Cet article date de plus de treize ans.

Ben Ali limoge son gouvernement et décrète l'état d'urgence

Face à la contestation qui ne faiblit pas, le président tunisien manie la carotte et le bâton. D'un côté, il donne un nouveau signe d'apaisement, en annonçant la dissolution de son gouvernement et l'organisation d'élections législatives anticipées d'ici six mois. De l'autre, il décrète l'état d'urgence dans tout le pays, instaure un couvre-feu général et interdit les manifestations.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Radio France © France Info)

Il avait promis hier soir à la télévision d’accroître le pluralisme politique et la liberté de la presse, de faire baisser les prix des produits alimentaires de base et de ne pas briguer de nouveau mandat en 2014. Cela n'aura pas suffi.

Aujourd'hui, encore, plusieurs milliers d'opposants sont descendus dans les rues de Tunis, en scandant "Ben Ali dehors", avant d'être dispersés par des gaz lacrymogènes. 13 personnes ont été tuées la nuit dernière dans des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre autour de la capitale. (LIRE NOTRE ARTICLE)
_ D'autres rassemblements ont eu lieu à Sidi Bouzid, Regueb, Kairouan ou encore Gafsa.

Le président tunisien a donc fait un nouveau geste, cet après-midi, le plus concret sans doute depuis le début des troubles : il décide de limoger son gouvernement et d'appeler "à des élections législatives anticipées
dans six mois".
_ Le Premier ministre sortant, Mohammed Ghannouchi, a été chargé de former un nouveau gouvernement.

Par ailleurs, l'opposant Hamma Hammami, arrêté mercredi, a été libéré.

Une "annonce majeure" à venir

Mais à côté de ces gestes d'apaisement, les autorités ont également pris des mesures très sévères : l'état d'urgence est décrété dans tout le pays "pour une durée indéterminée", un couvre-feu est en vigueur de 17h à 7h du matin, et les rassemblements de plus de trois personnes sont interdits.
_ "Les armes seront utilisées" si les sommations des forces de sécurité ne sont pas respectées, selon la télévision tunisienne.

Par ailleurs, l'armée a pris le contrôle de l'aéroport international de Tunis-Carthage, et l'espace aérien a été fermé. Air France suspend tous ses vols vers la Tunisie.

Et ce n'est pas tout : la télévision publique indique qu'une "annonce majeure" sera faite prochainement au peuple tunisien.

Nouveaux heurts violents à Tunis

Cette annonce va-t-elle marquer la fin de la révolte, ou au contraire l'exacerber ? Les partis d'opposition ne semblent pas décidés à céder : ils demandent le départ de Ben Ali.

De nouveaux heurts violents ont opposé policiers et opposants cet après-midi, dans le centre de Tunis.
_ Un journaliste étranger a été blessé à la tête par un tir de gaz lacrymogène.

La France conseille "vivement" à ses ressortissants de différer tout voyage non urgent en Tunisie.

Selon un journaliste tunisien cité par Lemonde.fr, les opposants s'en prendraient également à la famille de l'épouse de Ben Ali. Quatre maisons appartenant à la famille Trabelsi, qui possède une grande partie de l'économie du pays, auraient été mises à sac cet après-midi.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.