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Angola : l'opposition conteste la victoire aux législatives du parti au pouvoir

Le scrutin du 24 août 2022 avait peu mobilisé les Angolais.  

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Les partisans de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita) réunis lors d'un rassemblement le 22 août 2022 à Luanda, la capitale angolaise, avant les élections générales.   (JOHN WESSELS / AFP)

L'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita), le premier parti d'opposition angolais,"ne reconnaît pas les résultats (officiels)" des législatives annoncés le 29 août et qui qui donnent victorieux le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA). Ces résultats définitifs offrent un second mandat au président sortant Joao Lourenço. Il n'y a pas d'élection présidentielle en Angola, la tête de liste du parti vainqueur aux législatives est par conséquent investie aux fonctions de chef de l'Etat.

L'Unita "déposera un recours" suspensif, a précisé son secrétaire général, Alvaro Chikwamanga Daniel, dans une déclaration vidéo enregistrée et transmise mardi 30 août à l'AFP. Le parti mené par Adalberto Costa Junior, 60 ans, affirme "ne pas avoir été informé de la décision" de la Commission nationale électorale (CNE) d'entériner les résultats, ni avoir reçu "copie du procès-verbal du dépouillement"Le MPLA, qui dirige le pays depuis l'indépendance du Portugal en 1975, a recueilli 51,17% des voix contre 43,95% pour l'Unita, selon la commission.

Doutes autour de la transparence du scrutin 

Les candidats ont 72 heures après l'annonce des résultats officiels pour déposer un recours devant le tribunal constitutionnel. Quatre des 16 membres de la CNE n'ont pas signé les résultats finaux, exprimant des doutes sur le processus électoral. Avec la mainmise du MPLA sur l'organisation du scrutin et les médias publics, l'opposition et une partie de l'opinion publique s'étaient inquiétées du risque de fraude à l'issue du scrutin qui s'est tenu le 24 août. Les observateurs étrangers ont fait part la semaine dernière de "préoccupations" à propos notamment des listes électorales.

L'Union européenne et les Etats-Unis ont exhorté les autorités électorales angolaises à répondre aux plaintes "de manière équitable et transparente". Moins de la moitié des quelque 14,4 millions d'inscrits ont participé au vote, où huit partis étaient en lice. "Les citoyens n'ont pas l'impression que le changement puisse venir des urnes", explique Marisa Lourenço, analyste politique indépendante basée à Johannesburg, en Afrique du Sud.

Le MPLA ne peut plus gouverner seul

Au siège de son parti à Luanda, après la proclamation des résultats, le président angolais Joao Lourenço s'est félicité d'"une victoire pour l'Angola et les Angolais". Il a également promis "le dialogue et la concertation" pour son second mandat. Le MPLA, qui enregistre son plus bas score (61% en 2017) à l'issue du scrutin le plus serré de l'histoire du pays, conserve la majorité absolue au Parlement avec 124 sièges sur 220. Mais il perd la majorité des deux tiers qui lui permettait jusqu'ici de passer des lois sans le soutien d'un autre parti.

Avec des promesses de réformer et d'enrayer pauvreté et corruption, l'opposition a séduit une jeunesse urbaine connectée, notamment dans la circonscription de la capitale où elle a raflé 62,25% des voix.

L'Unita avait déjà contesté les résultats des élections en 2017. Mais la victoire du MPLA et de Joao Lourenço, alors successeur désigné de l'ancien président José Eduardo dos Santos, avait été confirmée. Accusé d'avoir fait main basse sur des pans entiers de l'économie et notamment la manne pétrolière, dos Santos est mort en juillet à Barcelone, en Espagne. Des funérailles nationales ont eu lieu à Luanda, la capitale angolaise, la veille de l'annonce des résultats des élections. L'ancien dirigeant angolais n'a jamais été inquiété mais ses proches ont été visés par une vaste opération anti-corruption lancée par son successeur. 

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