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Afghanistan : "Les talibans font des raids, ils cherchent des personnes qui travaillent dans les médias", témoignent deux journalistes afghans

Ils n’ont pas réussi à fuir le pays et attendent désespérément de pouvoir monter dans un avion. En attendant, ils se cachent. À cause de leur métier, les journalistes sont en danger de mort, menacés par les fondamentalistes qui les traquent en dépit de leurs promesses.

Article rédigé par franceinfo - Clémence Pénard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1min
Un journaliste afghan au travail en 2019 (photo d'illustration). (WAKIL KOHSAR / AFP)

"Les talibans n'ont pas changé", témoignait mardi 17 août sur franceinfo Ghazal Golshiri, journaliste au service international du Monde, de retour de la capitale afghane. "Les talibans visitent les journalistes, les menacent. Ils empêchent les femmes d'aller à l'université et les filles d'aller à l'école", relatait-elle. 

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Un homme peut le confirmer : à la tête de plusieurs radios en Afghanistan, il n'a pas réussi à fuir le pays. Menacé de mort, et souhaitant donc rester anonyme, le journaliste nous appelle depuis sa cave à Kaboul. Il s'y cache avec son petit garçon et sa femme enceinte, comme beaucoup de ses confrères, venus des quatre coins du pays dans l’espoir d’être évacués. "Le monde nous a oubliés, ils nous ont abandonnés", se désespère-t-il.  

"J’ai perdu tout espoir. Ces deux dernières semaines, j’ai pensé à me suicider parce que je ne peux pas vivre sous le gouvernement des talibans."

Un directeur de radios afghanes  

à franceinfo

Shahabuddin, un autre journaliste, vivait à Dasht-e-Barchi, un quartier de la capitale. Mais désormais, il doit tous les jours changer d'appartement.  "Les talibans font des raids, ils cherchent des militaires ou des personnes qui travaillent dans les médias".

"Mes voisins m’ont dit qu'ils étaient rentrés chez moi, ils ont tout pillé et ils ont pris ma voiture. Heureusement, ils ne m’ont pas trouvé."

Shahabuddin, journaliste

à franceinfo

"Mais depuis, je ne vis que dans des endroits différents. Je ne peux pas retourner chez moi", ajoute-t-il.

Après leur prise de pouvoir, les talibans avaient tenté de rassurer la communauté internationale, mardi 17 août, lors d'une conférence de presse tenue à Kaboul. "La guerre est terminée" et leurs adversaires seront "pardonnés", avaient-ils déclarés, assurant également qu’ils respecteraient la liberté de la presse.

Les témoignages de deux journalistes afghans cachés à Kaboul recueillis par Clémence Pénard.

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