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Assassinats, exode, peur d’un génocide : le Burundi au bord de l’explosion

La population commence à quitter la capitale. L’assassinat de neuf personnes dans un bar dans un quartier de Bujumbura, réputé proche de l’opposition, fait craindre aux adversaires du président Nkurunziza une purge programmée. Le président rwandais lance une charge virulente contre son homologue.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Policiers bouclant un quartier nord de Bujumbura (CARL DE SOUZA / AFP)

Les promesses de paix du camp présidentiel n’y font rien, la population est saisie d’effroi. Les quartiers nord, réputés fiefs de l’opposition se vident. La police fouille des maisons abandonnées à la hâte après l’assassinat de neuf personnes dans un bar du quartier de Kanyosha. «Ils leur ont tiré dessus froidement, c'était vraiment une exécution et ils ont fait sept morts et deux blessés», se désole le maire de Bujumbura, Freddy Mbonimpa. Pour les témoins du drame, il ne fait aucun doute : les assaillants étaient des policiers en uniforme et des Imbonerakure (ligue des jeunes du parti au pouvoir). Cette attaque est intervenue quelques heures avant l'expiration de l'ultimatum  (samedi soir) lancé par le président burundais Pierre Nkurunziza à ses opposants pour qu'ils  déposent les armes.
 
Risque d’un génocide ethnique
Plus tôt dans la journée du samedi 7 octobre 2015, la présidence a tenté de rassurer la communauté internationale qui redoute des violences ethniques à grande échelle. «Il n'y aura pas de guerre ni de génocide. On  ne permettra pas que ce pays retombe dans ses vieux démons», promet Willy Nyamitwe, conseiller principal présidentiel en communication. Prise de panique, la population des quartiers nord a fui la capitale par peur de représailles. Le pouvoir en place donne des signes contradictoires. Fermeté vis-à-vis des opposants et impunité pour les auteurs de crimes.

 
L’ONU inquiète de l'escalade de la violence contre les civils
Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, s'est déclaré vendredi profondément préoccupé par la récente escalade de la violence au Burundi, notamment marquée par des exécutions sommaires d'opposants dans la capitale du pays. «Encore aujourd'hui, le fils de l'éminent défenseur des droits humains burundais, Pierre-Claver Mbonimpa, a été tué après son arrestation par la police à Bujumbura», a déploré le chef de l'ONU. «La violence et ces tueries répétées doivent cesser», a-t-il ajouté.
 
Pour les Etats-Unis, la rhétorique utilisée par Bujumbura ressemble dangereusement à celle employée lors du génocide rwandais, «un langage de l’horreur que la région n’a plus connu depuis 20 ans».
 
Le Rwanda accuse le président burundais
Les relations entre le Burundi et le Rwanda n’ont jamais été aussi exécrables. Paul Kagame accuse son homologue de massacrer sa population. «Le président (Nkurunziza) s'enferme, personne ne sait où il se cache, personne ne peut le trouver pour lui parler. Comment peut-il prétendre diriger son pays? Des gens meurent tous les jours, les cadavres jonchent les rues... et après ils appellent ça des problèmes politique»... mais c'est quoi cette politique ?»
 
Le président Pierre Nkurunziza semble de plus en plus isolé sur le plan diplomatique. La communauté internationale craint de «nouvelles atrocités de masse». 

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