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Couvre-feu en Egypte, l'armée appelée en renfort

Le pari d'Hosni Moubarak de tuer dans l'oeuf aujourd'hui les manifestations en coupant internet et une bonne partie des téléphones mobiles semble bel et bien raté. Les manifestations ont pris une ampleur sans précédent depuis ce matin dans plusieurs villes égyptiennes. On parle de 870 blessés rien qu'au Caire et d'au moins un mort à Suez. Plusieurs bâtiments publics sont en feu. La TV nationale aurait été prise d'assaut. L'armée a été déployée au Caire et à Suez. Et un couvre-feu a été décrété jusqu'à ce samedi 7h00 heure locale dans toutes les agglomérations égyptiennes.
Article rédigé par franceinfo
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Les rues du Caire sont le théâtre de véritables scènes de guerre civile, depuis que les manifestants ont commencé à déferler ce matin, après la grande prière du vendredi. Deux commissariats de police ont été incendiés, et le siège du parti au pouvoir est ce soir en flamme, menaçant le Musée national adjacent. Des coups de feu ont en outre été entendus. La télévision d'État a été prise d'assaut. DE source médicale, 870 personnes auraient été blessées.
_ À Alexandrie, c'est le gouvernorat qui a brûlé. Et à Suez, un poste et plusieurs voitures de police. Dans cette ville, au moins un manifestant, un chauffeur de 30 ans, a été tué lors d'une tentative de dispersion par la police. Selon les témoins, il serait mort d'une balle dans la tête. Au Caire, le siège du parti gouvernemental a été incendié, ainsi que des véhicules de police. Les pompiers étaient invisibles en ville aujourd'hui, jusqu'à ce que quelques pompiers militaires interviennent sur les incendies.

Pris à la gorge, le pouvoir a décidé manifestement de reprendre la main. En décrétant ce soir un couvre-feu jusqu'à demain 7h00, dans les trois villes du Caire, de Suez et d'Alexandrie, puis en l'étendant à toutes les agglomérations du pays. Et des unités militaires égyptiennes ont été déployées dans les rues de la capitale et celles de Suez.

La télévision d'État annonce en effet que le président Hosni Moubarak a demandé à l'armée d'assurer la sécurité avec la police, "étant donné, complète la TV officielle, ce qui s'est passé en province, les émeutes, le
désordre, les pillages, les destructions, les agressions et les
incendies de biens publics et privés, notamment de banques et
d'hôtels". L'immeuble de la télévision nationale est ce soir protégé par un char.

La première réaction devant l'aggravation de la situation en Égypte provient des États-Unis, qui parlent d'évènements "profondément inquiétants" dans un message posté sur Twitter par Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine. La chancelière allemande Angela Merkel elle appelle Moubarak à autoriser les "manifestations pacifiques". La France enfin appelle ses ressortissants à "limiter" leurs déplacements à "ceux qui sont strictement nécessaires".

Le président égyptien devrait, selon CNN, s'exprimer prochainement. Un chef d'État muet depuis le début de ce mouvement de contestation.

Cécile Quéguiner, avec agences

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