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Burkina Faso : qui sont les "Volontaires pour la défense de la patrie" ?

Cinq de ces hommes sont tombés sous les balles de jihadistes dans une embuscade au nord du pays.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Plusieurs milliers de soldats étrangers ont participé à la formation des troupes du Burkina Faso. Ici en 2018, à Ouagadougou, l'instructeur est autrichien. (ISSOUF SANOGO / AFP)

Une nouvelle fois, des soldats de l'armée du Burkina Faso ont été tués le 18 mai lors d'une embuscade tendue par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) dans le secteur de Banh, dans la région du Loroum, au nord du pays près de la frontière avec le Mali. Les autorités ont reconnu la perte de sept personnes : deux militaires et cinq "Volontaires pour la défense de la patrie".

C'est la première fois, semble-t-il, que Ouagadougou fait état de pertes dans les rangs des "Volontaires de la défense de la patrie". Et encore, d'autres sources se contentent de parler à l'AFP de "cinq civils tués". Civils ou soldats ? La terminologie employée illustre toute l'ambiguïté de ce corps.

Mission de renseignement

Le 21 janvier 2020, l'Assemblée nationale burkinabè a voté à l'unanimité une loi instituant le recrutement de "Volontaires pour la défense de la patrie". Ces supplétifs sont recrutés localement sur leur lieu de vie, sur la base du volontariat. Leur mission première est le renseignement. Connaissant bien le secteur, ils sont en première ligne pour remonter des informations aux responsables militaires : déplacement de groupes, conflits locaux pouvant dégénérer. Le renseignement est en effet ce qui semble cruellement manquer aux forces armées du Burkina.

Ils reçoivent une formation initiale de 15 jours afin de maîtriser le maniement des armes légères et les tactiques militaires de base. Armés, ils sont amenés à patrouiller, encadrés par des militaires des forces nationales, mais jamais de leur propre initiative. C'est au cours d'une de ces patrouilles que cinq Volontaires ont été tués lors de l'attaque des jihadistes, le 18 mai.

Consensus national

Si l'unanimité politique a prévalu à l'Assemblée nationale lors de la création de cette structure, de nombreuses réserves ont été formulées. Le risque majeur étant une autonomisation de ces groupes et la constitution de milices incontrôlées.

Or, depuis 2014 et la chute de Blaise Compaoré, l'ancien président, les milices d'auto-défense appelées Koglweogo se multiplient dans tout le pays, y compris dans la capitale. Des ONG comme Amnesty International les accusent de perpétrer des massacres en toute impunité. Quel rôle peut tenir un "Volontaire pour la défense de la patrie" dans ce contexte ?

Autre souci, le danger évident de représailles pour ces hommes et leurs familles, qui nuit fatalement à leur efficacité.

Discrétion

Pour l'heure, le gouvernement burkinabè n'a pas indiqué combien de "Volontaires pour la défense de la patrie" ont été recrutés jusqu'à présent. Le ministère de la Défense a juste précisé en avril que chaque groupe de volontaires "bénéficie d’un appui financier mensuel de l’Etat à hauteur de 200 000 FCFA (300 euros environ) pour son fonctionnement". Sans préciser ce que cela recouvre, ni le nombre d'éléments qui constituent le groupe.

Après le battage médiatique autour de la constitution de cette force, l'heure est désormais à la discrétion.

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