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Vague de chaleur : "C'est la fin d'une certaine forêt telle qu'on la connaît", explique un hydrologue

Pour Vazken Andreassian, "il faut s'attendre à un changement des espèces forestières" sur le territoire français en raison de la multiplication des phénomènes de sécheresse et des vagues de chaleur.

Article rédigé par franceinfo
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Une forêt brûlée après des incendies près de Landiras, dans le sud-ouest de la France, le 29 juillet 2022. Photo d'illustration. (THIBAUD MORITZ / AFP)

"Ce n'est pas la fin de la forêt, mais c'est la fin d'une certaine forêt telle qu'on la connaît", a expliqué mardi 30 août sur franceinfo Vazken Andreassian, hydrologue à l'Institut national pour la recherche en agriculture, alimentation et environnement (Inrae), alors que l'été 2022 est le deuxième été le plus chaud après 2003, avec des pics de chaleur "exceptionnels", selon Météo France. "Il faut s'attendre à un changement des espèces forestières", prévoit Vazken Andreassian. Les hydrologues de l'Inrae s'interrogent "sur des façons de gérer l'eau" combinant "besoins de la nature, des écosystèmes et de l'homme".

franceinfo : La sécheresse exceptionnelle que l'on a connue en 2022 va-t-elle devenir la norme ?

Vazken Andreassian : La sécheresse exceptionnelle est liée seulement partiellement à la vague de chaleur. Elle est surtout liée à un manque de pluie. On pourrait avoir un climat avec de la chaleur et de la pluie. Mais ce qui a créé cette année une vraie sécheresse, c'est le manque de pluie sur un grand nombre de mois. C'est cela qui a été important.

La vague de chaleur, elle aggrave la situation, notamment pour l'agriculture, mais aussi pour la forêt. Les arbres qui sont stressés par le manque d'eau résistent beaucoup plus mal à la chaleur. Ils font ce que l'on appelle des embolies. Ils ont des branches qui meurent et parfois même toute la couronne qui meurt. Et les plantes, s'il y a une vague de chaleur, elles ont absolument besoin d'eau pour se refroidir. Une plante ne peut pas se mettre à l'ombre. Si elle est au soleil et qu'elle n'a pas d'eau à évaporer pour se refroidir, elle grille au soleil.

Quelles sont les conséquences de cette sécheresse et de la vague de chaleur ? Est-ce que l'on peut imaginer voir une modification de nos cours d'eau, une modification de nos paysages au cours des prochaines années ?

On aura une modification de nos paysages dans la mesure où, dans le paysage qui nous semble naturel, dans nos forêts naturelles, on a sans doute beaucoup d'espèces qui ne survivront pas à quelques années de sécheresse, ou à quelques années de vague de chaleur.

"Il faut s'attendre à un changement des espèces forestières. On parle beaucoup de l'épicéa, le sapin de Noël, ou parfois d'espèces américaines plus productives, comme le sapin de Douglas. On n'est pas sûr que ces espèces arrivent à survivre à basse altitude."

Vazken Andreassian, hydrologue à l'Inrae

à franceinfo

Cela ne veut pas dire qu'ils vont tous mourir d'un coup, mais ils vont petit-à-petit dépérir. Ils seront remplacés lentement si on ne fait rien, ou un peu plus rapidement si l'on fait quelque chose, par des espèces qui sont mieux adaptées. Ce n'est pas la fin de la forêt, mais c'est la fin d'une certaine forêt telle qu'on la connaît.

Quels sont les impacts pour les cultures agricoles ?

Il faut bien voir qu'il y a deux types de cultures agricoles. Il y a celles qui sont vivantes et qui ont besoin de croître pendant l'été. Et puis, celles qui ont fini leur cycle plus tôt comme le blé par exemple. Le blé, vous le plantez en automne et vous le récoltez suivant les endroits début juin-début juillet. Le blé, d'une certaine façon avec son cycle, échappe aux principales vagues de chaleur. Le maïs, lui, aime beaucoup la chaleur, mais il a besoin d'eau. S'il n'en a pas pendant sa période de croissance, pendant la vague de chaleur, il grille au soleil. Il a besoin d'évaporer de façon abondante pour pouvoir se refroidir.

Est-ce que cela veut dire que vous réfléchissez déjà à de nouveaux modèles de gestion de l'eau et de choix de cultures ?

L'Inrae travaille beaucoup sur les choix de cultures et notamment sur la vigne pour avoir des variétés mieux adaptées qui soient plus tardives. Aujourd'hui, les vendanges sont de plus en plus précoces et cela a un impact sur la qualité du raisin. D'un autre côté, nous les hydrologues, on s'interroge beaucoup sur des façons de gérer l'eau qui essaieraient serait de combiner les besoins de la nature, les besoins des écosystèmes et les besoins de l'homme et de l'irrigation. Ce n'est pas simple du tout. Il y a un certain antagonisme entre, faut-il laisser de l'eau dans la rivière, ou faut-il laisser de l'eau dans les réservoirs pour alimenter en priorité les communes et les agriculteurs ?

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