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Infographies Y avait-il vraiment plus de neige avant ?

La période pendant laquelle les pentes des montagnes situées en moyenne altitude sont sous la neige dure de moins en moins longtemps. Mais les zones situées à plus haute altitude sont moins touchées par cette diminution de l'enneigement. 

Article rédigé par Nicolas Enault
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Les abords enneigés de la tour Eiffel, à Paris, le 22 janvier 2019. (MUSTAFA YALCIN / AFP)

Y avait-il davantage de neige il y a 20, 30, 50 ou 70 ans ? Ou nos souvenirs d'enfance nous auraient-ils trompés ? La saison 2018-2019 de ski a commencé difficilement dans les Pyrénées, le Massif central, le Jura et les Vosges à cause d'un manque de neige. Début janvier, la moitié des stations pyrénéennes étaient à l'arrêt, faute de neige. L'enneigement y a atteint son plus bas niveau depuis 22 ans. Cela n'a toutefois pas empêché les stations de ski d'enregistrer une hausse de leur fréquentation durant les vacances de Noël par rapport à la saison précédente, notamment grâce aux stations des Alpes du Nord, mieux loties. Ce manque d'enneigement, en partie comblé depuis la fin du mois de janvier, traduit-il une tendance observable sur plusieurs années ?

Interrogée par franceinfo, Béatrice Vincendon, chargée du service Analyse et veille hydro-climatique à la direction de la climatologie et des services climatiques de Météo France, indique qu'il y a "peu d'études spécifiques sur l'évolution selon les observations passées de chutes de neige [mais] qu'il s'agit d'un phénomène hivernal avec une forte variabilité naturelle, hors changement climatique". Pour analyser précisément l'évolution des chutes de neige, il faut distinguer trois types d'environnement : les zones de plaine, celles de moyenne montagne et celles de haute montagne. Les impacts du réchauffement climatique n'y sont pas visibles de la même façon.

Cinq jours de neige en moins tous les dix ans en moyenne montagne

Pour ses observations et analyses sur la moyenne montagne, Météo France se base sur les relevés de la station de référence se trouvant au col de Porte, près de Grenoble (Isère), dans le massif de la Chartreuse, à 1 325 mètres d'altitude. Là, les experts prennent des mesures depuis 1961. Ils mesurent notamment la durée de l'enneigement annuel au sol et à un mètre de hauteur.

Dans cette zone de moyenne montagne, le constat est sans appel. Les données montrent en effet une baisse de la durée d'enneigement de cinq jours par décennie pour la présence de neige au sol, et de plus de dix jours pour les hauteurs de neige supérieures à 1 mètre. Sur son site dédié à l'étude de l'évolution du climat, Météo France précise que ce "diagnostic de diminution peut se généraliser à l’ensemble des zones de moyenne montagne en France". Béatrice Vincendon précise que "cette baisse est liée à la hausse des températures qui modifie la phase des précipitations qui tombent plus sous forme de pluie que sous forme de neige". Les effets du réchauffement climatique sont donc visibles à cette altitude, où la limite pluie-neige remonte progressivement. 

Pas de tendance à la baisse en haute montagne

Pour analyser l'évolution de la durée moyenne d'enneigement en haute montagne, les scientifiques procèdent à des reconstitutions à l'aide d'une modélisation du manteau neigeux. Elles permettent de remonter à 1960 dans les Alpes et à 1980 dans les Pyrénées. En fonction des massifs, la hauteur de neige prise en compte varie. Sont comptabilisées les journées ayant vu un enneigement supérieur à 50 cm dans les Alpes du Sud et dans les Pyrénées, et supérieur à 1 mètre dans les Alpes du Nord. 

Dans tous les massifs étudiés, la durée d'enneigement à 1 800 mètres varie énormément d'une année sur l'autre. C'est particulièrement le cas depuis la fin des années 1980 dans les Alpes du Nord. Au sud, aucune évolution significative à la baisse n'est détectée dans les données relevées par Météo France. La diminution de la durée d'enneigement observée en moyenne montagne n'est donc pas constatée à une altitude plus élevée.

En plaine, des chutes de neige un peu moins abondantes

Lorsque l'on quitte les massifs, la variabilité naturelle des chutes de neige est très forte. Pour Béatrice Vincendon, les "hauteurs de neige records et leur date de survenue sur plusieurs stations bien réparties en métropole en attestent". Près de Paris, le record enregistré dans la station de Trappes date du 1er mars 1946, avec 55 cm de neige. Celui de la station de Bâle-Mulhouse, quant à lui, date du 5 mars 2006. Entre les deux, on trouve Nice, le 8 janvier 1985, avec 38 cm.

Sur la quinzaine de stations analysées, réparties à différents endroits de la métropole, lorsque l'on compare le nombre annuel moyen de jours de neige sur la période 1951-1980 avec la période 1981-2010, on constate une baisse de l'ampleur des chutes de neige.

Selon Béatrice Vincendon, on observe également cette baisse "en termes de hauteurs de neige maximale annuelle". Cette évolution est toutefois à prendre avec des pincettes et aucune étude ne permet d'affirmer qu'elle est liée au réchauffement climatique. Le phénomène est, encore une fois, soumis à une très forte variabilité naturelle. Enfin, comme le précise Béatrice Vincendon à franceinfo, "le nombre d'épisodes de chute de neige en plaine chaque année ne baisse pas forcément, et peut se produire plusieurs fois par an, aussi bien dans le nord que dans le sud du pays".

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