Afghanistan: la gouverneure du Daikundi, Masooma Muradi, bête noire des mollahs
La province du Dakundi connaît plusieurs mois par an la neige qui l’isole du reste du pays. Tributaire des aléas climatiques, elle ne peut donc compter sur sa petite récolte d'amandes pour maintenir son économie. Le chômage y est endémique et la plupart des plans de développement ne sont toujours pas mis en œuvre. «On a des écoles mais la plupart sans bâtiments; des hôpitaux, mais beaucoup manquent de docteurs», explique Haji Rasouli, un épicier de Nili, la capitale provinciale. «Je soutiens l'émancipation des femmes, mais est-ce qu'en avoir une pour gouverneure va résoudre nos problèmes?» s’interroge-t-il.
Le déclin de l'aide internationale n'a fait que compliquer la tâche de Mme Muradi. Du haut de son mètre 50, elle affirme pourtant ne pas «se laisser écraser par les hommes», bien consciente que la société afghane est peu accoutumée à l’autorité des femmes. «Les gens se disent ouverts, mais la plupart ne peuvent supporter qu'une femme occupe une telle position», confie-t-elle.
Selon l’AFP, qui l’a suivie dernièrement lors d'une tournée dans Nili, escortée par ses gardes armés de kalachnikovs, le ressentiment à son égard était palpable. «Peut-être ne devrait-elle être que le gouverneur des femmes ?» a lancé un homme sur son passage.
3. Anissa Rasouli, 1st female Afghan Sup Court nominee who some said was unqualified bc women menstruate https://t.co/KBkyj9s9LI #IWD2016
— Sune Engel Rasmussen (@SuneEngel) March 8, 2016
Le président Ashraf Ghani a nommé quatre femmes à des postes ministériels depuis son arrivée à la présidence en 2014. En 2015, pour la première fois dans l'histoire du pays, il avait choisi la magistrate Anissa Rassouli pour présider la Cour suprême. Mais le Parlement a rejeté cette nomination, préférant un homme à sa place.
Titulaire d'un MBA en administration publique mais sans poids politique, la jeune gouverneure, mère de deux enfants, détonne parmi les chefs de guerre et autres parrains locaux qui dirigent les provinces selon un légendaire clientélisme. L'antipathie qu'elle déclenche, estiment les observateurs, ne traduit pas seulement le sexisme de la classe politique mais aussi la confrontation d'intérêts politiques divergents. Avant même qu’elle ne prenne ses fonctions, ses opposants, essentiellement des hommes, lui reprochaient son manque d’expérience.
#AFG Women's Protest against the New Appointed Governor of #Daikundi Province Masooma Muradi . #Afghanistan pic.twitter.com/fVLAd9AXf2
— Abdulhaq Omeri (@AbdulhaqOmeri) June 26, 2015
W/o women's contribution, what would modern society look like? https://t.co/TOyH4fdx8j #WhereAreTheWomen pic.twitter.com/4txJwEU7B4
— UN Development (@UNDP) March 6, 2016
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