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Etat de santé du président Bouteflika: les images qui secouent l’Algérie

Un cliché sur le compte Twitter du Premier ministre français Manuel Valls et des images diffusées choquent depuis quelques jours les Algériens. Et les éditorialistes s'en font largement l'écho. Ils soulignent le caractère dégradant de ces images tout en mettant en exergue le fait qu'elles sont le reflet d'un régime aux abois. Revue de presse.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Abdelaziz Bouteflika dans une voiture, le 3 mars 2014 à Alger.  (AFP/STR)

«Traumatisme national». Une expression qui résume le sentiment décrit dans la presse algérienne depuis la diffusion dimanche 10 avril 2016, via notamment le compte Twitter du Premier ministre français Manuel Valls, des dernières images du chef de l’Etat algérien Abdelaziz Bouteflika dont les rares apparitions se limitent aux visites officielles de dignitaires étrangers. 

«Les images parlaient d'elles-mêmes, elles étaient alarmantes, elles étaient tristes et elles étaient suffisamment éloquentes pour que nous puissions douter un seul instant de l'état de santé du président de la République», constatait Achour Boufetta dans son article intitulé Non, Monsieur Sellal, ce sont ces images qui posent problème !, paru le 13 avril 2016 dans Le Matin d’Algérie

«"Il n'y a pas un seul Algérien qui accepterait de voir son président vilipendé", a déclaré, sentencieusement (...) Abdelmalek Sellal (le Premier ministre algérien), lors de sa conférence de presse conjointe avec Manuel Valls. Mais quel est l'Algérien qui accepterait de voir son président (...) montré au monde entier dans un état de santé aussi lamentable, aussi affaibli, aussi diminué, aussi pitoyable, que celui dans lequel le monde entier l'a découvert à travers ces images et vidéos qui ne cessent de tourner et de "retourner" (...)?», interroge Achour Boufetta.


Outre l'émotion, le journal Liberté s’intéresse au respect auquel a droit à un malade et accuse l'entourage du président de ne pas avoir su le préserver pour ce dernier. «C’est une inqualifiable forfaiture, dont sont comptables ceux qui sont en charge de l’image du chef de l’État. Il s’agit, en l’occurrence du  droit du malade au respect de sa dignité et de son intimité. C’est un droit fondamental inscrit dans le code de la santé publique. En France, le Conseil constitutionnel lui reconnaît même une valeur constitutionnelle», peut-on lire dans son édition en ligne du 14 avril 2016.

Aussi le quotidien invite-t-il «les organisations des droits de l’Homme» à «dénoncer l’atteinte flagrante aux droits de l’Homme dont les coupables sont ceux qui, toute honte bue, continuent de s’abriter derrière une image abîmée du Président, juste pour s’accrocher au pouvoir».


Dans El Watan, il est aussi question de pouvoir mais surtout de l'épée de Damoclès qui pèse sur le régime algérien. La diffusion de ces images sont pour le quotidien la preuve tangible d’un système qui a atteint ses limites. «Le désarroi a même gagné des niveaux supérieurs dans le pouvoir. Les réactions d’indignation, de colère et de sidération sont à la hauteur de l’absurde jeu politique auquel s’adonnent les décideurs», écrit Hacen Ouali dans son article publié le 14 avril 2016.
 
«Les multiples porte-parole du pouvoir, qui n’existent que par les démons qu’ils inventent, sont comme sonnés et désarçonnés. Ils sont groggy. Les mises en scène de réception de personnalités de passage par Alger à la résidence d’Etat, érigées en stratégie de communication politique pour répondre à ceux qui doutent de la capacité de Bouteflika à gouverner, ont manifestement atteint leurs limites. Elles ne peuvent plus fonctionner.» 
Illustration d'un article du journal algérien «El Watan» diffusé le 13 avril 2016 (DR)


La veille, dans un autre article, Hacen Ouali faisait remarquer: «Ironie de l’histoire, c’est Abdelaziz Bouteflika qui a été rappelé au pouvoir en avril 1999 avec pour mission, entre autres, de redorer l’image de l’Algérie à l’international et qui, 15 ans après, renvoie celle d’un pays sans leadership. Trois ans après son accident vasculaire cérébral survenu le 27 avril 2013, le chef de l’Etat n’arrive plus à s’en remettre. Tout comme le pays, dont l’état est tout aussi vacillant. C’est la conséquence manifeste du quatrième mandat présidentiel imposé dans des conditions troubles».

«Mais le pays peut-il s’accommoder encore plus longtemps d’une pareille situation politique, alors que les défis exigent une présence et un leadership permanents?», interroge-t-on dans El Watan. «En bas, la société, dans ses différentes strates, à bout de souffle, observe, en apparence, froidement (...) Mais elle est aussi à bout de nerfs. L’histoire est imprévisible. Elle peut connaître une accélération rapide et brutale», conclut Hacen Ouali.
 
 
 

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