre d’une œuvre de Keyezua, "The Power of my hands", l’exposition célèbre l’énergie émancipatrice du "pouvoir des mains" des femmes qui travaillent et créent.
The Power of my hands , exposition dont franceinfo Culture vous avait déjà parlé , est visible jusqu'au 22 août 2021 au musée d'Art moderne de Paris . A travers leurs créations (peinture, broderie, poterie, photographie, vidéo, performance…), seize femmes artistes parlent de la famille, la maternité, la sexualité, le spirituel, l’imaginaire. Autant de thèmes qui interrogent sur comment la question de l’intime chez la femme noire révèle des non-dits et manifeste son rapport au monde.
Le célèbre slogan des années 1960 "personal is political " peut être totalement revendiqué par ces femmes artistes qui abordent, à partir de leurs histoires personnelles, les questions sociales, politiques et la condition féminine.
Stacey Gillian Abe est née en Ouganda en 1990. Ses œuvres mixent plusieurs pratiques artistiques (photo, sculpture, installation, peinture…). "Chaque espace sur lequel Gillian travaille a son propre contexte et donne lieu à ses propres interprétations ; il met en évidence la résilience de soi et ce qui peut être surmonté", précise le site Art au féminin. Pour interroger la place des femmes dans la société et évoquer le tabou de la sexualité, elle n’hésite pas à créer des sexes féminins en argile alors qu’il est interdit de représenter les parties intimes dans la culture lugbara de son pays, explique franceinfo Culture. (STACEY GILLIAN ABE / PHOTO GIULIO MOLFESE)
La Nigériane Njideka Akunyili Crosby déménage aux Etats-Unis à l’âge de 16 ans. "Alliant collage de journaux, dessin, peinture et transfert photographique, ses compositions picturales hybrides associent les souvenirs de son pays natal avec la culture de masse américaine. A travers la représentation de scènes d’intérieur intimistes, l’artiste interroge la notion d’identité transculturelle contemporaine à l’aune de son expérience personnelle. Dans la série ‘Predecessors’, elle réalise un travail sur la filiation en explorant la construction de l’espace domestique" explique le site Coupe-file Art. (NJIDEKA AKUNYILI CROSBY COURTESY THE ARTIST, VICTORIA MIRO ET DAVID ZWIRNER COLLECTION TATE / PHOTO SYLVAIN DELEU)
Gabrielle Goliath est née en 1983 à Johannesburg, en Afrique du Sud. "Ma pratique artistique se situe dans le contexte des traumatismes non résolus de l’esclavage racial, du colonialisme et de l’apartheid, ainsi que des structures socialement enracinées du patriarcat et de la culture du viol – qui sont pour moi indissociables du paradigme moderne de la suprématie blanche et de sa normalité fondée sur la violence", déclare-t-elle. Avec l’installation sonore "Roulette", le visiteur est invité à se placer sur un paillasson pour se saisir de la paire d’écouteurs suspendue et à écouter le silence… percé toutes les trois heures par la détonation d’une arme à feu. (GOLIATH COURTESY THE ARTIST AND GOODMAN GALLERY)
Les œuvres picturales de l’artiste zimbabwéenne Kudzanai-Violet Hwami réalisées à partir de photos de familles, parlent d’histoires personnelles, de l’intime. "Dans Newtown, elle réalise une composition picturale complexe, marquée par l’usage de la photographie et de la cartographie. Cette scène intimiste, représentant deux femmes complices, invite le spectateur à s’interroger sur les notions de déplacement, d’identité et de genre", précise Coupe-file Art. (KUDZANAI-VIOLET HWAMI / PHOTO ANDY KEATE)
Née en 1988, la jeune artiste angolaise Keyezua se qualifie de "narratrice contemporaine". Dans l’œuvre qui donne son titre à l’exposition, "The Power of my hands", réalisée à partir de tresses de cheveux synthétiques, elle s’intéresse à la symbolique des coiffures en tant qu’éléments révélateurs d’identité, d’idéologie et de pouvoir présents au sein des différents statuts socio-économiques. En mettant en avant l’activité artisanale du tressage de cheveux et en nous renvoyant au rôle identitaire joué par ceux-ci, Keyezua rend visible le poids d’une industrie milliardaire qui se nourrit et vit des récits sur la beauté et les corps noirs. Les mailles entre le privé, le politique et l’économique se resserrent autour des normes esthétiques et du travail manuel qui caractérisent les coiffures africaines. (KEYEZUA, COURTESY MOVART GALLERY / PHOTO KEYEZUA)
La Sud-Africaine Lebohang Kganye est marquée par le décès de sa mère en 2012. Elle revient alors sur les lieux importants de son enfance et redécouvre des vêtements et des photographies dont elle va s’inspirer pour lui rendre hommage dans une série de 55 photographies, "Ke lefa laka (Her-Story)". Grâce à l’usage du montage numérique, elle impose sa présence dans l’image, apparaissant habillée à l’identique de sa mère, avec la même gestuelle, tel un fantôme à ses côtés, dans des scènes de la vie quotidienne de l’époque de l’apartheid.
