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Une opération de nuit à découvert : comment les commandos français ont libéré les otages au Burkina Faso

Deux Français, une Sud-Coréenne et une Américaine ont été libérés par les forces spéciales françaises dans le nord du Burkina Faso, dans la nuit de jeudi à vendredi. Deux militaires d'élite sont morts dans l'opération.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Les maîtres Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, membres du commando de marine Hubert.  (MARINE NATIONALE  / AFP)

A découvert, de nuit, les commandos français se sont glissés en silence jusqu'aux abris où les ravisseurs gardaient leurs otages, dans le nord du Burkina Faso. Avec beaucoup de détails et presque autant d'ellipses, le chef d'état-major français, le général François Lecointre, a relaté vendredi 10 mai l'opération "d'une très grande complexité" conduite par les forces spéciales françaises dans le nord du Burkina Faso pour récupérer les deux touristes enlevés le 1er mai au Bénin, Patrick Picque et Laurent Lassimouillas. Et, avec eux, une Coréenne et une Américaine, détenues selon lui "depuis 28 jours", et dont personne n'avait connaissance.

Une "discrète" opération de renseignements

Dès l'annonce de la disparition des deux Français dans le nord du Bénin, les forces spéciales de l'opération Barkhane déployées au Mali voisin ont recueilli des renseignements qui, lors d'une "opération discrète le 7 mai" – dont il n'a pas précisé la nature – leur ont permis d'établir "une traque très précise des ravisseurs sur un espace qui représente plus de la moitié de la France".

Mais il fallait attendre que les ravisseurs et leurs proies, qui se dirigeaient à travers le Burkina Faso vers la frontière malienne, fassent une halte pour pouvoir intervenir. C'est chose faite "dans l'après-midi" de jeudi. "Les ravisseurs ont fait une halte en territoire burkinabè" et c'était "sans doute la dernière opportunité qui se présentait de pouvoir monter une opération" avant le transfèrement des otages au Mali.

D'importants moyens prépositionnés

Une fois l'opération définie et précisée, elle est présentée et validée par le président de la République, puis ordre est donné de la lancer. Dès lors, d'importants moyens dont "un poste médical avancé et plusieurs hélicoptères en vue d'une évacuation de blessés, ainsi que des moyens logistiques pour permettre un ravitaillement des commandos sur des distances extrêmes" sont prépositionnés dans la zone d'intervention avec le soutien logistique des forces burkinabès.

Les commandos en place entament leur "infiltration jusqu'à arriver à proximité de l'objectif, quatre abris en zone découverte". La vingtaine d'hommes des Forces spéciales progressent comme des chats, "dans la nuit noire sur 200 mètres, dans un silence absolu malgré la présence d'une sentinelle".

Un "assaut sans ouvrir le feu"

Ce n'est qu'à une dizaine de mètres des abris que les commandos "entendent les ravisseurs armer leurs armes : ils décident alors de monter à l'assaut sans ouvrir le feu, pour ne pas provoquer de pertes chez les otages ou les familles des terroristes" éventuellement présentes, poursuit le général Lecointre. C'est alors qu'ils "rentrent dans deux de ces abris" que le maître Cédric de Pierrepont et le maître Alain Bertoncello, membres du prestigieux commando de marine Hubert, unité d'élite de la Marine française, "sont tués à très courte distance par deux des ravisseurs".

"Deux des ravisseurs qui tentaient de s'évader sont abattus immédiatement, les autres engagent le combat". Au total, quatre ravisseurs seront tués et deux ont pris la fuite, selon le général. Ce qui porte à six le nombre de ravisseurs chargés d'escorter les quatre otages. Car, surprise, dans ces abris dont l'armée française ignorait l'existence, elle découvre non pas deux mais quatre étrangers.

Un "appui" américain 

Le chef d'état-major a insisté sur l'"audace" de cette opération, qui a permis de saisir une "occasion qui se présentait maintenant, et ne se représenterait sans doute pas le lendemain" – quand le groupe aurait gagné le Mali. Les forces américaines ont apporté un soutien, essentiellement par un "appui au renseignement", mais "ne sont pas intervenues lors de l'opération de libération", a précisé la ministre des Armées Florence Parly qui se trouvait à ses côtés.

Le général Lecointre a cependant laissé un certain nombre de zones d'ombre, sans la moindre intention de les éclairer, à la fois sur les moyens logistiques engagés et sur la façon dont le commando infiltré avait pu se rapprocher de la zone d'intervention. Il a de même assuré ignorer où se trouvaient les otages libérés vendredi soir, rappelant qu'ils seront accueillis samedi par Emmanuel Macron. Mardi, un hommage national sera rendu aux Invalides aux deux soldats d'élite tués.

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