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Intempéries : pourquoi cet automne est terrible pour le Sud-Est

De l'Aude au Var, de fortes pluies sont de nouveau attendues à la fin de la semaine, pour la huitième fois depuis le début de l'automne. 

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Des inondations à Hyères (Var), le 26 novembre 2014. (  MAXPPP)

18 septembre, 29 septembre, 7 octobre, 10 octobre, 3 novembre, 14 novembre, 24 novembre... et probablement 29 et 30 novembre. Depuis le début de l'automne 2014, le sud-est de la France est victime de violentes intempéries. Des pluies intenses qui provoquent de fortes crues et d'importantes inondations. Francetv info livre des explications sur ce phénomène.

Des pluies intenses

On appelle "pluies intenses" des pluies qui apportent sur une courte durée une importante quantité d'eau, selon Météo France. Cette quantité peut égaler celle reçue habituellement en un mois, voire en plusieurs mois. Des cumuls de l'ordre de 50 mm en 24 heures en plaine et de l'ordre de 100 mm en 24 heures dans les régions montagneuses sont considérés comme des seuils critiques. Pour les phénomènes les plus violents, le cumul des précipitations dépasse généralement les 100 mm en une heure. 

Le 15 novembre, par exemple, plus de 215 mm d'eau sont tombés en 18 heures dans le Gard et 204 mm sur la même durée en Ardèche. En octobre, 500 mm d'eau sont tombés en 48 heures à certains endroits.

Des conditions météo spécifiques à l'automne

Dans le Sud-Est, les fortes pluies sont fréquentes en automne. A ce moment-là, des conditions météorologiques bien particulières sont réunies : près du sol, un vent de sud ou sud-est apporte de l'air humide et chaud en provenance de la Méditerranée ; la mer est encore chaude ; enfin, parce que c'est la saison qui précède l'hiver, l'air devient plus froid en altitude. 

"La configuration est toujours la même. Les conditions sont dépressionnaires et créent un phénomène d'instabilité", affirme à francetv info Jérôme Cerisier, prévisionniste chez MeteoGroup et consultant pour France Télévisions. "Ces épisodes sont souvent qualifiés abusivement de 'cévenols'. S'il est vrai que le massif des Cévennes est réputé pour l'intensité des épisodes qui l'affectent, tout l'arc méditerranéen peut être soumis à des précipitations intenses", indique Météo France sur son site internet.

Responsable du service de prévisions de Météo France Sud-Est, Isabelle Llorca précise les différences entre ces épisodes. "Un épisode cévenol se produit lorsqu'une masse d'air chaud, avec un taux d'humidité élevé, se retrouve bloquée par un relief, les Cévennes", explique-t-elle à francetv info. Cet air chaud finit par rencontrer une autre masse d'air, beaucoup plus froide, et se transforme alors en fortes pluies.

"Alors que l'épisode cévenol se produit toujours près d'un relief, l'épisode méditerranéen, lui, peut se produire n'importe où en plaine ou sur le littoral", poursuit Isabelle Llorca. Il s'agit du même mécanisme, mais il se caractérise par l'intensité des pluies sur un axe. "Et surtout, c'est un phénomène orageux, alors que l'épisode cévenol ne l'est pas forcément", insiste-t-elle. Selon Jérôme Cerisier, ces "épisodes" sont liés : l'un prend la suite de l'autre. Un épisode cévenol se produit sur le relief des Cévennes, puis survient un épisode méditerranéen sur la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) et les zones littorales.

Une Méditerranée particulièrement chaude en 2014

"A l'automne, ces épisodes sont plus importants parce qu'à cette saison, la Méditerranée est un gros réservoir d'humidité et de chaleur", souligne Isabelle Llorca. "Cette année, la température de la mer Méditerranée est élevée : en ce moment, elle est encore de 20°C", précise Jérôme Cerisier. Et plus la température de la mer est élevée, plus l'air qui se trouve au-dessus est chaud et humide, et plus les précipitations sont fortes au moment de la rencontre avec l'air froid.

Cette année, le phénomène perdure car les conditions dépressionnaires sur une vaste zone du Sud-Est se prolongent : l'air chaud et humide remonte en permanence. Dans cette situation, durable, les épisodes peuvent se succéder. A quoi est-ce dû ? Pour Isabelle Llorca, c'est impossible à expliquer : "C'est le hasard de la circulation atmosphérique."

Des intempéries difficiles à prévoir 

Selon Jérôme Cerisier, les pluies vont continuer jusqu'à la fin de la semaine. "Ce nouvel épisode sera assez fort, surtout sur le Roussillon", prévient le consultant. Jeudi 27 novembre, treize départements sont placés en vigilance orange pour des orages, des fortes pluies, du vent et des inondations. Les précipitations devraient ensuite se décaler vers le Sud-Ouest, en direction des Pyrénées-Orientales et de l'Aude. Ensuite, bonne nouvelle ! Une période d'accalmie arrive, selon Jérôme Cerisier. "Pendant la première décade de décembre, il fera plus froid. Les températures vont chuter et seront hivernales, donc de saison", estime-t-il.

"Ce sont les prévisions de mercredi, insiste Isabelle Llorca, qui préfère rester prudente. C'est une tendance, à confirmer." Toutefois, elle ajoute : "En janvier, si le phénomène se produit, il ne sera pas aussi grave : la température de la mer sera de 13°C et celle de l'air autour de 7°C. Les précipitations ne pourront pas atteindre 100 mm en une heure." Ce qui laisse penser que le Sud-Est va pouvoir souffler un peu. Et l'année prochaine ? Impossible à dire. "Ce phénomène est très variable, il fluctue d'une année à l'autre, selon les météorologistes. Isabelle Llorca ajoute qu'il n'est pas lié au changement climatique, contrairement à l'augmentation des températures.

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