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Le commerce florissant des os de lion en Afrique du Sud

En Afrique du Sud, la chasse au lion est autorisée tant qu’il s’agit d’un animal issu de l’élevage. Chasser le fauve, et vendre ensuite son squelette, est tout à fait légal. Destination essentielle, l’Asie et plus particulièrement la Chine et le Vietnam. 

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Un groupe de lions dans le parc national Kruger en Afrique du Sud. (LONDOLOZI IMAGES / MINT IMAGES)

L’élevage de lions ne répond à aucun objectif de conservation. On élève les lions comme on élève les faisans, pour la chasse. Selon des chiffres de la fondation britannique Born Free, pas moins de 8000 lions vivent dans 200 élevages en Afrique du Sud (ils sont moins de 3000 à l’état sauvage). Bébés, on les retire rapidement de leur mère pour en faire des peluches vivantes pour les touristes.

Puis l’âge avançant, ils vont servir de cible pour une "chasse en boîte", entendez  à l’affût dans un parc réservé à cela. Cette chasse est totalement légale. Il en coûtera 22 000 dollars au chasseur fortuné pour le "package" mâle-femelle, annonce sur son site Tinashe, une entreprise spécialisée.

Un quota de 800 squelettes

L’Afrique du Sud est ainsi devenue le champion de l’exportation de trophées. 7500 lions exportés en 10 ans, selon les chiffres officiels de 2013. En 2017, les pouvoirs publics ont fixé un quota annuel d’exportation de 800 squelettes de lions issus des élevages, officialisant ainsi une pratique apparue en 2008. Un quota atteint en quelques semaines.

Le squelette entier, parfois avec la tête, ou simplement un assortiment d’os, sont vendu au kilo et exportés vers les marchés de médecine traditionnelle. Selon sa taille, le squelette se négocie, selon le fermier, de 1200 dollars à plus de 2000 dollars avec la tête. Le prix va atteindre les 15 000 dollars, une fois dans la boutique de médecine traditionnelle au Vietnam ou au Laos, les deux principaux pays importateurs.

L’autorisation de ce commerce avait pour ambition de protéger les lions vivant en liberté des balles des braconniers. C’est l’inverse qui se produit, selon les adversaires de cette pratique. Ce commerce légal permet en effet de masquer facilement la vente d’animaux braconnés. D’autant que la demande est de plus en plus forte. L’os de lion remplaçant celui de tigre dans la pharmacopée asiatique.

Pire même, ce trafic menacerait les lions des pays voisins comme le Mozambique. Dans le parc national du Limpopo, les braconniers empoisonnent les lions pour profiter de ce commerce juteux.

Quel impact sur la faune sauvage ?

Un impact nié par les pouvoirs publics sud-africains. En septembre 2016, sept organisations engagées dans la protection de la nature en Afrique du sud, ainsi que tous les membres de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), ont demandé en vain à Pretoria d’interdire l’élevage pour la chasse.

En 2017, l’Afrique du Sud a enfin lancé une étude pour étudier l’impact de ces chasses sur la faune sauvage. Mais ses conclusions ne sont pas attendues avant 2020. Dans la Namibie voisine, bien que la chasse soit autorisée, le commerce des os est interdit. Tout contrevenant risque 10 ans de prison. En fait, ce commerce met une pression quant à la survie des animaux que la chasse ne met pas. D’autant que le niveau de vie augmentant en Chine ou au Vietnam, les candidats à la consommation d’os de lion sont de plus en plus nombreux. 

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