Cet article date de plus de sept ans.

Afrique du Sud: 5400 volontaires pour tester un nouveau vaccin contre le sida

Le nouveau vaccin expérimental pour combattre la contamination par le VIH a suscité beaucoup d’espoir dans la communauté scientifique. Elle table sur un seuil minimal d’efficacité de 50%. Si l’essai clinique lancé en Afrique du Sud s’avère suffisamment efficace, il faudra entre cinq et dix ans pour développer la production de ce vaccin.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le HVTN 702 entre les mains d'un médecin dans un centre de vaccination de Shoshanguve, près de Prétoria, le 30 novembre 2016. (Photo AFP Mujahid Safodien)

«Je veux changer les choses pour ma communauté et pour mon pays.» Ainsi s’exprime Jane, une jeune étudiante sud-africaine de 21 ans, fière de monter en première ligne du combat contre le virus du sida. Elle fait partie des volontaires qui ont reçu une injection du vaccin expérimental.
 
«Je connais des gens qui sont séropositifs, j’en connais qui sont morts à cause du VIH, certains étaient de ma famille. C’est pour eux que je suis là», dit Jane à l’AFP.

Un essai parmi les plus ambitieux engagés ces dernières années 
Baptisé HVTN 702, l’essai clinique qui a débuté le 30 novembre dans le township de Soshanguye, dans le nord de Pretoria, est l’un des plus ambitieux engagés ces dernières années contre le virus. Il va impliquer pendant quatre ans plus de 5.400 volontaires, hommes et femmes sexuellement actifs, âgés de 18 à 35 ans, dans quinze sites répartis sur tout le territoire sud-africain.
 
Cet essai clinique a ravivé les espoirs de la communauté scientifique.
 
«S’il est utilisé en même temps que les outils de prévention que nous utilisons déjà, un vaccin sûr pourrait constituer le coup de grâce contre le VIH», estime Anthony Fauci, directeur de l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses. Pour lui, «même un vaccin modérément efficace réduirait significativement le fardeau de la maladie dans les pays très affectés».
 
C’est le cas de l’Afrique du Sud qui enregistre un des taux de prévalence les plus élevés au monde. Plus de 19%, selon Onusida. 7 millions de personnes y vivent avec le VIH.
 
Dans le township de Soshanguve, la campagne de recrutement des volontaires a suscité quelques réticences. La perspective de pouvoir enfin trouver un remède à la maladie a achevé de convaincre les plus circonspects.
 
«Ce vaccin ne contient pas de véritables morceaux du VIH, explique le Docteur Mookho Malhalela. Il s’agit, précise-t-il, de copies synthétiques qui ressemblent au VIH pour pouvoir susciter une réponse immunitaire et des anticorps.»
 
Une militante de l'association sud-africaine Condomize pose lors de la conférence internationale sur le sida à Durban, le 18 juillet 2016. L'association encourage l'utilisation de préservatifs pour prévenir l'infection par le VIH.

«La lutte contre le VIH, c'est comme une guerre»
Le vaccin testé en Afrique du Sud est une version «musclée» d’une souche testée en 2009 en Thaïlande sur plus de 16.000 volontaires. Elle avait permis de réduire de 31% les risques de contamination trois ans et demi après la première vaccination. Les scientifiques espèrent que l’efficacité de l’essai clinique lancé en Afrique du Sud sera bien plus forte. Et s’il est suffisamment efficace, il faudra alors entre cinq et dix ans pour développer sa production.
 
«Nous avons fixé le seuil minimal d’efficacité à 50%», explique le Docteur Lynn Morris de l’Institut national sud-africain des maladies transmissibles, selon qui ces essais vont prendre des années.
 
D’où la nécessité de ne pas baisser la garde face à la maladie. «Nous devons continuer à utiliser les autres moyens de prévention pour réduire les nouvelles contaminations», insiste le Docteur Lynn Morris.
 
Les traitements antirétroviraux restent aujourd’hui de loin les plus efficaces contre la maladie. Ils ont permis de ralentir l’épidémie et d’augmenter significativement l’espérance de vie des malades. Mais ils ne sont accessibles qu’à une petite moitié de la population sud-africaine déjà infectée.
 
«La lutte contre le VIH, c’est comme une guerre. Nous avons déjà des pistolets, des balles, des grenades. Le vaccin serait un char d’assaut. Pour combattre le VIH, nous avons besoins de tout l’arsenal», explique Glenda Gray qui participe à l’étude et dirige le Conseil national sud-africain de la recherche.
 
Les essais du nouveau vaccin sont conduits par les Instituts sud-africain et américain de la Santé, le Conseil sud-africain de la recherche médicale, la Fondation Bill et Melinda Gates, les laboratoires Sanofi Pasteur et le Réseau d’essais des vaccins contre le VIH.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.