Corse-du-Sud : les guides "sont responsables d'y aller ou pas" en cas de mauvaise météo
Le parquet d'Ajaccio est chargé de déterminer les causes de l'accident de canyoning qui a fait au moins quatre morts mercredi. "La responsabilité incombe à l'encadrant", a réagi jeudi sur franceinfo Jean-Paul Quilici, le premier guide de haute-montagne de Corse.
En Corse-du-Sud, un accident a fait au moins quatre morts, mercredi 1er août, quand un groupe de vacanciers, qui descendait avec un guide le canyon Zoicu à Soccia, a été emporté par une vague provoquée par un violent orage.
L'enquête ouverte par le parquet d'Ajaccio devra déterminer pourquoi les victimes ont continué leur descente alors qu'une partie du groupe a renoncé. Sur les douze personnes, sept ont poursuivi la sortie et ont été emportées par la vague. "C'est de notre ressort de renoncer à faire un canyon et à y amener des gens, estime Jean-Paul Quilici, premier guide de haute montagne en Corse. Nous sommes responsables d'y aller ou pas."
franceinfo : Quel est votre sentiment sur cet accident ?
Un sentiment de tristesse parce qu'il y a des morts. Bien sûr que le problème du canyon en Corse se pose. Surtout que, si la météo avait annoncé des orages dans le secteur, c'est à nous professionnels, guides, d'y aller ou pas. C'est de notre ressort de renoncer à faire un canyon et à y amener des gens. Déjà, nous sommes informés par la préfecture, s'il y a par exemple des incendies, quel secteur est fermé, s'il est dangereux... La préfecture nous informe sur iPhone et nous sommes bien sûr responsables d'y aller ou pas. Si on décide d'y aller quand même, la responsabilité incombe à l'encadrant.
Que vous inspire le fait que deux groupes aient renoncé à descendre ?
Ces groupes-là étaient-ils encadrés ? Cela dépend. Il y a des vacanciers qui partent faire des canyons seuls et d'autres qui vont vers des sociétés avec des moniteurs qui les encadrent. Tout dépend pourquoi ils ont renoncé. Peut-être parce qu'ils ont vu que l'orage n'était pas loin ou parce que c'était un peu trop tard, parce que ça s'est passé dans l'après-midi. Chez moi, on n'a pas vu une goutte. Mais dans le secteur des lacs de Creno et de Goria, il est tombé beaucoup d'eau.
Ce groupe-là était constitué de 12 personnes, pour un guide. C'est dans la norme ?
Oui, c'est ce que la préfecture nous autorise à prendre, c'est le maximum. Maintenant, je me bats toujours pour dire qu'il faut en prendre moins. Personnellement, je n'en prends pas plus de neuf. Douze personnes, c'est un gros groupe à gérer pour un seul guide, de mon point de vue. Je fais du canyon depuis les années 90 que et j'estime que douze personnes, c'est trop. Mais c'est personnel.
La petite fille de sept ans avait-elle un âge adapté ?
Ça dépend du canyon que vous faites. Si vous faites le Polischellu ou des randos aquatiques, la petite fille avec son père peut venir. Moi, personnellement, je commence à huit ans avec les parents. Mais, encore une fois, je fais des canyons qui sont adaptés, je ne fais pas les canyons qui sont difficiles, à la fois d'accès et où, éventuellement, il peut y avoir des crues.
Tous les guides sont bien formés à ces difficultés ?
Il y a le guide de haute-montagne, qui passe par l'école nationale de ski alpin de Chamonix. Il y a le moniteur d'escalade, qui lui, fait des formations qui sont moins poussées, qui prend l'option escalade. Et puis il y a le moniteur de canyon aussi, qui fait une formation qui dure un an. Le mot "guide", on l'emploie à toutes les sauces maintenant. La personne qui est décédée était-elle un guide de haute-montagne ou un guide moniteur de canyon ? Je ne sais pas du tout. L'enquête le dira. Nous autres guides de haute-montagne, oui, nous sommes formés à la météo. Nous avons un examen très poussé et nous sommes formés à tous les accidents qui peuvent survenir pendant notre sortie à la fois canyon et sortie en montagne.
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