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À Marseille, la pollution de l'air en nette augmentation, à cause des paquebots bloqués à quai par le confinement

Si le confinement du printemps 2020 a globalement eu un effet positif sur la pollution de l'air, à Marseille, les paquebots bloqués dans le port auraient pollué autant que tout le trafic automobile enregistré sur la ville durant cette période.

Article rédigé par Olivier Martocq
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des paquebots de croisière dans le port de Marseille. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Cette fois, ce sont les riverains qui ont donné l'alerte : les capitaines de navires font tourner les moteurs la nuit. Elisabeth Pelliccio, à la tête du comité d'intérêt de quartier de Saint-André, au nord de Marseille, a installé un capteur qui analyse la pollution de l'air. "Bizarrement, ça fluctue beaucoup la nuit, explique-t-elle. Alors la nuit, il y a peut-être un peu le chauffage. Il n'y a pas de camions, pas de véhicules, puisqu'on est tous confinés. Donc, il ne reste plus que nos chers bateaux de croisière. On a des pics à 120 microgrammes : c'est effrayant."

Santé publique France a étudié  les conséquences sur la mortalité des baisses de la pollution de l’air ambiant observées durant le premier confinement. Son étude, dont les résultats sont publiés mercredi 14 avril, établit qu'en France, les baisses ponctuelles des niveaux de pollution au printemps 2020 ont permis d'éviter environ 2 300 décès, en raison d'une diminution de l’exposition de la population française aux particules ambiantes.

Les paquebots font tourner les moteurs pour produire de l'électricité

À Marseille le confinement a produit l’effet inverse : selon une étude d’AtmoSud, les paquebots, bloqués à quai à cause du confinement et qui continuent à faire tourner leurs moteurs à cause des équipages à bord, auraient pollué autant que tout le trafic automobile enregistré sur la ville durant cette période. "L'ensemble des navires qui sont dans le port continue de produire de l'électricité en faisant tourner leurs moteurs", indique Dominique Robin, le directeur de AtmoSud, en charge de l'analyse de la qualité de l'air à Marseille.

"La première pollution à Marseille reste la voiture. Les navires ont à peu près le même niveau de rejet mais leur impact est lié aux directions du vent, plus ou moins orientées sur les populations."

Dominique Robin

à franceinfo

Ces données interpellent, car même si leur nombre est record, il n'y a que treize paquebots à quai à Marseille depuis un an. "Il y a des gens qui vont donner des chiffres par rapport à la moyenne, dénonce de son côté Victor Hugo Espinosa, le président de l'association L'Air et moi. Mais si on prend par rapport aux voitures euro 6, on peut dire qu'un bateau comme ça qui traverse la Méditerranée pollue autant que 400 000 voitures." 

Jean-François Suhas, pilote au port de Marseille et président du club de la croisière, ne nie pas cette pollution, mais lui appelle à regarder vers l'avenir. "C'est absolument vrai, concède-t-il, parce que ces bateaux sont là 24h/24h et sont en grand nombre."

"La pollution a plutôt augmenté mais nous travaillons pour qu'elle soit réduite dans les prochaines années. Je crois que c'est ça qui est important de retenir."

Jean-François Suhas

à franceinfo

"Nous sommes le seul port de Méditerranée à connecter des bateaux, poursuit Jean-François Suhas. Grâce au plan Escale zéro fumée, nous aurons à l'horizon 2023-2025 à peu près tous les bateaux à passagers, ferries et paquebots connectés dans le port de Marseille." Selon Santé publique France, la mortalité liée à la pollution de l’air ambiant reste un risque conséquent en France avec 40 000 décès attribuables chaque année aux particules fines.

Pollution des paquebots de croisière à Marseille : reportage d'Olivier Martocq
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