Cet article date de plus de dix ans.

Afghanistan : "Tous ces soldats sont morts pour rien" (le père d'un français)

Clap de fin pour l'opération Pamir, débutée en 2011 en Afghanistan pour lutter contre les talibans. Les derniers soldats français ont passé le relais ce mercredi à un contingent turc à Kaboul. En 13 ans d'opération, 89 soldats français sont morts. Pour Jean-François Buil, le père de l'un d'entre eux, ce retrait a un goût amer.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Obsèques du sergent français Damien Buil, mort en Afghanistan © MaxPPP)

Dernière Marseillaise entonnée ce matin à Kaboul par les soldats français. C'est aujourd'hui que prend officiellement fin l'opération Pamir débutée en 2001 pour lutter contre les talibans et Al-Quaïda. Treize années de présence en Afghanistan qui ont coûté la vie à 89 militaires français, dont le Sergent Damien Buil, tombé lors de l'embuscade d'Uzbin en 2008. Pour son père Jean-François Buil, ce retrait définitif a un goût plus qu'amer.

"Un très grand échec de l'OTAN"
 

"Mon sentiment est un sentiment de catastrophisme aigu, pour moi c'est un très grand échec de l'OTAN. 13 ans de conflit, 89 soldats français morts, 700 blessés. C'est un conflit qui n'a apporté que de la misère. Tous les jours je le revis ".

 

Un conflit trop long, qui n'aura servi à rien, selon Jean-François Buil. "Ces barbus, ces talibans sont toujours là-bas, ils sont partout dans le monde. C'est comme une mafia. Mon fils, ses camarades, tous ces soldats sont morts pour rien. En 2011, il y avait 140 000 soldats en Afghanistan pour venir à bout de cette rébellion, ils n'y sont pas arrivés et, aujourd'hui, on s'en va. Il ne se passe pas une journée sans qu'il y ait un attentat. C'est l'insécurité totale ".

"On n'en veut pas à l'armée française, mais à l'incompétence des officiers supérieurs"

 

Le père du sergent mort sur le théâtre de l'opération Pamir dénonce l'ignorance et l'incompétence des officiers supérieurs, qui "n'ont pas été à la hauteur de la tâche ". La famille Buil, comme six autres familles, avaient saisi la justice en octobre 2009, pour qu'elle détermine les responsabilités dans la gestion de l'embuscade fatale d'Uzbin. Une procédure judiciaire toujours en cours.

 

 "On attend. Il y a un mois et demi, on a eu un courrier du parquet nous disant que le juge d'instruction avait fini ses investigations. On sait que la justice en France est très longue. On a confiance en la justice. Cela fait 5 ans qu'on a porté plainte, c'est court et c'est long à la fois mais nous pensons quand même qu'il y aura une justice et que ça portera ses fruits, surtout pour que ça ne se renouvelle pas. On n'en veut pas à l'armée française, pas du tout, on en veut par contre à l'incompétence de ces officiers supérieurs, généraux entre autres, des ronds de cuir, qui pour la plupart n'était pas sur le terrain ".

 

Devoir de mémoire

Pour commémorer la mort de leur fils, comme tous les ans, le 18 août 2008, la famille Buil se rendra à Castres, à la cérémonie organisée par le régiment. "C'est le souvenir et on y tient absolument. L'épouse de mon fils et mes petits enfants y participent. C'est le devoir de mémoire de chaque personne qui côtoie ces soldats qui tous les jours font leur métier durement, avec tous les risques que ça comporte ".

Réaction de Jean-François Buil, père du sergent Damien Buil, mort au combat en Afghanistan en 2008
 

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.