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"Nous avons repris un mètre d'eau" : dans le Var, le désarroi des sinistrés touchés deux fois en une semaine par les inondations

De nouvelles intempéries ont frappé le sud-est de la France dimanche, provoquant notamment d'importantes inondations à Roquebrune-sur-Argens (Var). Le village avait déjà été durement touché il y a dix jours.

Article rédigé par Valentine Pasquesoone
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4 min
Un tracteur abandonné dans une zone inondée de Roquebrune-sur-Argens (Var), le 24 novembre 2019.  (VALERY HACHE / AFP)

"Il faut faire avec, mais on commence à en avoir marre." Dominique, 74 ans, est à la fois impatiente et nerveuse à l'idée de retrouver sa maison. Pour la deuxième fois en dix jours, cette habitante de Roquebrune-sur-Argens (Var) a quitté dans la précipitation son domicile des bords de l'Argens, dimanche 1er décembre au matin, pour se réfugier chez sa sœur avec son mari. Et pour la deuxième fois, le couple déjà sinistré attend de constater les dégâts. 

Une semaine après des pluies diluviennes, qui ont fait sortir le fleuve de son lit et ont noyé Roquebrune-sur-Argens, samedi 23 novembre, la commune varoise a vécu un nouvel épisode d'intempéries et d'inondations, dimanche puis dans la nuit de dimanche à lundi. Franceinfo, qui avait rencontré des sinistrés du village peu après ces premières intempéries dévastatrices, a de nouveau interrogé les habitants, au lendemain d'une nouvelle catastrophe. 

"Le bas du village est un lac. On ne peut pas passer chez nous, on ne sait pas ce qui se passe", explique Dominique, qui confie être "énervée et stressée" par la situation. Il y a dix jours, sa maison avait été dévastée par de premières inondations. L'eau "est montée, montée", laissant des traces sur les volets jusqu'au niveau de ses épaules, et des affaires imbibées d'eau et de boue. "Nous avions un cabanon, aménagé spécialement pour les inondations", relate la septuagénaire. Aujourd'hui "on ne sait pas" dans quel état il se trouve, déplore-t-elle, anxieuse. 

"A chaque fois, ils sont inondés"

Non loin de là, Bertrand Jourdain attend lui aussi de voir les ravages des dernières inondations. Cet homme de 48 ans est revenu à Roquebrune-sur-Argens lundi matin, après avoir évacué et passé la nuit chez des amis à Fréjus (Var). L'habitant a repris il y a un an le camping Moulin des Iscles – un terrain du village longeant lui aussi l'Argens. "Je n'y ai pas encore accès", les routes étant toujours bloquées, mais "il y a encore eu énormément d'eau dans le camping", garantit le gérant. 

Le week-end des 23 et 24 novembre, les inondations ont ravagé les locations et sérieusement endommagé le bâtiment d'accueil de son camping, infiltré par 50 centimètres d'eau. "Nous devions commencer à nettoyer aujourd'hui, mais on est bloqués", déplore Bertrand Jourdain, dont l'habitation a aussi été touchée au niveau du sous-sol. Le coût total des dégâts s'estimait, avant ces deuxièmes inondations, à 600 000 euros. "Je suis, normalement, correctement assuré, mais au niveau du déblocage des fonds, je ne sais pas du tout comment ça va se passer", s'inquiète-t-il.

Deux crues en une semaine, c'est surprenant. Beaucoup d'habitants sont un peu défaitistes. Personne ne comprend pourquoi il y a autant d'inondations.

Bertrand Jourdain

à franceinfo

Rémi, l'ancien gérant du camping que franceinfo avait rencontré sur place, a été épargné dimanche, son habitation étant située en hauteur dans la commune. Mais le retraité a commencé à constater lundi les dégâts dans son village. "L'eau n'a pas encore regagné son lit"décrit-il. Lui-même avait vu son ancien camping largement inondé, en juin 2010. Près de dix ans plus tard, la situation reste la même. "Les campings, le Restaurant du lac... A chaque fois, ils sont inondés, toujours touchés. Il y a tout à nettoyer", regrette-t-il.

"Je suis las devant cette situation"

Au Restaurant du lac, situé également au bord de l'Argens, "c'est la double peine", commente Laurent Grégoriou, l'un des cogérants de l'établissement. Après des premiers ravages la semaine dernière, que franceinfo avait relatés, "nous avons repris un mètre d'eau dans le restaurant" dimanche, lâche l'habitant, désemparé, dont la base nautique est aussi "complètement inondée". "Le restaurant, les engins, les camions, la voiture... C'est rebelote ce matin." 

Notre habitation est totalement anéantie. La semaine dernière, nous avons eu deux mètres d'eau. Cette fois-ci, nous avons eu un mètre.

Laurent Grégoriou

à franceinfo

En une semaine, Laurent Grégoriou et sa famille, aidés d'amis et de bénévoles, avaient réussi "à ramasser tout ce qui traînait" dans leur restaurant dévasté. "Tout avait été nettoyé, et là, il va falloir refaire un état des lieux, recommencer à nettoyer dès demain, se lamente-t-il. Je suis las devant cette situation. Il va falloir trouver encore du courage, et on ne sait pas où on va le puiser." Laurent Grégoriou vit sa sixième inondation en dix ans. Il déplore, comme beaucoup d'autres, le manque de travaux pour éviter de telles crues de l'Argens.

"Cela devient effrayant"

"Cela fait peur. Maintenant, [les inondations] c'est tout le temps. On se demande comment on va continuer l'exploitation", s'interroge Claire Delmotte, une autre habitante des bords du fleuve. Avec son mari, son fils et sa belle-fille, la sexagénaire gère le domaine de l'Olivette, qui produit des olives, de l'huile d'olive ainsi que des plants d'oliviers. Il y a dix jours, une partie du terrain a été envahie par deux mètres d'eau, et jusqu'à 1,40 mètre d'eau est entrée dans le magasin du domaine. La maison de plain-pied des Delmotte a été inondée à hauteur de 40 centimètres, tout comme l'atelier de transformation. "Heureusement que nous avions terminé la récolte dix jours plus tôt, car les moulins sont inutilisables", explique Claire Delmotte. 

Elle et son mari venaient de réintégrer leur habitation, après une semaine de nettoyage et d'hébergement dans le "petit cagibi" de leur atelier, quand cette deuxième vague d'intempéries s'est abattue à Roquebrune-sur-Argens. Leur maison, heureusement, n'a cette fois pas été inondée. Mais le domaine, lui, l'a de nouveau été. "Je suis inquiète par rapport à l'avenir, mon fils va reprendre le domaine avec sa femme, confie Claire Delmotte. Ce ne sont plus des inondations normales. Ça rentre dans tout, ça détruit tout. Cela devient effrayant."

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