Même si le braconnage recule, les éléphants d'Afrique sont toujours menacés
Pour autant, des mesures supplémentaires devraient être prises notamment pour éliminer la demande d'ivoire, selon une étude publiée le 28 mai 2019.
Le braconnage des pachydermes gris diminue. C'est du moins ce qui ressort d'une étude publiée le 29 mai 2019 dans Nature Communications. Laquelle étude note que le phénomène a diminué ces dernières années : il est passé d'un pic de 10% de mortalité en 2011 à environ 4% en 2017. Mais les éléphants ne sont pour autant pas sauvés, insistent les spécialistes. Au début du XXe siècle, leur population était estimée à plusieurs millions. En 2016, la dernière évaluation majeure de l'ONG Union internationale de conservation de la nature (UICN) donnait un chiffre d'au moins 415 000 individus, soulignant une baisse de 111 000 en dix ans liée au braconnage pour l'ivoire.
Malgré tout, au rythme actuel, les éléphants d'Afrique, classés "vulnérables" sur la liste rouge de l'UICN, "sont en danger de disparition quasi totale sur le continent", insiste un communiqué de l'université de York qui participait à l'étude de Nature Communications. L'université cite le chiffre de 10 000 à 15 000 animaux tués chaque année pour leurs défenses. "Je pense que si nous ne faisons pas très vite quelque chose, l'avenir qui nous attend est le suivant : quelques rares éléphants survivant dans quelques réserves isolées et lourdement gardées", explique à l'AFP l'auteur principal Colin Beale, de l'université britannique. Il estime qu'un braconnage à un niveau de 4% reste "trop élevé" pour assurer la survie de l'espèce. "Au niveau du continent, les éléphants ne sont pas en danger immédiat de disparition liée au braconnage", tempère cependant un autre auteur du document, Julian Blanc, du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Lequel constate l'impact de l'agriculture.
Certes, certaines populations pourraient disparaître, mais d'autres se portent bien, indique-t-il à l'AFP. Comme en Afrique du Sud, pays qui abrite le plus grand nombre de pachydermes, où certaines populations "augmentent de façon continue depuis 100 ans". Ou encore au Botswana, qui vient de lever l'interdiction de la chasse aux éléphants : leur nombre y a été multiplié "par presque 10 depuis les années 1970".
L'éléphant est l'un des animaux les plus emblématiques au monde. Mais il est important pour le tourisme. Et crucial pour les savanes ou forêts : il y dissémine les graines, d'où l'intérêt porté à sa conservation, expliquent les spécialistes.
Tant que la demande existe
Les chercheurs identifient par ailleurs les principaux facteurs de la chasse aux pachydermes. Avec, d'abord, la demande d'ivoire en Asie, notamment en Chine. Mais ils mettent également en avant un lien avec la pauvreté et surtout la corruption en Afrique, notant une baisse de la proportion d'éléphants tués illégalement dans les pays où cette corrupton est la plus basse.
"A terme, le braconnage ne cessera pas tant qu'il y aura une demande d'ivoire, alors cela doit être la véritable priorité, mais cela pourrait prendre une génération", a commenté l'universitaire Colin Beale. "En attendant, en Afrique, il faudrait d'abord se concentrer sur la réduction de la corruption et de la pauvreté, tout en poursuivant les activités de police", a-t-il ajouté. "Assurer un avenir aux éléphants sauvages et à une quantité d'autres espèces va nécessiter des lois plus strictes, des efforts pour les appliquer et un engagement réel des communautés. Mais tant que la demande existe, l'offre trouvera toujours un moyen de la satisfaire", a estimé le PNUE.
Sur ce point, l'étude relève une baisse de la demande en parallèle avec l'interdiction par la Chine du commerce d'ivoire en 2017. Mais elle note également que cela pourrait être simplement le résultat d'un ralentissement économique dans le pays. "Nous n'avons pas de preuve solide dans nos analyses pour savoir si l'interdiction (du commerce) et les campagnes pour réduire la demande fonctionnent. Même si c'est peut-être le cas", a noté Colin Beale. Et d'ajouter : "Nous craignons donc que la diminution actuelle ne soit que temporaire".
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