Tempête Alex : 'L'État ne peut pas laisser l'ensemble de la métropole et de son économie exsangue", plaide Christian Estrosi
Après avoir agi dans l'urgence pour sortir les habitants sinistrés de l'isolement après le passage de la tempête Alex, Christian Estrosi s'attend désormais à "des ajustements budgétaires terrifiants à faire". Il compte sur la promesse d'Emmanuel Macron pour que l'État prenne sa part.
"L'État ne peut pas laisser l'ensemble de la métropole et de son économie exsangue", a plaidé sur franceinfo mercredi 7 octobre Christian Estrosi, le maire LR de Nice et président de la métropole Nice Côte d'Azur, alors qu'Emmanuel Macron est attendu dans l'après-midi dans les villages sinistrés des Alpes-Maritimes après la tempête Alex. Le maire de Nice chiffre à 600 millions d'euros le coût pour la métropole des inondations et demande une prise en charge de l'État.
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Qu'allez-vous demander à Emmanuel Macron ?
D'abord, j'ai demandé la déclaration d'état de catastrophe naturelle. Nous avons d'ores et déjà fait des efforts considérables en mobilisant tout le personnel de la métropole depuis cinq jours et cinq nuits. Ils ont la charge des routes, des réseaux d'eau, des réseaux d'assainissement, du traitement des ordures ménagères et du raccordement, du désenclavement de tous les villages. Nous avons opéré par des pistes de fortune.
Il n'y a aujourd'hui plus un seul village enclavé, mais la reconstruction, c'est à peu près 600 millions d'euros pour les services de la métropole.
Christian Estrosi, président de la métropole Nice Côte d'Azurà franceinfo
Naturellement nous avons déjà engagé une grande part de ces 600 millions en cinq jours, ce qui permet aujourd'hui qu'il n'y ait plus un seul citoyen du haut pays, de la montagne de notre métropole qui soit en situation d'isolement ou qui soit enclavé. Cela a été la priorité. On a mis le paquet, on n'a pas réfléchi. On sait qu'on a des ajustements budgétaires terrifiants à faire. Mais c'est notre devoir de solidarité. En même temps, si nous faisons le travail, l'État ne peut pas laisser l'ensemble de la métropole et de son économie exsangue.
Quelle doit être l'enveloppe, l'effort de l'État ?
600 millions d'euros, si nous devons les emprunter pour 30 ans, cela veut dire que tous les projets sur lesquels aujourd'hui nous avançons sur la mobilité, les transports, la formation, les campus universitaires, la modernisation de nos technopôles, de nos grands centres industriels, nos start-up etc. Il faudrait arrêter une grande part de toute cette activité qui nourrit la cohésion économique et sociale pour pouvoir se consacrer à redonner vie à une quinzaine de villages.
Je m'engage personnellement à ce que d'ici Noël prochain, la vie soit redonnée en totalité à chacun des villages.
Christian Estrosi
C'est un engagement personnel, mais en même temps, je n'imagine pas un seul instant que le président de la République, avec lequel j'ai beaucoup échangé ces derniers jours et qui s'y est engagé à mes côtés et qui a toujours tenu parole ces trois dernières années chaque fois que j'ai fait appel à son soutien dans de nombreux domaines, qu'il fasse défaut à sa parole.
Vous allez aussi demander la mise en œuvre rapide de dégrèvements ?
Je demande que nous ayons un dégrèvement qui fasse que pour les entreprises des communes touchées, la taxe foncière, la CFE, [cotisation foncière des entreprises], la CVAE [cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises], l'exonération des cotisations patronales, l'accès au dispositif de chômage partiel jusqu'à la reprise de l'activité, le report de remboursement de prêts garantis par l'État que les entreprises de ces communes auraient pu contracter pour faire face à la crise sanitaire et pour les particuliers l'exonération de l'impôt sur le revenu pour les foyers touchés, ainsi que le dégrèvement de la taxe foncière et de la taxe d'habitation pour les résidences principales et secondaires. Je propose également que le dégrèvement de la taxe de séjour soit mise en place pour relancer l'économie touristique. Nous ne voulons pas rater non plus la saison d'hiver.
Ces deux vallées conduisent à cinq stations de sports d'hiver qui dépendent de la métropole et qui nourrissent toute l'économie de montagne, qui représentent des centaines d'emplois pour les habitants des villages de ce haut pays, on a quelques semaines pour reconstruire.
Christian Estrosi
Quelle est la première urgence ?
La première urgence, c'est déjà de faire en sorte que la circulation pour les véhicules individuels et les télécommunications soit totalement rétablies. C'est à 80%. Les 20% restants, ce sont des travaux lourds et difficiles que nous avons engagés. Il faudra que nous ayons aussi des procédures simplifiées de la part de l'État, de la Dréal (Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement], etc., qu'ils soient à nos côtés et que nous ne soyons pas confrontés à ces technostructures des ministères parisiens qui, dès qu'il y a un recours d'un tel ou d'un tel, parce que nous ne manquerons pas d'en avoir des écologistes radicaux, etc., qui vont vouloir empêcher de faire comme d'habitude, que nous puissions bénéficier de procédures d'urgence où la collectivité puisse agir.
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