"On n'a besoin de personne" : coupé du monde depuis la tempête Alex, le hameau de Casterino se confine pour l'hiver
Les pistes qui mènent à ce hameau de la Vallée des Merveilles, dans les Alpes-Maritimes, situé à plus de 1 500 mètres d'altitude, sont devenus impraticables avec l'arrivée de l'hiver, même pour les 4×4.
"On va avoir un petit passage à gué, attention aux chevilles." C’est dans les pas de Franck Panza, accompagnateur en montagne, que nous montons à Casterino, trois heures d’ascension depuis Tende. Pour s’y rendre, la route est toujours impraticable. Depuis quelques jours, même les 4×4 ne passent plus car "les pistes sont actuellement recouvertes soit de glace ou de neige", explique l’accompagnateur.
Deux mois après le passage de la tempête Alex dans les Alpes-Maritimes, les habitants du hameau de Casterino, sur la commune de Tende, se retrouvent plus isolés que jamais. Et si la France est en train de se déconfiner, des habitants s'apprêtent à passer l'hiver coupés du monde.
"Il y a une solidarité"
À 1 550 m, dans le hameau habituellement touristique il y a quatre auberges qui ont les volets clos. "C’est un village fantôme", plaisante Franck Panza. Quatre habitants ont préféré partir et sept veulent rester cet hiver, dont André Boulanger : "Il faut que quelqu’un surveille un peu." Le propriétaire de l'hôtel Les Mélèzes a centralisé les réserves de nourriture : "Les pâtes ce n’est pas ce qui manque. Les 50 kilos, ils y sont, pour six mois c’est bon. On a de la farine et du café." André ouvre aussi sa chambre froide. "Il me reste quelques légumes mais pas grand-chose. Pour sept personnes, c'est un peu limite", explique-t-il.
Gestion des stocks commune, un repas pris ensemble chaque semaine… Depuis la tempête, les liens se sont resserrés, confirment Gisou et Aldo, retraités qui habitent un peu plus bas : "Il y a une solidarité qui s’est créée, c’est fabuleux. On a des problèmes d’eau, vous savez ici on a une source et on est venu m’aider on a monté un gros tuyau, on n’a pas refait le réseau mais presque."
"Vivre un peu loin des hommes"
Eau, électricité, téléphone rétablis… À Casterino, on se sent prêt à passer l’hiver isolé. André n’a que faire des mises en garde du maire de Tende en cas d’incendie ou d'urgence médicale. "Quand je suis descendu je leur ai dit : nous, à Castérino, on ne veut pas que vous soyez responsable de nous. Si vous voulez, je vous signe une lettre, mais moi, je veux rester tranquille. On est autonomes, on n'a besoin de personne", raconte André.
D’autant qu’un de ceux qui restent, Eric Glémot, est déclencheur d’avalanche, en lien radio avec les secouristes, pas mécontent de cette période d’isolement. "Je peins, j'écris, je fais de la musique. Je me balade beaucoup en montagne. Je ne dis pas que je n’aime pas l’humain mais des fois, c’est pas mal aussi de vivre un peu loin des hommes." Des hommes et des femmes que Casterino a malgré tout hâte de voir revenir. "Si je ne travaille pas l’été prochain, c’est fini", lâche le patron de l’hôtel Les Mélèzes.
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