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Afghanistan: le scoutisme renaît de ses cendres au milieu des mines

Le scoutisme afghan refait surface après avoir disparu au moment de l’occupation soviétique en 1979. Il a ensuite été interdit par le régime taliban. Le mouvement, né en 1931, a été relancé avec l'aide de l’ONG Parsa, basée à Kaboul, qui s'occupe d'orphelins. Formés au scoutisme, des filles et des garçons apprennent à identifier les mines qui font encore de nombreuses victimes parmi les enfants.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Réunion de scouts à Kaboul qui apprennent à repérer les multiples formes de mines sur le terrain qui tuent des dizaines de personnes chaque mois, dont de nombreux enfants. (SHAH MARAI / AFP)

Après la chute du régime taliban en 2001, Parsa a relancé le mouvement en créant des troupes de scouts dans les orphelinats. Aujourd'hui, plus de 400 chefs ont été formés et 2.000 scouts sont déployés dans 13 des 14 provinces du pays, selon Mohammad Tamim Hamkar. Comme tous les petits scouts du monde, ils participent des jeux collectifs, apprennent à dispenser les premiers secours et s’adonnent à quelques travaux de bricolage extérieur. 

Mais faute de fonds suffisants et au vu du niveau persistant d'insécurité, le camping et la randonnée ne sont pas au programme. Les scouts afghans n'apprennent donc pas à allumer un feu de camp ou à mettre un kayak à l'eau, mais son formés à repérer et identifier les mines et engins explosifs dispersés sur le territoire, héritage de plus de trois décennies de conflit.


Dans une société ultra-conservatrice, il suffit parfois d'un rien ou d'un simple malentendu, pour voir poindre le danger. Il y a quelques années en plein Kaboul, des mollahs ont soudainement interrompu un feu de camp et fait taire les choeurs qui l'accompagnaient, accusant les enfants de prier le feu, se souvient Mohammad Tamim Hamkar, directeur du programme de scoutisme afghan. «Nous avons dû montrer aux mollahs nos manuels de formation et les convaincre que le feu de camp n'avait rien de religieux ni de blasphématoire», ajoute-t-il.

Il arrive aussi que ces jeunes soient confondus avec des policiers, les forces de l’ordre étant souvent prises pour cible par les insurgés talibans qui les accusent de corruption. Fin juin, plus d'une trentaine de jeunes cadets de la police ont été tués dans un double attentat-suicide commis contre leur convoi. Dans les années 80, «Sarandoi», un mot pachtou (afghan), a été choisi pour désigner les policiers: «Il y a encore des gens qui prennent nos garçons pour des policiers, pensant qu'ils dépendent du ministère de l'Intérieur», relève Hamkar. 


En dépit des attentats et combats secouant le pays, des scouts de 7 à 25 ans se retrouvent régulièrement pour des jeux, des activités sportives et de service. Le scoutisme a une longue et fière histoire en Afghanistan, où il est apparu en 1931, rappelle le responsable national du mouvement Gul Ahmad Mustafa. Mais en 2010, l'organisation non gouvernementale Parsa, qui oeuvre au profit des femmes et des enfants les plus démunis, a voulu relancer le mouvement en formant d'abord des filles et les garçons des orphelinats de Kaboul et de Thor, une province isolée située dans le centre du pays.

Dans une nation affectée par des décennies de conflit et où la violence et la drogue continuent de faire des ravages, le scoutisme offre aux jeunes une alternative rassurante. «J'ai énormément appris en devenant scout, la discipline, la confiance en soi et comment aider les autres», assure Ehnasullah, 15 ans. Alors que 40% de ses effectifs nationaux sont des jeunes filles, l'image des scouts s'améliore aussi doucement, reprend Hamkar. «Il y a eu des émissions de télé montrant leur importance, qui ont modifié la perception sur le scoutisme».

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