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L'exposition "Dicokam" présente à Paris le travail de huit jeunes artistes camerounais

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min

La 193 Gallery met à l'honneur la richesse et la diversité de la jeune scène camerounaise.

Jusqu’au 31 juillet 2022, la 193 Gallery à Paris propose avec l'exposition Dicokam de découvrir la nouvelle scène camerounaise à travers les œuvres de huit artistes contemporains, tous âgés d’une trentaine d’années.

"Tous élèves ou protégés de Barthélémy Toguo, Hervé Youmbi ou Jean David Nkot, ces huit artistes contemporains sont tous passés par Doual’art et/ou Bandjoun Station, institutions considérées comme un véritables pilier de l’art camerounais. Cette nouvelle génération sait se démarquer en interrogeant aussi bien les traditions du pays que les réalités urbaines. Par leur créativité, ces artistes réinterprètent les thématiques telles que celle du statut social, de la solitude, de l’environnement ou encore de la politique. Le fruit de leur travail traduit ainsi les nouvelles préoccupations auxquelles le Cameroun fait face", explique la commissaire Mary-Lou Ngwe-Secke.

Pour compléter cette exposition, deux ouvrages verront bientôt le jour : le premier volume sera consacré aux huit artistes de l’exposition et le second couvrira un spectre plus large dédié à la scène contemporaine camerounaise.

Le travail d’Aurélie Djiena se situe à la frontière de l’artisanat et de l’art contemporain. Tissage, peinture, photographie se répondent et se confondent dans un art cinétique dont le vivre ensemble est souvent la thématique principale.      (AURELIE DJIENA)
Les toiles figuratives peintes à l’acrylique par Sesse Elangwe racontent l’environnement culturel et socio-politique de la communauté noire. Des visages hyperréalistes en côtoient d’autres avec des yeux démesurés symbolisant pour l’artiste "ceux qui ont acquis des connaissances et cherchent à éclairer les autres dans le processus de conversation". A travers son art, il cherche à encourager "les échanges autour de différentes problématiques (…) comme la mauvaise gouvernance, la corruption, le développement ou encore l’émancipation culturelle. Il espère que les conversations initiées par ses œuvres seront à l’origine d’idées susceptibles de mettre fin à l’immigration, aux guerres et aux crises dans sa société", précise le magazine africain "Ocean's News".    (SESSE ELANGWE)
Entre rêve et imaginaire fantastique, l’art d’Arnold Fokam, qui s’articule principalement autour de l’eau et du corps féminin, offre une dimension spirituelle, culturelle et écologique. "Mon travail (…) veut créer une parfaite symbiose entre l'être humain et l'univers aquatique. L'état critique de l'anthropocène met à suffisance la nécessité que les Hommes ont à prendre soin de la Terre, la Planète bleue gorgée d'eau, par ailleurs le seul objet céleste connu pour abriter la vie. C'est de la protection et la célébration de la vie dont il est question" dans mes œuvres, déclare l’artiste sur le site Cameroun-Plus.        (AGNE FOKAM)
L’artiste pluridisciplinaire et autodidacte Beya Gille Gacha veut à travers ses sculptures et ses installations délivrer un message, provoquer une prise de conscience et réveiller les esprits. Elle explique sur le site Little Africa pourquoi elle utilise dans la plupart de ses œuvres des perles bleues : "J’ai grandi entourée d’œuvres perlées bamiléké, ethnie dont je suis héritière par ma mère. Je fais donc de la perle une histoire d’héritage." Auparavant, la perle, un matériau rare et cher, était utilisée par les familles royales et les nantis qui en paraient leur mobilier et leurs accessoires. "Comme il me plaît de dévoyer les codes, j’ai décidé d’utiliser la perle afin de mettre en valeur la richesse de l’être vivant, de l’être humain, de parler de richesse immatérielle (et) mettre en avant que la vie d’un être à une valeur qu’il nous est interdit de négliger. (…) L’utilisation du bleu suit la même logique. J’ai pris la connotation du bleu au sens de la noblesse : le tissu royal bamiléké (ndop) étant bleu et l’image française du sang bleu qui est noble. Mais ici, il s’agit de valoriser la noblesse d’âme, et rappeler que toutes les âmes sont égales."      (BEYA GILLE GACHA (PHOTO BY SEKA))
Peintures, dessins, collages, les œuvres de Leuna Noumbimboo explorent la beauté et l'harmonie entre la nature et l’humain.      (LEUNA NOUMBIMBOO)
Le travail de Marcel Tchopwe s’articule en grande partie autour de la condition des enfants dans un monde en mutation. L’artiste, fils de soldat, éduqué dans la rigueur, interroge l’influence des adultes mais aussi celle des médias sur l'émancipation des enfants. Ses peintures dépeignent des enfants étouffés par le monde extérieur et les désirs des adultes, des enfants silencieux, timides, confrontés aux valeurs imposées par la société. Dans ses dernières œuvres, il aborde les conditions difficiles que rencontre la jeunesse face au marché du travail.        (MARCEL TCHOPWE)
Elevée dans des orphelinats puis par des familles d’adoption, Grâce Dorothée Tong propose un travail introspectif sur son enfance et s’interroge sur la construction d’une idée qui s’épanouit dans la multiplicité des liens interpersonnels. "Titulaire d’une licence en arts plastiques et histoire de l’art de l’Institut des Beaux-Arts de Nkongssamba, elle ambitionne d’apposer une marque indélébile dans le monde artistique tout en repoussant les limites de l’académisme tel qu’il peut être définit au Cameroun", précise le site Exploring Visual Cultures.    (GRACE DOROTHEE TONG)
Alida Ymelé questionne à travers son travail les injustices permanentes dont sont victimes les femmes de ménage. Elle veut réhumaniser ces femmes invisibilisées par la société. Leur donnant force et puissance comme à des héroïnes, elle veut rendre justice à celles qui se retrouvent souvent dans des situations proches de l’esclavage et sensibiliser les spectateurs à leur importance dans la société. "Les rayures, tantôt en fond de toiles, tantôt sur les visages, jouent un rôle très important. Ces lignes sont issues des sacs que l'on appelle ‘’Ghana must go’’ et qui rappellent l'histoire difficile de la fuite de deux millions d’immigrés illégaux ghanéens, chassés du Nigeria au début des années 1980. Tel un labyrinthe, la complexité du tissage de ce sac représente les difficultés rencontrées par ces femmes téméraires, ainsi que les histoires individuelles qui s’entremêlent pour constituer une véritable mémoire collective", déclare-t-elle sur le site Art-Kelen.    (ALIDA YMELE)

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