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Meurtre de la jeune Agnès : témoignage de ses grands-parents

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Article rédigé par franceinfo
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Ceux-là ont abandonné les centres urbains pour s'installer dans les galeries marchandes des grandes surfaces.

Dans quelques jours, s'ouvrira le procès d'un viol et d'un meurtre, qui avaient ému et choqué la France. La victime était la jeune Agnès, cette élève du collège-lycée cévenol du Chambon-sur-Lignon. Son agresseur était un élève du même établissement, et il avait déjà été reconnu coupable d'un viol. Voici un témoignage bouleversant de force et de sincérité, celui des grands-parents d'Agnès. Ils s'expriment très librement, très dignement aussi.

Photos, statue. Agnès est présente chez ses grands-parents. "Pour moi, elle est vivante", dit sa grand-mère.

Je ne peux pas me séparer de sa pensée. Ce serait encore plus dur de la chasser.

A cause de mauvais résultats a l'école, Agnès part en internat. En avril 2011, elle quitte Paris pour le collège Le Cevenol, à Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire. A la mi-novembre, on retrouve son corps dans un ravin, en partie brûlé avec les traces de 17 coups de couteau. On soupçonne Mathieu, un collégien de 17 ans, qui sera mardi jugé pour viol et assassinat.

J'ai pour lui un grand mépris.

Je ne redoute pas d'être face à cet ignoble individu.

Vous n'avez jamais cité son prénom en parlant de l'affaire.

Jamais. Il n'a plus ni prénom ni nom.

Le jeune homme a déjà été mis en examen pour viol sur une autre jeune fille en août 2010. Les grands-parents d'Agnès ont voulu la rencontrer.

Elle nous a dit, en termes remarquables pour une enfant, que cela avait été pour elle une peine épouvantable que de savoir que quelques mois après, la 2e victime était morte.

Elle a dit : "Si j'étais morte, Agnès ne serait pas morte.

Les juges avaient remis Mathieu en liberté après 4 mois de provisoire.

Pour vous, il y a un ou plusieurs coupables.

Plusieurs.

Non, il y a un assassin ! Il a atrocement tué notre petite-fille. J'aime la justice, et je voudrais qu'elle montre qu'elle peut dire "oui, j'ai commis une faute lourde". Il y a une chaîne de responsabilités, mais un seul coupable.

Disons que le coupable n'aurait pas pu opérer si les choses avaient été prises en main autrement.

Quand la justice fonctionne mal, elle tue. Elle est là pour nous défendre, défendre une enfant de 13 ans.

La justice s'est servie du rapport d'un psychiatre : "Nous considérons que cette personne n'est pas dangereuse.

Il ont mis dehors un gars parce qu'un expert a juge à leur place. Ce sont les juges qui doivent juger. Les experts n'y connaissent rien. C'est de la médecine de bavardage. Responsabilité aussi du collège. Après 17 refus, le père de Mathieu s'adresse au Cevenol. Il avoue au directeur que son fils a des problèmes judiciaires, sans citer le mot "viol".

Quand on dirige un établissement, on s'informe un peu. Même si les autorités du Cévenol n'ont pas entendu le mot "viol", il se sont aperçus que c'était dangereux d'avoir ce gamin.

Mathieu est aujourd'hui considéré comme dangereux par les psychiatres. Pour les grands-parents d'Agnès, cette affaire révèle un autre mal.

Il y a une sorte d'indifférence, d'accoutumance. Par rapport aux crimes, aux viols, aux assassinats. Quelque chose est troublant. On s'habitue. Tant que ça vous touche pas.

Agnès a été enterrée le jour de ses 14 ans. Mathieu, 19 ans et demi, encourt la perpétuité pour les deux crimes.

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