L’Algérie se décide enfin à acquérir des bombardiers d’eau
Un changement de doctrine dû au traumatisme des incendies en Kabylie.
Le terrible incendie qui a ravagé la Kabylie durant une semaine, faisant 90 morts a fait prendre conscience aux autorités du manque de moyens aériens dont dispose l’Algérie pour combattre les feux de forêts.
Le renfort apporté par deux Canadair français et un bombardier d’eau espagnol durant trois jours, a été crucial pour freiner l’avancée du feu. Une aide remarquée et amplement commentée qui a provoqué un virage à 180 degrés du pouvoir algérien.
Conséquence, le Ministère de la défense a été chargé par le président Tebboune d’acquérir des avions bombardiers d’eau. Il fallait agir vite, et le choix s’est porté sur le constructeur qui possède du stock.
Algérie : 19 incendies ravagent encore le nord du payshttps://t.co/ckEYTEEsPp pic.twitter.com/Do183t7GBP
— franceinfo (@franceinfo) August 15, 2021
Changement de doctrine, les avions sont devenus indispensables alors qu’il y a peu ils étaient considérés comme inadaptés à l’Algérie. Le site internet Menadefense énumère ironique les affirmations du patron de la Protection civile algérienne, le colonel Hebiri, farouchement opposé aux avions : pas efficaces, incapables de s’approvisionner ailleurs qu’en mer, trop lent pour venir combattre le feu, pas adaptés aux reliefs, besoin de pilotes chevronnés. Rien ne va aux yeux du colonel qui préconise l’utilisation des hélicoptères de transport de l’armée. Hebiri doit aujourd’hui manger sa casquette !
Mais on apprend aussi que dès 2008, Alger a été sur le point d’acquérir six bombardiers d’eau auprès du constructeur russe Bériev. Mais le projet a été abandonné sans qu’on sache vraiment pourquoi.
L’#Algérie annonce l’acquisition de quatre bombardiers d’eau type Beriev Be-200
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Et c’est ce même constructeur qui est retenu aujourd’hui dans l’urgence. Des négociations ont déjà été entamées pour "l’acquisition de quatre avions amphibies bombardiers d’eau multi-mission neufs, de fabrication russe type BERIEV-200 (BE-200), bimoteurs, ayant une capacité de 13 000 litres et pouvant intervenir contre les incendies de forêts dans des conditions météorologiques extrêmes et complexes", selon le communiqué du ministère de la défense publié par TSA.
Un choix qui n’est pas vraiment une surprise tant les liens avec la Russie sont forts, notamment en termes d’armement. Et aussi car le BERIEV-200 peine à se vendre. Il est jugé trop onéreux selon le site "Avions légendaires", et surtout "sa motorisation le rend plus difficile à employer dans des conditions très dégradées". C’est en effet un des rares bombardiers d’eau équipés de deux réacteurs et non de turbopropulseurs (hélices).
17 appareils ont été construits, tous sont en service en Russie, à l’exception d’un appareil exploité en Azerbaïdjan. Le 14 août dernier, un appareil de ce type s’est écrasé en Turquie alors qu’il combattait un incendie dans le sud du pays. Ce BE-200 avait été loué par la Direction générale turque des forêts qui ne possède pas de moyens aériens.
Afin de relancer les ventes de l’appareil, Moscou mène une politique de bon samaritain. Fin juillet, la Russie a prêté un avion et ses équipages à la Grèce, dans l’espoir selon certains média de vendre deux ou trois appareils à Athènes. Moscou avait également proposé, il y a peu, d’en prêter quatre à Alger.
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