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La rébellion centrafricaine du Séléka

Après s'être emparée en deux semaines de plusieurs villes stratégiques du pays, la rébellion, arrivée aux portes de la capitale Bangui, menace directement le régime du président François Bozizé. La coalition du Séléka qui a pris les armes le 10 décembre 2012, réclame «le respect» d'accords de paix signés avec le gouvernement entre 2007 et 2011.
Article rédigé par Jean Serjanian
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Bangui: Affiche du président de la République centrafricaine et candidat à la présidentielle François Bozizé lors des élections de janvier 2011. (AFP PHOTO / Bêafrîka Sango)

Les insurgés se sont rapidement emparés des principales villes du pays, notamment Bria (ville diamantifère), Bambari (ville aurifère) et Kaga Bandoro. Face aux combattants de la rébellion, les Forces armées centrafricaines (FACA), sous-équipées, démotivées et mal organisées, n’ont opposé que peu de résistance.

Alliance de plusieurs factions rebelles (CPSK-CPJP-UFDR), le Séléka demande au pouvoir de déposer les armes et menace de renverser François Bozizé, exigeant «le respect» des différents accords, prévoyant notamment des programmes de désarmement et de réinsertion des combattants. Mais un de ses membres a récemment souligné que «rien n'a été fait pour (les) sortir de la misère».

Pays très pauvre et enclavé, comptant cinq millions d'habitants, le Centrafrique était engagé depuis 2007 dans un processus de paix. Il avait connu auparavant des années d'instabilité et de multiples rébellions qui avaient ravagé son tissu économique, l'empêchant de tirer profit de ses énormes richesses potentielles, minières et agricoles.

Localisation des villes aux mains de la rébellion Séléka en Centrafrique (AFP)


La nouvelle rébellion
La coalition Séléka a été créée en août 2012 par une aile dissidente de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), auteur de plusieurs attaques au nord de Bangui depuis septembre, et la Convention patriotique pour le salut wa kodro (CPSK) du «général» Dhaffane Mohamed Moussa, et, rapidement rejoint par l'aile dissidente de l'UFDR de Michel Djotodia.

Pour l'universitaire Isidore Mbamo, «il faut voir dans les attaques rebelles de ces jours-ci des velléités de révolte d'une bonne partie de la population, même si cela ne se dit pas encore de façon unanime. C'est en réalité une insurrection qui prend forme progressivement et qui est loin de s'arrêter.»

Le pouvoir
L’actuel chef de l’Etat, le général François Bozizé, a pris le pouvoir à la suite d'un coup d’Etat en 2003 qui a chassé Ange-Félix Patassé, arrivé à la présidence dix ans plus tôt au terme d'un processus électoral pluraliste. Bozizé a été élu président en 2005, puis réélu en janvier 2011.


Se présentant comme un «rassembleur», François Bozizé affirmait en 2011 que le pays s'était pacifié sous sa présidence et qu'il pouvait désormais le «relancer»  grâce aux richesses du sous-sol encore inexploitées : uranium, or, pétrole, et bien sûr les diamants de Bria.

La paix, «Boz» a pourtant tenté de l'obtenir, avec le «Dialogue politique inclusif» en 2008 qui a permis de réunir à une table de négociations pouvoir, société civile, opposition et rébellion. Il a également signé différents accords de paix avec les rébellions entre 2007 et 2011. En 2012, même la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), la dernière grande rébellion active, a finalement déposé les armes.

Mais Il aura suffi de quelques mois pour que les factions dissidentes, déçues de ces accords non-respectés que l'Etat n'avait pas les moyens de financer, forment la coalition du Séléka qui, aujourd'hui, menace le président. Dans son message de voeux du Nouvel an diffusé à la télévision nationale, ce dernier a renouvelé son offre de dialogue avec la rébellion.

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