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Les règles à suivre pour échapper à une avalanche quand on est skieur

Après la coulée de neige mortelle survenue mercredi aux Deux Alpes (Isère), francetv info a interviewé Frédéric Jarry, spécialiste du sauvetage dans ce type de catastrophes. 

Article rédigé par Julie Rasplus - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les secours se mettent en place après une avalanche survenue sur la piste de Bellecombe, dans la station des Deux Alpes, le 13 janvier 2016, en Isère.  (MAXPPP)

Ils évoluaient sur une piste fermée quand la coulée de neige s'est déclenchée. Trois skieurs sont morts dans une avalanche sur la piste de Bellecombe, dans la station des Deux Alpes (Isère). Parmi eux, un skieur ukrainien et deux lycéens de l'établissement Saint-Exupéry, à Lyon qui faisaient partie d'un groupe skiant avec leur professeur. Ce dernier a été grièvement blessé dans l'accident.

Au-delà des questions suscitées par la présence du groupe sur cette piste fermée, comment se prémunir face au risque d'avalanche lorsqu'on skie, notamment en hors-piste ? Francetv info a interrogé Frédéric Jarry, chargé de mission à l'Association nationale pour l'étude de la neige et des avalanches (Anena) et formateur en sauvetage avalanche. 

Francetv info : Quelles sont les consignes à avoir en tête pour éviter d'être victime d'une avalanche ? 

Frédéric Jarry : Là, vous partez du postulat que vous sortez. Mais il faut déjà se poser la question en amont ! Avant une sortie en hors-piste, on doit connaître le niveau de risque d'avalanche et les conditions réelles. Hier, on était sur un risque de 3/5, lié aux chutes de neige et au vent. Cela crée des structures de plaques dangereuses. Il faut aussi savoir qui va venir avec soi – car on ne sort pas seul – et le niveau d'expérience des accompagnateurs. Un groupe composé de personnes novices ne devrait pas s'engager sur des pentes dangereuses, c'est-à-dire au-dessus de 30°. Tout cela, ce sont des questions à poser avant la sortie. 

Pouvez-vous expliciter les niveaux de risque d'avalanche et le comportement qu'il faut avoir ?

Il existe cinq niveaux de risque, donnés par Météo France. Un point important : pour tout ce qui est départs d'avalanche naturels, l'échelle va bien jusqu'à 5 ; mais pour le risque de déclenchements dus au passage de skieurs, là, ça va de 1 à 4. Donc le risque 3 est loin d'être un risque moyen ; il est plutôt fort. Pour résumer, disons qu'en risque 1-2, vous avez très peu de pentes avalancheuses, la pratique reste dangereuse, mais les conditions sont propices au hors-piste. En risque 3-4, il faut avoir de l'expérience pour sortir car il y a beaucoup de pentes dangereuses et l'avalanche peut prendre de l'ampleur. 

Après s'être renseigné sur les risques, on décide de sortir. Une fois sur les skis, quelles sont les règles à respecter ? 

Quand on sort, il y a tout un tas de consignes basiques qui n'éliminent pas le risque, mais le minimisent : ne pas sortir seul, prévenir de ses itinéraires, toujours savoir où l'on est pour pouvoir renseigner les secours, ne pas suivre des traces au hasard. Il faudrait aussi être équipé d'un détecteur de victimes d'avalanche, d'une sonde et d'une pelle. S'il y a un pépin, cela permet aux copains de vous sortir de là, avant l'arrivée des secours. Rappelons qu'après 15 minutes, si vous êtes enseveli, vous vous asphyxiez. Les secours arrivent rarement avant. Enfin, il faut parfois rebrancher son cerveau : on se fait prendre par le fait que la pratique du hors-piste est "fun", mais on doit parfois arrêter de marcher à l'intuition et raisonner. 

Comment expliquer que ces règles ne soient pas toujours suivies ? 

Je pense que beaucoup de gens ne se rendent pas compte de la dangerosité du hors-piste parce que "c'est fun" et que "je n'ai jamais d'accident". Du coup, ils ne mettent rien en place pour assurer leur sécurité. Un des gros soucis, c'est aussi l'illusion de la sécurité parce qu'on a l'habitude, qu'on est près de la station ou qu'il y a beaucoup de passages sur certains itinéraires hors-piste. Or, il suffit que quelqu'un aille sur un tracé complètement vierge pour qu'il se retrouve sur un terrain de montagne où le niveau de risque est élevé. 

Si on est pris dans une avalanche, que peut-on faire pour se protéger ? 

Vous subissez ! En théorie, on dit qu'il faut essayer de s'échapper latéralement ou aller très vite si on voit que ça commence à craquer, mais une fois que vos skis sont pris, vous êtes fauchés. A partir de là, il faut essayer de nager au-dessus de l'avalanche. Si vous êtes en surface, avec les voies respiratoires dégagées, vous avez 95% de chances de vous en sortir ; elles tombent à 50% si vous êtes enseveli. Quand vous sentez que l'avalanche est sur le point de s'arrêter, essayez d'avoir les mains devant le visage pour avoir une cavité où respirer. Mais tous ces réflexes ne sont que des idées. Dans la réalité, on fait ce qu'on peut.

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