Centrafrique : Catherine Samba-Panza, maire de Bangui, élue présidente de transition
Elle remplace l'ex-président Michel Djotodia, lié aux ex-rebelles de la Séléka, contraint à la démission début janvier.
Une femme prend la tête de la Centrafrique. Catherine Samba-Panza, la maire de Bangui, a été élue présidente de transition du pays, par le Parlement réuni en séance publique, lundi 20 janvier. A 59 ans, elle remplace l'ancien président Michel Djotodia, lié à la rébellion Séléka et poussé à la démission en raison de son incapacité à mettre fin aux tueries interreligieuses qui secouent le pays.
Catherine Samba-Panza a emporté le second tour qui l'opposait à Désiré Kolingba, fils d'un ancien chef de l'Etat, en recueillant 75 voix contre 53, selon les résultats lus dans la salle. L'annonce de sa victoire a été suivie d'applaudissements de la part de l'assistance qui a entonné l'hymne national centrafricain.
Sa mission : ramener la paix en urgence
A la tribune, la présidente par intérim a déclaré que "la priorité des priorités [était] de faire cesser la souffrance des populations, restaurer la sécurité et l'autorité de l'Etat sur tout le territoire". Elle dispose pour cela de peu de temps : selon le calendrier de la transition, des élections générales doivent être organisées au plus tard au premier semestre 2015, la France souhaitant pour sa part qu'elles se tiennent en 2014. Outre la pacification, la nouvelle présidente doit également remettre une administration totalement paralysée en état de marche et permettre aux centaines de milliers de déplacés de rentrer chez eux pour régler une crise humanitaire qui affecte la moitié des quelque 4,6 millions de Centrafricains.
A Bruxelles, l'UE et l'ONU se sont accordés lundi sur l'envoi de troupes supplémentaires et sur le déblocage de près de 500 millions de dollars pour la Centrafrique en 2014. Mais pour la nouvelle élue, la tâche "ne sera pas une partie de plaisir", avait déclaré à l'ouverture de la séance parlementaire la présidente en exercice du CNT, Léa Kouyassoum Doumta.
Son profil : une femme d'affaires vue comme indépendante
Chef d’entreprise, Catherine Samba-Panza a étudié le droit en France (deux de ses trois enfants y vivent encore), avant d'ouvrir une société de courtage en assurance en Centrafrique, rapportait La Croix en juillet : "Le petit monde des affaires la juge 'compétente', l’espère 'incorruptible'", écrivait le quotidien. Avant de s'engager en politique, c'est auprès des agences de développement et des organisations des droits de l’homme qu'elle laisse un "bon souvenir", s'investissant notamment "en faveur de l’égalité des citoyens et de la promotion des femmes." Elle est d'ailleurs bien accueillie lors de sa nomination comme maire de Bangui au printemps 2013.
Surtout, elle "n’appartient ni à l’ancienne rébellion Séléka, ni aux hommes politiques qui sautent de ministère en ministère au gré des coups d’Etat", indiquait alors le quotidien. Un atout alors qu'il s'agit de tenter la médiation entre ces deux camps. "A compter de ce jour, je suis la présidente de tous les Centrafricains sans exclusive", a-t-elle assuré dès son élection.
Sa méthode : une adepte du dialogue
Elue lundi présidente de transition, cette nièce de diplomate s'est présenté devant les parlementaires comme une mère. Elle a lancé dès son élection un "appel vibrant" à ses "enfants anti-balaka", miliciens chrétiens ainsi qu'aux combattants musulmans, ses "enfants ex-Séléka" à déposer les armes. "Manifestez votre adhésion à ma nomination en donnant un signal fort de dépôt des armes", a-t-elle dit à l'attention des miliciens chrétiens, avant de s'adresser aux ex-Séléka : "déposez vos armes", pour faire "cesser la souffrance des populations" après des mois de sanglantes violences interreligieuses.
Il existe un "moyen de rétablir le dialogue" entre ces communautés, avait-elle déclaré le 7 décembre 2013, lors d'un déplacement en France, à Tourcoing (Nord), suivi par nos confrères de France 3 Nord-Pas-de-Calais. "Il y a une fracture communautaire, sociale, et religieuse qui est en train de s'installer", commentait-elle, se disant favorable à l'intervention française en Centrafrique.
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