: Infographie Visualisez en un graphique le niveau inquiétant des nappes phréatiques
Le niveau des nappes phréatiques n'a jamais été aussi bas. C'est le constat qu'a fait le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM), en charge de la surveillance des eaux souterraines, dans son dernier rapport publié le 13 mars 2022. Pour le mois de février, la quasi-totalité "des nappes affiche des niveaux sous les normales et 80% d'entre elles ont un niveau modérément bas à très bas", a expliqué Violaine Bault, hydrogéologue du BRGM, en conférence de presse.
En comparaison, en février 2022, seulement 47% des nappes se situaient en dessous de la normale. "On a déjà connu une situation similaire" à cette époque, en 2012 et en 2017, mais ce qui est inédit, "c'est que toute la France est touchée", souligne-t-elle. Cette situation inédite accentue donc la menace d'une probable sécheresse précoce dans les prochains mois, selon le Bureau des recherches géologiques et minières.
Comment expliquer un tel phénomène ? "On a eu une pluviométrie déficitaire en 2021 et 2022", explique Gilles Porel, hydrogéologue et maître de conférence à l'université de Poitiers. En d'autres termes, la quantité d'eau de pluie tombée sur l'Hexagone "a été trop faible entre octobre et mars, période où l'eau s'infiltre dans les sols pour atteindre les nappes".
D'après Météo France, le mois de février a été le quatrième mois le plus sec en France depuis 1959, avec notamment une série record de 32 jours sans pluie entre le 21 janvier et le 21 février et un déficit global des précipitations dépassant les 75%. Ce manque a été particulièrement dommageable, avec un "arrêt brutal de la recharge", décrypte Violaine Bault.
Moins d'eau et une eau moins bonne
Résultat : les pluies infiltrées durant l'automne sont très insuffisantes pour compenser les déficits accumulés durant l'année 2022, touchée par d'importantes canicules, et améliorer durablement l'équilibre fragile des nappes. Et après cette période hivernale, même s'il pleut, il sera malheureusement trop tard pour recharger les nappes phréatiques, car "l'eau ne rentre plus dans les sols en période estivale à cause de la reprise de la végétation, qui a besoin d'eau pour se développer, et des températures plus élevées qui favorisent l'évaporation", détaille Gilles Porel.
Ce manque d'eau dans les nappes phréatiques risque d'avoir d'importantes conséquences cet été, aussi bien sur l'environnement que l'activité humaine. Garder un équilibre entre l'eau qui pénètre le sol en hiver et ce que l'être humain peut pomper le reste de l'année est essentiel. Or, "avoir des réservoirs vides signifie que les agriculteurs et les industriels doivent moins pomper et se restreindre, ce qui risque de mettre en péril leur production", explique Gilles Porel.
Mais un autre risque, lui-aussi important, menace l'activité humaine. Une diminution du volume d'eau pose des problèmes quant à la qualité de cette dernière, car elle risque d'être moins diluée. "Quand il y a une arrivée d'eau propre issue de la pluie dans les sols, celle-ci dilue l'eau déjà présente dans nos réservoirs naturels qui peuvent être pollués (avec du nitrate, par exemple)", décrit Gilles Porel. "Mais s'il n'y a pas d'arrivée d'eau, la pollution qui préexiste ne peut pas se diluer, donc on observe une concentration en éléments indésirables plus fortes."
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