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"On y va, on ne se pose pas de questions" : à bord du "Président Louis Trichet", des sauveteurs de la SNSM racontent leur engagement

Après la disparition de trois de leurs collègues lors du naufrage de leur bateau au large des Sables-d'Olonne, en Vendée, les sauveteurs de la station de Talmont Port Bourgenay témoignent de leur engagement, chevillé au corps.

Article rédigé par franceinfo, Benjamin Mathieu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Eric Trichet (à gauche), à bord de sa vedette de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), le 9 juin 2019. (BENJAMIN MATHIEU / FRANCEINFO)

Veste orange siglée SNSM sur le dos, Patrick Breton, le commandant du Président Louis Trichet, cette vedette 2e classe de 1 000 CV, met les gaz. "On n'est rien, on n'est jamais forts, la preuve." Sauveteur depuis 35 ans, ce retraité est particulièrement touché par la disparition de ses trois collègues, le vendredi 7 juin, lors du naufrage de leur bateau au large des Sables-d'Olonne (Vendée).

Sur le coup, quand j'ai vu le bateau retourné sur la côte, j'ai dit : 'J'arrête, c'est bon, un jour ce sera notre tour.'

Patrick Breton, commandant d'une vedette de la SNSM

à franceinfo

Mais pas question d'arrêter. Le sauvetage, c'est une famille, une solidarité. "C'est un engagement qui est très fort", ajoute Patrick Breton. "Ils ne pouvaient pas refuser la sortie, ils étaient obligés d'y aller. N'importe qui aurait fait pareil. On y va, on ne se pose pas de questions. On est tous un équipage soudé, le patron prend la décision d'y aller, les gens sont tous derrière, ça suit."

En liaison permanente avec les Cross

Eric Trichet, patron suppléant de 58 ans, fait visiter cette vedette récente de 12 mètres de long. "Là, vous êtes dans la timonerie du bateau, le barreur est ici. Là on a l'emplacement pour mettre un plan dur ou un brancard pour mettre le naufragé, comme ça le médecin peut s'installer à côté. Et ici c'est le centre de toutes les communications, parce qu'on est en permanence en liaison avec les Cross (Centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage)."

Lundi, il sera avec ses collègues, à bord de ce même bateau, pour accompagner le long du littoral, aux Sables, la marche silencieuse. "Même s'il avait fallu prendre ma journée, je l'aurais fait pour y aller", affirme Sébastien Baudry. "Quand on part, j'ai toujours une pensée pour ma compagne et mes enfants." Pour ce sauveteur de 43 ans, père de deux enfants de 6 et 8 ans.

Je pense que ma compagne m'aurait dit de pas y aller. Après, c'est un choix. Si on se sent pas d'y aller quand on regarde la mer, on n'est pas obligés d'y aller.

Sébastien Baudry

à franceinfo

Les six bateaux vendéens de la SNSM seront sur l'eau lundi matin ainsi que des bateaux de pêcheurs pour rendre hommage aux disparus mais aussi aux rescapés. "Quand on dit, M. le Président de la République veut leur accorder la légion d'honneur aux disparus, je pense que les rescapés devraient l'avoir aussi", estime Patrick Breton. Lui et ses collègues portent fièrement les couleurs de la SNSM : le orange éclatant qui peine pourtant à masquer leurs yeux rougis par le chagrin.

A bord de leur puissante vedette de sauvetage, des sauveteurs de la SNSM racontent leur engagement
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