(LEBOHANG KGANYE, COURTESY AFRONOVA GALLERY, JOHANNESBOURG)
Liée à la Tanzanie par ses origines familiales, Kapwani Kiwanga est née au Canada en 1978. Dans la vidéo "Praxes of a Dialectical Dialect", l’artiste entame une réflexion sur les modes de communication. On y voit des femmes qui tout en gardant le silence, utilisent différents tissus kangas où figurent souvent des phrases pour entamer une conversation. (KAPWANI KIWANGA / ADAGP, PARIS, 2020 DON DU COMITE POUR LA CREATION CONTEMPORAINE DE LA SAMAM EN 2020)
Née en 1977, Senzeni Marasela s’intéresse à l’expérience des femmes noires sud-africaines durant la période de l’apartheid. Dans "Waiting for Gebane", une performance commencée en 2013 et toujours en cours de réalisation, l’artiste se réapproprie le parcours de sa mère Theodorah, alors au service de familles blanches, et incarne plus globalement, une histoire collective blessée. Vêtue d’une robe rouge traditionnelle, elle mêle souvenirs de la vie quotidienne et mise en scène historique afin de dénoncer les violences physiques et psychologiques perpétrées contre les femmes noires. "J’aborde mon travail comme militante, comme quelqu’un qui veut combler les lacunes mémorielles de ce pays, les interroger et les comprendre – sans doute pour trouver ma place dans l’histoire de mon peuple. Alors je me considère comme une féministe noire qui œuvre dans le contexte sud-africain et africain." (SENZENI MARASELA AND AFRONOVA GALLERY / PHOTO NICO KRIJNO, COURTESY THE JOHANNESBURG PAVILLION)
En 2015, Grace Ndiritu, née au Kenya en 1982, réalise une performance spirituelle à la Glasgow School of Art, dans le Mackintosh Building détruit par les flammes l’année précédente. Munie du kimono Holy Mountain, elle redonne vie au bâtiment désaffecté par la réalisation d’un voyage chamanique. (GRACE NDIRITU / HOLY MOUNTAIN, GLASGOW SCHOOL OF ART (2015) / PHOTO ALAN DIMMICK)
D’ascendance nigériane, Wura-Natasha Ogunji est née aux Etats-Unis en 1970. Elle étudie les interactions quotidiennes de l’artiste au sein de sa ville de résidence, Lagos. Dans la performance "Will I still carry water when I am a dead woman ?" ("Porterai-je encore de l’eau quand je serai morte ?"), réalisée avec six femmes, elle traîne des jerricanes d’eau dans les rues de Lagos et dénonce l’attitude oppressive de la société nigériane quant à la place de la femme dans l’espace public et la pénibilité de certains métiers. (WURA-NATASHA OGUNJI / PHOTO EMA EDOSIO)
Femme libre et émancipée, Reinata Sadimba née au Mozambique en 1945 s’affirme dans les années 1980 en tant que sculptrice, brisant ainsi la tradition selon laquelle les femmes makondées n’ont pas le droit de produire des représentations figuratives. Inspirée par le corps féminin, la nature et les animaux, elle crée des poteries anthropomorphes en céramique et graphite, hybridant références culturelles et originalité formelle. L’artiste interroge. Que nous disent la proximité des corps, la position et le regard de chacune de ces têtes, la soudure de leurs membres inférieurs ? De l’individu à la communauté, cohésion et communion d’esprit ? (REINATA SADIMBA / PHOTO PERVE GALERIA)
Née en 1979, Lerato Shadi est une artiste et féministe postcoloniale d’Afrique du Sud. "Mon féminisme permet une diversité de race, d’expression de genre, de classe, de faculté à se définir. Je crois en un féminisme comprenant que la diversité est notre force", déclare-t-elle. Dans sa vidéo "Sugar and Salt", elle se met en scène aux côtés de sa mère dans une situation aussi humoristique qu’intime. Entre rires amusés et attitudes embarrassées, les deux femmes lèchent le sucre et le sel de leurs langues respectives. Dans cette œuvre, l’artiste interroge la complexité des liens intergénérationnels.
(LERATO SHADI COURTESY OF LERATO SHADI AND BLANK PROJECTS CAPE TOWN)
Ana Silva, est une artiste visuelle, née en Angola en 1979. Dans la série "0 Fardo", dont le titre fait référence aux sacs utilisés pour transporter les vêtements d’occasion des pays occidentaux vers l’Afrique. Mais malgré les bonnes intentions, ce circuit a détruit, ces trente dernières années, l’industrie textile de plusieurs pays et mine quotidiennement la production locale. Ces sacs de fripes, qui transmettent en eux-mêmes une histoire, sont transformés par l’artiste qui, en brodant des images réelles et fictionnelles, y imprime une superposition de récits intemporels. (ANA SILVA / PHOTO LOUISE STEFANII)
L’installation "Mombathisen" de l'artiste sud-africaine Buhlebezwe Siwani née en 1987 questionne les liens maternels et spirituels des femmes noires issues du continent africain et de la diaspora. En tant qu’artiste et isangoma (guérisseuse traditionnelle), Buhlebezwe Siwani montre un travail centré sur l’étude et l’interrogation des fondements du monde qui l’entoure, précise Africa Vivre. (BUHLEBEZWE SIWANI / PHOTO PIERRE ANTOINE)
Née au Malawi en 1973, Billie Zangewa travaille sur la représentation du corps noir. "On met surtout l’accent sur la douleur, les luttes, l’oppression et la pauvreté vécues par les Noirs, mais pas assez sur la sérénité, le bien-être et la joie de vivre, qui font aussi partie de ce récit noir", déclare-t-elle. (BILLIE ZANGEWA / PHOTO JURIE POTGIETER)
Portia Zvavahera est née au Zimbabwe en 1985. Elle crée ses œuvres à partir de ses rêves. La toile "Kubuda mudumbu Rinerima" ("Rebirth from the Dark Womb") a été réalisée suite à un cauchemar dans lequel l’artiste a vu sa fille morte. "Cette représentation, dont la figure centrale est entourée d’une aura de lignes rayonnantes suggérant la présence d’un voile protecteur, font référence au récit de l’Evangile selon saint Marc dans lequel Jésus ressuscite un enfant d’entre les morts", explique Art au féminin. (PORTIA ZVAVAHERA, COURTESY STEVENSON, CAPE TOWN AND JOHANNESBURG / PHOTO MARIO TODESCHINI)
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