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L'économie ivoirienne à l'épreuve du terrorisme

Qui était visé par les terroristes le 13 mars 2016 sur la plage de Grand-Bassam? Les expatriés ou les Ivoiriens? Les deux. En misant sur la défection des Européens à investir dans l'économie du pays, les terroristes espèrent l'écroulement de l'économie ivoirienne et l'appauvrissement de la Côte d'Ivoire.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La presse ivoirienne après le raid terroriste de Grand-Bassam le 13 mars 2016. (Sia-Kambou/AFP)

Depuis 2012 et la fin de la crise post-électorale, l’économie ivoirienne a battu record sur record. Ainsi le PIB par habitant a augmenté de 35% entre 2011 et 2015, pour atteindre 1460 dollars par tête. Depuis 2013, la croissance tourne autour des 8% annuels. La Côte d’Ivoire est ainsi rentrée dans le top dix des pays africains.
 
Globalement, analyse la Coface, la croissance est portée par le dynamisme de l’agriculture et des services, et également par une politique de grands travaux. En janvier 2015, la Coface dressait un tableau flatteur de l’économie ivoirienne. «En 2016, la poursuite des grands travaux publics (barrage de Soubré, modernisation des aéroports, extension du port d’Abidjan, …), dans le cadre du deuxième Plan national de développement, le renforcement de la stabilité politique, l’amélioration du climat des affaires et la mise en œuvre d’une stratégie de développement des PME/PMI devraient soutenir l’activité…»
 
Mais son atout est aussi son point faible. Le cacao, première culture d’exportation, est tributaire des conditions de production. Et les revenus qui en découlent dépendent des cours mondiaux. Or le cacao représente 30% des recettes d’exploitation. Dans La Croix, précise l’économiste Hélène Ehrart  Le pays est le premier producteur mondial de fèves, une culture qui emploie 700 000 planteurs et fait vivre 5 millions de personnes»

Quel danger pour l’économie ?
Vincent Giret, dans sa chronique du 15 mars 2016 à France Info, explique Il y a 15.000 Français en Côte d’Ivoire, nombre d’entreprises étrangères ont envoyé des cadres, et on peut penser légitimement que les entreprises vont désormais y réfléchir à deux fois.»
 
Nous avons joint Gilles Cardona, président de la section de Côte d’Ivoire du CCEF (Comité des conseillers du commerce extérieur français). Il partage l’idée que la présence économique française était visée. Mais pour lui, qui vit ici depuis de nombreuses années, c’est aussi un certain art de vivre ivoirien qui a été attaqué, aux antipodes des idées des terroristes. Mais, dit Gilles Cardona, «on va refuser de se faire manipuler».
 
Quand on lui parle de l’économie ivoirienne, des menaces que font peser sur elle les terroristes, il répond qu’il ne faut pas «se recroqueviller» D’ailleurs, précise-t-il, on ne sent pas de panique dans la capitale Abidjan. La société ivoirienne est solidaire, quelque soit la religion (et visiblement le camp politique). Pour Gilles Cardona, il y a dans le pays une volonté de résister.

Le départ des investisseurs étrangers conduirait inévitablement à un ralentissement de l’économie. le fil conducteur des terroristes d’AQMI serait de plonger le pays dans la misère et de miser sur un soulèvement populaire pour prendre le pouvoir. Jean-Louis Daudier analyste à la Coface, l’assureur des exportateurs, «n’est pas trop pessimiste». L’économie de la Côte d’ivoire est suffisamment dynamique pour résister. Certes, précise-t-il «cela peut freiner certains investisseurs, mais pas longuement». La stabilité politique retrouvée est aussi une garantie.

Une stratégie de la peur inefficace disent les acteurs… pour l’instant, à condition que les attaques ne se reproduisent pas.

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