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Festival de Cannes 2021 : étapes africaines sur la Croisette

Plusieurs lieux sont devenus des points de rencontre pour les professionnels du cinéma africain sur la Croisette.

Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
La productrice Samantha Biffot et le cinéaste Amédée Pacôme Nkoulou au Pavillon Les Cinémas du monde à Cannes, le 12 juillet 2021. Le projet de film du duo gabonais "Les Fresques des oubliés" a été séléctionné en 2021 par la Fabrique cinéma de l'Institut français.  (FG/FRANCEINFO)

Où se cachent les promoteurs du septième art africain qui se rendent au Festival de Cannes ? Cette année, comme les précédentes, il n'est pas difficile de les retrouver. Première étape, un lieu de rencontre historique dans le village international du marché du film de Cannes : le Pavillon Les Cinémas du monde porté par l’Institut français et ses partenaires France Médias Monde, la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de Musique (Sacem) et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Des structures qui regardent souvent du côté du continent africain. Leur pavillon, que certains Africains avaient rebaptisé entre eux, dit-on, "Le pavillon des Africains", s'est installé en 2009. Il est devenu depuis la plus vieille adresse que les acteurs de l'industrie du cinéma africain connaissent.

Depuis 2012, ce pavillon accueille La Fabrique Cinéma de l'Institut français, une initiative qui vise à promouvoir les cinématographies des pays du Sud et émergents. Son cru 2021 compte un projet gabonais, Les Fresques des oubliés, présenté par le cinéaste Amédée Pacôme Nkoulou et la productrice Samantha Biffot. Pour le duo, le Pavillon est un refuge dans le tumulte cannois. "C’est un repère pour nous parce que Cannes, c’est grand et vaste. On peut venir s’y ressourcer entre les projections et nos rendez-vous. Cet espace nous permet de travailler dans des conditions optimales", confie à franceinfo Afrique Amédée Pacôme Nkoulou. Outre les séances de formation proposées aux invités de La Fabrique, cet espace "nous permet de rencontrer les différents interlocuteurs du cinéma que nous avons demandé à voir, entre autres des producteurs et des distributeurs. Nous sommes tranquillement installés pour faire tous nos rendez-vous, y compris informels", renchérit sa compatriote Samantha Biffot.

"C'est l’Afrique au cœur des cinémas du monde", résume Gabrielle Béroff-Gallard, cheffe de projet La Fabrique Cinéma, en évoquant ce que ce lieu représente pour les professionnels africains. "Le Pavillon, poursuit-elle, est un point de rencontres pour eux, mais aussi pour l’Amérique du Sud, l’Asie, le Proche et le Moyen-Orient, l’Europe de l’Est. C’est vraiment un mélange entre toutes ces cultures et tous ces cinémas". C'est d'ailleurs dans ce pavillon qu'a été lancée le 9 juillet 2021 Ouicoprod, à l'initiative de l'OIF, "pour faciliter les partenariats de coproduction" dont Amédée Pacôme Nkoulou et Samantha Biffot pourront bénéficier. "Ce sera un site de référence pour les coproducteurs internationaux. C’est très intelligent et c’est un plus pour permettre aux films de se faire", estime cette dernière qui note qu'une telle plateforme n'existe pas sur le continent africain.  

Pour favoriser les échanges au service du développement de l'industrie cinématographique, deux autres pavillons dédiés à l'Afrique ont pris leurs quartiers sur la Croisette en 2019 : le Pavillon Afriques promu par Karine Barclais et le Pavillon africain porté par Aminata Diop Johnson. Le premier a mis en place une programmation virtuelle pour la 74e édition du Festival de Cannes, le second a opté pour une présence physique. "C'est un pavillon financé par les Africains et qui accueille et accompagne les professionnels du continent", souligne Aminata Diop Johnson. Le pavillon "est parrainé" par le président en exercice de l'Union africaine, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi et "est soutenu" par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest.

"Un espace dans lequel nous nous reconnaissons"

"Avant qu’il n’y ait de pavillon dédié à l’Afrique, nous étions aux Cinémas du monde", affirme Stéphanie Dongmo, présidente du cinéma numérique ambulant au Cameroun et chargée de relations presse du Pavillon africain. "Ce sont des espaces que nous squattions un peu parce qu’ils sont ouverts, peut-être trop ouverts pour nous parce qu’il y a d’autres cinémas. C’était donc important qu’il y ait un autre espace dans lequel nous nous reconnaissons avec des activités pour celles et ceux qui s’intéressent aux cinémas d’Afrique. En outre, les autres professionnels, qui ne sont pas Africains, mais qui ont un intérêt pour nos cinématographies savent que s’ils viennent ici, ils peuvent avoir des contacts que nous établirons. Ce qui peut conduire à des coproductions et à des collaborations". Accompagner, notamment les jeunes talents, c’est l’une des vocations du Pavillon avec son programme Talentueuses caméras d’Afrique. "En 2019 comme en 2021, de jeunes réalisateurs et réalisatrices de courts métrages, notamment, ont été invités à Cannes. Nous avons mis un accent particulier sur les femmes dont les œuvres sont le plus souvent invisibilisées. Cette année, tous ces jeunes cinéastes ont pu participer au Short film Corner (espace du marché du film dédié aux courts métrages durant le Festival de Cannes). Six films ont été ainsi projetés". 

D’autres jeunes talents veulent mettre à profit l’opportunité que représente ce Pavillon africain. C’est le cas du comédien français d'origine malienne,Youssouf Ba. "Je suis acteur depuis 2017 et je joue dans une série gabonaise tournée à Paris, Iboga Green. Cette édition post-Covid est mon premier véritable Festival de Cannes. J’ai des amis, acteurs et réalisateurs, et nous nous retrouvons ici. C’est comme ça que l’on se passe les informations. Nous rencontrons les gens et nous faisons du networking."

Le Pavillon africain est aussi "un lieu où les professionnels du cinéma africain peuvent organiser des événements s’ils le souhaitent", précise Stephanie Dongmo. "Nous avons ainsi accueilli la séance de pitch des producteurs du programme Deental ("dispositif permettant d'accorder des bonus financiers aux projets en provenance des pays Afrique, Caraïbes, Pacifique bénéficiaires de l’Aide aux cinémas du monde et/ou du Fonds pour la jeune création francophone") lancé par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC français) avec l’Union européenne et l'organisation des états ACP (...). N’importe quel porteur de projet en lien avec l’Afrique ou ses diosporas est le bienvenu au Pavillon". Ce dernier a ainsi organisé le 14 juillet 2021 une soirée en l’honneur du film de la Haïtienne Gessica Généus, Freda. Une coproduction entre la France, Haïti et le Bénin.

A Cannes, une place a été également faite aux professionnels du cinéma africain dans la programmation du CNC. Cette structure, qui fait de la France un champion mondial de la coproduction, a notamment accueilli sur son stand le 12 juillet 2021 la conférence de presse du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) à laquelle a assisté la ministre de la Culture du Burkina Faso, Elise Foniyama Thiombiano Ilboudo, et le délégué général du Fespaco, Alex Moussa Sawadogo. L'événement se tiendra en octobre prochain.

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