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Centrafrique : le Conseil de sécurité de l'ONU autorise la France à intervenir militairement

La résolution a été adoptée à l'unanimité des quinze membres du Conseil de sécurité, présidé par Paris.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un soldat français participe à une mission de sécurisation à l'aéroport de Bangui, en Centrafrique, le 1er décembre 2013. (SIA KAMBOU / AFP)

Le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé les forces françaises, jeudi 5 décembre, à intervenir militairement en Centrafrique, où de violents combats opposent les anciens rebelles de la Séléka, au pouvoir depuis mars, et des partisans du président déchu François Bozizé. La résolution a été adoptée à l'unanimité des quinze membres du Conseil de sécurité, présidé par Paris.

Ce que prévoit la résolution de l'ONU

Une intervention armée. Ce texte "autorise le déploiement" de la force africaine présente en Centrafrique (la Misca) pour "protéger les civils et rétablir l'ordre et la sécurité (...), stabiliser le pays (...) et créer les conditions propices à la fourniture d'aide humanitaire..."

Mais surtout, la résolution "autorise les forces françaises, dans la limite de leurs capacités et de leurs zones de déploiement, et de manière temporaire, à prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca dans l'accomplissement de son mandat". Elle demande à Bangui et aux pays voisins de soutenir leur action.

Une transition politique. Le texte "réclame l'application rapide des accords de transition (...) qui devront mener à la tenue d'élections présidentielle et législatives libres, équitables et transparentes". Elles doivent normalement se tenir avant février 2015.

Un embargo sur les armes. La résolution impose un embargo sur les armes et équipements militaires "pour une période initiale d'un an". Le matériel destiné à la Misca ou aux forces françaises n'est pas concerné.

Des sanctions ciblées. Des "sanctions ciblées" (gel des avoirs, interdictions de voyage…) sont envisagées contre les individus qui violent les droits de l'homme ou l'embargo sur les armes, qui bloquent la transition politique dans le pays, ou qui exploitent illégalement des ressources naturelles, comme les diamants.

Quel sera le rôle de l'armée française ?

Comme l'a expliqué il y a quelques jours le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, l'intervention française en Centrafrique "n'a rien à voir avec le Mali". Au Mali, il s'agissait en effet de repousser l'avancée des islamistes, qui menaçaient l'intégrité du pays. En Centrafrique, "c'est l'effondrement d'un Etat et une tendance à l'affrontement confessionnel", a-t-il affirmé. Il s'agira donc, avant tout, de protéger les civils et de rétablir l'ordre, sans prendre parti pour un camp ou pour un autre.

Le contingent français va devoir épauler la Misca. Cette dernière, qui doit compter jusqu'à 3 600 hommes, n'en rassemble pour l'instant que 2 500, mal équipés et mal entraînés. Quelque 600 soldats français sont déjà sur place. Après le vote, leur nombre atteindra 1 200 en quelques jours. "Dès que le président de la République aura donné le top, les choses vont aller très vite", selon Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères.

Les forces françaises auront notamment pour tâche de sécuriser l'aéroport de Bangui et les principaux axes par où transiteront les convois humanitaires. Cet objectif pourrait être atteint en quelques jours. En revanche, rétablir la sécurité dans tout le pays et permettre une transition politique va s'avérer plus compliqué : "S'atteler aux vrais problèmes politiques qui minent la Centrafrique depuis très longtemps ne se fait pas en six mois", explique à francetv info Roland Marchal, spécialiste de la République centrafricaine au Ceri-Sciences Po.

Pourquoi la France est-elle en première ligne ?

Ancienne puissance coloniale en Centrafrique, la France se retrouve logiquement aux avant-postes pour le règlement de cette crise.

François Hollande, comme son prédécesseur Nicolas Sarkozy, avait pourtant annoncé au début de son mandat vouloir mettre fin à la "Françafrique", ces relations d'influence qui ont longtemps cantonné les pays africains au rang de vassaux de Paris.

Mais la France est "poussée à intervenir" par "une certaine vision de ses responsabilités et de son engagement moral à protéger les civils", explique à l'AFP Aline Lebœuf, de l'Institut français des relations internationales (Ifri).

La France n'est plus le gendarme de l'Afrique qu'elle a été jusque dans les années 1990. Le temps des interventions militaires unilatérales pour faire ou défaire des régimes africains semble révolu. Depuis les années 2000, la France agit dans un cadre multilatéral, aux côtés de forces africaines ou onusiennes, pour rétablir la paix.

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