Afghanistan : les chefs du Pentagone reconnaissent un "échec stratégique" des Etats-Unis
Devant le Sénat, les plus hauts gradés de l'armée américaine ont révélé avoir conseillé à Donald Trump et Joe Biden de maintenir 2 500 soldats sur place, en vain.
Mea culpa. Les chefs du Pentagone ont admis, mardi 28 septembre, des erreurs de jugement ayant conduit à un "échec stratégique" en Afghanistan, avec la victoire des talibans à l'issue de 20 ans de guerre. "L'ennemi est au pouvoir à Kaboul, il n'y a pas d'autre façon de décrire les choses", a reconnu le chef d'état-major américain, le général Mark Milley, en s'expliquant devant les élus du Sénat sur la fin chaotique du conflit.
Pour la première fois, les plus hauts gradés de l'armée américaine ont aussi admis publiquement qu'ils avaient conseillé à Joe Biden de maintenir 2 500 soldats en Afghanistan pour éviter un effondrement du régime de Kaboul. Mais le président américain a choisi de ne pas suivre cette recommandation, et assurait même, en août, ne l'avoir jamais reçu. Questionnée à ce sujet, la Maison Blanche a défendu qu'une présence militaire aussi limitée n'aurait pas été "tenable" à long terme.
Le général Milley a aussi révélé avoir demandé à Joe Biden et à son prédécesseur, Donald Trump, de ne pas fixer de date précise pour le retrait des forces américaines d'Afghanistan. "Deux présidents d'affilée ont fixé une date", a-t-il constaté. Il avait également demandé à lier un éventuel départ à des conditions que les talibans devraient respecter, notamment une coupure vis-à-vis d'Al-Qaïda. Depuis, "ils n'ont toujours pas rompu leurs liens avec Al-Qaïda".
Des Américains trop naïfs ?
Le ministre de la Défense, Lloyd Austin, a reconnu des erreurs de jugement. "Le fait que l'armée afghane, que nous avons formée avec nos partenaires, se soit effondrée, souvent sans tirer une balle, nous a tous pris par surprise", a-t-il admis.
"Nous n'avons pas réalisé le niveau de corruption et l'incompétence de leurs officiers de haut rang, nous n'avons pas mesuré les dommages causés par les changements fréquents et inexpliqués décidés par le président Ashraf Ghani au sein du commandement", a-t-il notamment énuméré.
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