Angola, du pétrole et des inégalités
Après les ravages dus à la guerre civile de 27 ans, le MPLA, dirigé depuis 32 ans par Eduardo Dos Santos, a pu s'atteler à redresser le pays. Une politique facilitée par des réserves de pétrole qui classent l'Angola au second rang des producteurs africain, après le Nigeria.
Le choix des investissements en question
Pourtant, de mauvais choix dans la répartition des richesses ont créé une société à deux vitesses. Le FMI se demande ainsi où sont passés, ces cinq dernières années, les 42 milliards de dollars de revenus de l'or noir.
Après avoir subi la crise économique en 2008, l’économie de l’Angola est repartie. La croissance devrait être de 12,5% en 2012, selon les prévisions. Le fort potentiel économique du pays attire à Luanda nombre d'expatriés prêts à payer 7.500 euros par mois pour louer une maison, alors qu'une famille locale doit prévoir 1.500 euros par mois pour se nourrir.
Les investissements des autorités ont lieu notamment dans le BTP, la construction de bureaux, d’immeubles de luxe, et même une ville-fantôme, construite par les Chinois. Les logements de cette cité ne trouvent pas preneurs car ils valent bien trop cher pour une population, dont 60% vit avec moins de 2 dollars par jour.
Autre domaine d’investissement : les infrastructures, routes, voies de chemin de fer notamment, qui ont énormément souffert durant la guerre.
Aljazeera English, le 13 janvier 2012
Dans le même temps, les hiérarques angolais ont placé de l'argent au Portugal, l’ancien colonisateur, où a ils ont investi 116 millions d’euros entre 2002 et 2009, dans les domaines du luxe (grands hôtels, parfums) et de la banque.
Des besoins non assurés
Le pouvoir exercé par le MPLA, l'ex-guérilla marxiste qui a gagné la guerre civile, a favorisé une classe de privilégiés aux dépens de la majeure partie de la population en butte au sous-développement. Elle ne bénéficie ni de l’eau courante, ni de l’électricité; les besoins dans le domaine de la santé ne sont pas satisfaits et la mortalité infantile fort élevé.
Résultat, un mouvement de contestation s'amplifie à l'approche des élections législatives du 31 août.
Le nombre des contestataires grandit
Depuis mars 2011, des manifestations, rassemblant quelques centaines de personnes, se sont succédées dans la capitale. Celle du 14 juillet 2012 a rallié des jeunes et des étudiants qui protestent contre "l’absence de libertés" et souhaitent le départ du président Dos Santos, au pouvoir depuis 32 ans. Elle a été violemment réprimée et plusieurs personnes, dont deux journalistes, ont été interpellées.
Parmi les contestataires, les rappeurs sont en première ligne. Ils subissent des intimidations et des agressions alors qu’un nouveau courant musical, apparue depuis quelques années, le Kuduro, fédère les sentiments de frustration dans des chansons critiques envers Dos Santos.
Autre catégorie de la population oubliée par les autorités, les 40.000 vétérans du conflit. Parmi ceux-ci, 4.000 simples soldats ont manifesté le 27 mai 2012 dans la capitale pour le paiement de leurs pensions et de leurs primes de démobilisation. Ils menacent d’empêcher le déroulement de l’élection présidentielle prévue le 31 août.
Arlindo Barbeitos, philosophe et ancien combattant de la guerre, déçu, explique «avoir lutté pour un Angola plus juste». «J’approuve l’idée que la démocratie requiert une certaine justice économique». pousuit-il.
Des travailleurs indiens en conflit avec leur employeur emprisonnés
Newsxlive, le 11 mai 2012
Promesses électorales
Face aux revendications, le président Dos Santos a promis lors du lancement de sa campagne électorale, mardi 31 juillet, à Luanda, devant 500.000 personnes, que «l’objectif principal est désormais d’améliorer les conditions de vie» de son peuple.
De son côté, l'opposition (Unita), ancien adversaire du MPLA pendant la guerre civile, s’est engagée à porter le salaire mensuel à 500 dollars et à mettre en place un système d’assainissement de l’eau. Un nouveau parti Casa, dirigé par un ancien de l’Unita, est également en lice, avec, comme projet emblématique, la lutte contre la corruption.
Eduardo Dos Santos devrait se succéder à lui-même
La coalition hétéroclite des déçus des couches populaires dans les villes, d’habitants plus éduqués à Lunada et de jeunes révoltés ne fait pas une majorité contre les gros bataillons des provinces. Les électeurs des zones rurales sont, eux, globalement satisfaits des réalisations du régime, qui construit des kilomètres de routes asphaltées pour désenclaver les régions éloignées et les relier à la côte Atlantique où est se fait 90% de l’activité économique.
Dos Santos devrait donc se succéder à lui-même mais il pourrait aussi placer un homme du sérail, Manuel Vicente, à la tête du pays, selon les analystes. Numéro deux du MPLA, il a été pendant une douzaine d'années le patron de la Sonangol, la compagnie pétrolière publique angolaise. Discret et considéré comme un bon gestionnaire, il a déclaré en 2011 «être inquiet par le fossé qui se creuse entre la fraction dirigeante et le peuple».
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