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Ce que l'on sait de la libération de deux otages français au Burkina Faso

Les forces spéciales françaises ont libéré au total quatre otages, mais deux militaires du commando Hubert de la Marine nationale ont été tués lors de l'assaut.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
L'entrée du parc de la Pendjari, au Bénin, le 8 mai 2019. (FRANCE 2)

Les forces spéciales françaises ont libéré quatre otages, dont les deux touristes français disparus depuis le 1er mai alors qu'ils étaient en vacances au Bénin, lors d'une intervention menée dans le nord du Burkina Faso. Au cours de cette opération "complexe", selon le communiqué de l'Elysée diffusé vendredi 10 mai, deux militaires français ont été tués. Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de cette intervention.

Qui sont les otages libérés ?

Les forces spéciales ont libéré quatre otages. Deux sont français : il s'agit de Patrick Picque et Laurent Lassimouillas. Ces deux enseignants avaient été enlevés il y a dix jours lors d'un séjour touristique dans le parc national de la Pendjari, dans le nord du Bénin.

C'est franceinfo qui a appris à Denise Picque que son fils avait été libéré. "Ils sont libérés ? Tous les deux ?" La nouvelle, dit-elle, lui a "fait un choc" et est un "soulagement" : "Je veux féliciter tout le monde du travail qu'ils ont fait. Merci beaucoup, merci beaucoup, vraiment !"

Les deux autres otages sont deux femmes, une Américaine et une Sud-Coréenne. Leur enlèvement, dont on ne connaît pas encore les circonstances exactes, a eu lieu il y a 28 jours, a appris franceinfo. L'identité des deux femmes n'était pas connue dans l'immédiat. Emmanuel Macron accueillera samedi à 17 heures les deux ex-otages français, ainsi que l'ex-otage sud-coréenne, à l'aéroport de Villacoublay, au sud de Paris, a annoncé l'Elysée.

Comment avaient-ils été enlevés ?

Les deux Français n'étaient jamais rentrés de leur expédition dans le parc national de la Pendjari. Partis le 1er mai au matin avec leur guide béninois, Fiacre Gbedji, ils étaient censés être de retour au plus tard à 19 heures. Le corps de Fiacre Gbedji avait finalement été retrouvé samedi dans le parc national de la Pendjari. Leur véhicule avait ensuite été découvert de l'autre côté de la frontière, au Burkina Faso.

La zone où avaient disparu les deux Français avait récemment été placée comme "formellement déconseillée" par le Quai d'Orsay, "compte tenu de la présence de groupes armés terroristes et du risque d'enlèvement". Ces derniers mois, le nord du Bénin est en effet devenu plus dangereux, dans une région où opèrent de nombreux groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique, comme le détaillait France 2 le 5 mai.

Comment s'est déroulée l'opération ?

Cette opération "complexe" des forces spéciales s'est déroulée dans le nord du Burkina Faso. Grâce à des renseignements glanés plusieurs jours auparavant, notamment via les forces américaines, les autorités françaises ont retrouvé la trace des ravisseurs qui semblaient prendre la route du Mali, selon le chef d'état-major des armées, le général François Lecointre. Jeudi, le groupe s'est arrêté dans un lieu propice à une intervention, la dernière possible avant que les ravisseurs ne pénètrent en territoire malien.

Dans la soirée, Emmanuel Macron valide dès lors le lancement de cette opération, "rendue possible par la mobilisation des moyens de Barkhane [4 500 soldats français déployés au Sahel]", a précisé  le général François Lecointre. En pleine nuit, les membres des forces spéciales françaises pénètrent alors sans bruit dans le campement des jihadistes, composé de quatre abris. A 10 mètres de ces abris, les soldats français entendent le bruit d'armes en train d'être rechargées. "Ils montent alors à l'assaut", selon le chef d'état-major, tuant quatre des terroristes, deux parvenant à s'enfuir.

Les militaires ne s'attendaient pas à trouver deux otages supplémentaires. Lors de l'assaut, deux membres du commando ont trouvé la mort. Aucun autre soldat français n'a été touché lors de cette opération, et aucun blessé n'est à déplorer parmi les otages.

Qui sont les deux militaires tués ?

Les deux militaires qui ont trouvé la mort lors de cette intervention sont "le maître Cédric de Pierrepont et le maître Alain Bertoncello, tous deux officiers mariniers au sein du commandement des opérations spéciales", qui supervise les forces spéciales françaises, a précisé l'Elysée. Tous deux faisaient partie du prestigieux commando Hubert de la Marine nationale.

"J'admire leur courage, je partage la peine de leurs familles et de leurs proches", a réagi l'amiral Christophe Prazuck, chef d'état-major de la Marine. Le chef de l'Etat présidera "en début de semaine prochaine" une cérémonie d'hommage national à ces deux commandos marine.

Qui sont les ravisseurs ?

D'après Florence Parly, l'identité des ravisseurs est en cours d'analyse. La ministre des Armées a rappelé que deux mouvements terroristes sévissent dans la région, l'un affilié à Al-Qaïda, l'autre à l'Etat islamique. Le chef d'état-major a précisé que les renseignements glanés peu avant l'opération laissaient craindre "l'organisation d'un transfèrement de ces otages à l'organisation terroriste malienne de la Katiba Macina". Une crainte qui a poussé les autorités françaises à agir avant que le groupe ne quitte le territoire burkinabé, agir au Mali étant "trop risqué" selon la ministre.

Comment réagissent les autorités ?

"Le président de la République se félicite de la libération de quatre otages au Sahel, dont nos deux compatriotes", indique l'Elysée dans un communiqué. Emmanuel Macron "s'incline avec émotion et gravité devant le sacrifice de nos deux militaires, qui ont donné leur vie pour sauver celles de nos concitoyens", et "adresse ses sincères condoléances à leurs familles". 

Florence Parly félicite et remercie "l'ensemble des forces ayant mené cette opération complexe, ainsi que tous ceux qui y ont contribué". "La lutte contre le terrorisme et la protection de nos concitoyens ont toujours été, sont et resteront la boussole de nos armées et de nos militaires", ajoute-t-elle. "C'est avec émotion et tristesse que j'adresse mes pensées aux familles des deux militaires décédés, à leurs proches, à leurs frères d'armes et à l'ensemble des commandos marine", déclare aussi Florence Parly.

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a également tenu à adresser ses "pensées aux proches du guide béninois sauvagement assassiné lors de l'enlèvement de nos deux compatriotes".

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