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Tidjane Thiam, un Franco-Ivoirien à la tête du Crédit Suisse

Que peuvent avoir en commun la Côte d’Ivoire et la Suisse à part le chocolat ? Tidjane Thiam. Il devient le nouveau patron du Crédit Suisse. Parcours.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
10 mars 2015. Tidjane Thiam pose pour les photographes après la conférence de presse  annonçant sa nomination à la présidence du Crédit Suisse. (MICHAEL BUHOLZER / AFP)

Un assureur franco-ivoirien débarque à la tête d’un établissement financier helvète. Tidjane Thiam a été nommé le 10 mars 2015 directeur général du Crédit Suisse. Le successeur de l’Américain Brady Dougan prendra ses fonctions en juin. Il compte «continuer» à mettre en œuvre une stratégie «dont beaucoup d'orientations actuelles sont les bonnes», expliquait-il au micro de la Radio télévision suisse. L'un des défis qu'il compte relever est lié à la communication et à l'image du groupe. 

Il est le deuxième Noir à diriger une grande banque internationale après l’Américain Stanley O’Neal, patron de Merrill Lynch de 2002 à 2007, souligne le Temps. Le quinquagénaire s’était déjà fait remarquer en devenant le PDG de l’assureur britannique Prudential en 2009 et ainsi le premier Noir à diriger une entreprise du FTSE (le CAC 40 anglais).

Tidjane Thiam a l’habitude d’être un pionnier. Après avoir décroché le premier prix au concours de mathématiques en 1980, il est à l’âge de 22 ans le premier Ivoirien diplômé de Polytechnique. Il sortira aussi major de l’Ecole des mines en 1986. Il complète sa formation avec un MBA de l’Institut européen d'administration des affaires (Insead) qui a d’ailleurs salué sur son site la nomination de son ancien élève.

Le nouveau patron du Crédit Suisse est né le 29 juillet 1962 à Abidjan. Amadou Thiam, son père, est un journaliste sénégalais qui deviendra ministre du premier président ivoirien, Felix Houphouët Boigny. Mariétou Thiam, sa mère, n’est autre que la nièce du père de l’indépendance ivoirienne. Cette filiation explique peut-être certains de ses choix. 

Ignoré par les Français, adoubé par les Britanniques
Après ses études supérieures, Tidjane Thiam est repéré par le cabinet américain McKinsey qui le recrute à 24 ans. Le consultant prendra une année sabbatique en 1989 pour intégrer le programme annuel de recrutement des cadres juniors de la Banque mondiale. 

En 1994, le président Henri Konan Bédié l’invite à rejoindre son pays natal. Il prend alors la direction du Bureau national d’études techniques et de développement (Bnetd), en charge du développement des infrastructures, avant d’en devenir le président puis le ministre de la Planification en 1998. Un an après, il est aux Etats-Unis quand le général Robert Gueï prend le pouvoir en Côte d'Ivoire. Tidjane Thiam, qui ne veut pas être un «fugitif», rentre au pays. Mais il finira par quitter la Terre d’Eburnie pour l’Hexagone où il retrouve le cabinet McKinsey. Il y est promu associé. Et la politique est définitivement derrière lui: «J'(en) ai été guéri par les militaires», dira-t-il.  

Sa formation française et son parcours ne semblent n’avoir jamais impressionné son deuxième pays. «Je n’ai jamais reçu d’offre d’emploi d’une entreprise française», confie-t-il dans un entretien à Radio Classique alors qu’il vient de recevoir le Grand prix de l’économie 2013 Les Echos/Radio Classique. «La plus belle opportunité que j’ai eue dans ma carrière est venue d’Angleterre bizarrement.»

Elle émane de la compagnie d’assurance Aviva où il est nommé directeur de la stratégie, avant d’en devenir le monsieur Europe. Il rejoint Prudential en 2008 au poste de directeur financier, puis accède à la présidence. 2010, l'année suivant sa promotion, sera difficile pour lui. Sa proposition d’acheter la filiale asiatique du géant américain de l’assurance AIG n’est pas validée par l’actionnariat. Cinq ans après, il quitte son siège de président en laissant derrière lui une entreprise florissante. Selon le Temps, le bénéfice opérationnel du groupe Prudential  a augmenté de 14% en 2014. Au Crédit Suisse, la deuxième banque de la Confédération hélvétique, on n'en attend pas moins de Tidjane Thiam. 

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