"Brise" ou "ouragan" : pas de sortie de crise en vue au Sénégal
Le président Abdoulaye Wade, candidat à un troisième mandat, reste sourd aux manifestations de l'opposition et aux critiques de la communauté internationale.
Quatre morts en cinq jours. Des opposants déterminés à obtenir le retrait de la candidature du président sortant, Abdoulaye Wade. Un chef de l'Etat sourd aux critiques. Et une présidentielle toujours programmée le 26 février. Au Sénégal, où chacun campe sur ses positions, la situation politique semble plus que jamais dans l'impasse, jeudi 2 février.
• Pour Abdoulaye Wade, la contestation n'est qu'une "brise"
Mercredi soir, Abdoulaye Wade, qui, à 85 ans, brigue un troisième mandat, a dit ce qu'il pensait du mouvement de contestation : "Une brise est un vent léger qui secoue les feuilles des arbres, mais elle ne devient jamais un ouragan."
Très sûr de lui, il a ajouté : "Vous qui m'avez accompagné pendant les dures heures de l'opposition, vous savez très bien que toutes les agitations actuelles n'ont pas l'air d'avoir un effet sur les Sénégalais." Avant de conclure : "J'ai bon espoir que je serai encore là l'année prochaine pour vous prouver davantage ce que j'ambitionne pour vous."
• Pour l'opposition, l'heure est à une "nouvelle stratégie"
Le Mouvement du 23 juin (M23), qui regroupe représentants de l'opposition et de la société civile, exige que Wade retire sa candidature. Mais le M23 ne dispose plus d'aucun recours légal depuis la confirmation de la validité de cette candidature par le Conseil constitutionnel, le 29 janvier.
Alors que leurs manifestations sont violemment dispersées par la police, provoquant la mort de quatre personnes, les responsables du M23 multiplient les réunions depuis mardi et promettent une "nouvelle stratégie". Pour preuve, cet appel "à une journée de prière", vendredi à Dakar, la capitale, pour rendre hommage aux "victimes de la répression".
Le M23, qui réaffirme ainsi "l'orientation pacifique" de sa contestation, annonce de nouveaux "plans d'action" à l'échelle nationale pour faire face à "la répression du gouvernement", assurant d'ailleurs n'être "ni de près ni de loin mêlé aux violences".
• Pour l'ONU et les Occidentaux, la situation est préoccupante
La haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme a exprimé jeudi sa "préoccupation" sur un "possible usage excessif de la force par les autorités". Navi Pillay avertit : "La solide tradition en matière d'élections pacifiques et démocratiques pourrait être menacée si les autorités ne réagissaient pas de manière appropriée aux manifestations en cours."
Jusqu'alors fidèles soutiens du président sénégalais, des pays occidentaux sont en train de prendre leurs distances et lui demandent de passer le relais.
La France, ancienne puissance coloniale et principal partenaire du Sénégal, a emboîté le pas aux Etats-Unis mercredi, en demandant par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, que "le passage de générations soit organisé". Le chef de la diplomatie française l'a assuré : "Je préfère vous dire que le message a été entendu à Dakar."
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