Inondations : qu'est-ce que le "rail de dépressions" subi par la France depuis plusieurs semaines ?

Aline, Céline, Ciaran, Domingos... En quelques semaines, les dépressions et les tempêtes se sont succédé sur la France. A tel point que le pays a battu un record de cumul de pluie sur 26 jours consécutifs, toutes saisons confondues, a annoncé Météo-France lundi 13 novembre. "Entre le 18 octobre et le 12 novembre, la France a enregistré un cumul moyen de 215,4 mm", a détaillé l'institut de prévisions dans un communiqué. Mardi, le Pas-de-Calais et la Haute-Savoie sont repassés en vigilance rouge pour le phénomène de crues et un total de 11 départements sont en vigilance orange pour crues et/ou pluie-inondations.

Météo-France explique cette "succession de passages pluvieux quasiment continus" par un phénomène de "rail des dépressions". Il s'agit d'"un courant de vents forts, dit courant-jet, étendu sur plusieurs milliers de kilomètres de long en Atlantique et situé à quelques kilomètres en altitude, qui pilote la trajectoire des dépressions qui arrivent sur l'Europe", définit pour franceinfo Loïs Pourchet, prévisionniste à Météo-France.

🌧️A la faveur d'une succession de passages pluvieux, la France a enregistré du 18/10 au 12/11 (26 jours) un cumul moyen de 215,4 mm. C’est la première fois que le pays enregistre un tel cumul sur 26 jours consécutifs toutes saisons confondues.

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— Météo-France (@meteofrance) November 13, 2023

Chaque tempête est un wagon

"Actuellement, ce courant-jet est positionné de manière assez rectiligne, il traverse l'océan Atlantique", détaille à Géo François Gourand, prévisionniste chez Météo-France. Les dépressions s'enchaînent pratiquement sans interruption en raison de ce rail de dépressions qui "joue un rôle majeur dans l’activité et la trajectoire des dépressions des moyennes latitudes", écrit Météo-France sur son site internet. 

"Le rail de dépressions, c'est comme un petit train dont chaque wagon serait une dépression."

François Gourand, prévisionniste à Météo-France

à Géo

"La différence de températures bien marquée entre les hautes latitudes et les régions subtropicales permettent au courant jet de se dresser de l'Atlantique à l'Europe de l'Ouest : cela forme un couloir pour les perturbations pluvieuses qui se forment au large et sont amenées jusqu'à nos portes par cette configuration classique", développe Météo-France.

De ce "déséquilibre énergétique lié aux différences de températures entre une masse d'air tropicale plus chaude et une masse d'air polaire plus froide", résulte "un vent fort en très haute altitude censé rééquilibrer l'atmosphère, qui crée une sorte d'autoroute réservée aux tempêtes se dirigeant tout droit vers les côtes européennes", détaille Loïs Pourchet.

L'automne, une saison propice

Si la puissance de ces dépressions est assez exceptionnelle au vu des records de précipitations enregistrés, ce rail de dépression n'est pas une anomalie météorologique. "A l'automne, le rail des dépressions se met en place, car c'est une saison changeante durant laquelle il y a un refroidissement des pôles, mais où l'on n'a pas encore complètement le refroidissement des tropiques", confirme à TF1 Lucien Vernezoul, prévisionniste à Météo-France. 

"L'orientation vers l'Europe de l'Ouest est assez classique en automne, mais cela donne lieu à des épisodes de pluie particulièrement remarquables." 

Loïs Pourchet, prévisionniste à Météo-France

à franceinfo

La persistance de l'orientation et de l'intensité des vents en altitude participe aux tempêtes qui touchent la France et apporte des épisodes de pluie marqués. "On n'observe pas une tendance particulière sur les dernières décennies", remarque Loïs Pourchet, qui assure que les dépressions ne sont pas terminées. "Il ne faut pas attendre tout de suite un épisode sec. Une nouvelle perturbation pluvieuse arrive jeudi, puis samedi sur la France avec une trajectoire assez classique venant de la façade atlantique, prévient-il. Les régions déjà touchées par les crues "ne sont pas sorties d'affaire".