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Climat : on vous explique pourquoi il faut s'inquiéter de la concentration de CO2 dans l'atmosphère, qui a atteint un nouveau record en février

Franceinfo répond à trois questions sur ce nouveau pic de concentration de dioxyde de carbone.

Article rédigé par Camille Adaoust
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une usine relâche de la fumée à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), le 28 janvier 2019. (MANUEL COHEN / AFP)

C'est un triste record. Les scientifiques de l'Institut d'océanographie Scripps, situé à La Jolla, en Californie (Etats-Unis), ont annoncé, mercredi 6 mars, que la concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère terrestre avait atteint un pic en février. En effet, ils ont mesuré 411,66 parties par million (ppm) de CO2, l'un des principaux gaz à effet de serre participant au réchauffement climatique. Qu'est-ce que ce taux veut dire ? Qu'annonce-t-il pour la suite ? Franceinfo répond à trois questions sur le sujet.

D'où vient ce taux ?

La mesure provient de la plus ancienne station de surveillance des gaz à effet de serre au monde, située à Mauna Loa, à Hawaï (Etats-Unis). Elle fournit les données nécessaires à la réalisation d'une courbe, qui montre la concentration quotidienne de dioxyde de carbone dans l'atmosphère terrestre, publiée sur le site de l'Institut Scripps (lien en anglais). En février 2019, la station a donc mesuré une concentration moyenne de 411,66 ppm, un taux mensuel jamais atteint. 

Pourquoi est-ce inquiétant ?

"Quand on sait que les émissions de gaz à effet de serre provenant des activités humaines ont atteint un pic jamais égalé l'an dernier, un nouveau record était prévisible", explique le magazine américain spécialisé dans l'environnement Grist (article en anglais). En effet, les émissions de CO2 étaient en hausse de 2,7% en 2018, comme nous vous l'expliquions dans cet article. Mais ce qui inquiète les scientifiques, avec ce nouveau record mesuré dans la station hawaïenne, c'est plutôt sa soudaineté. 

"Battre le record mensuel si tôt, en février, est inhabituel et n'est arrivé que deux fois auparavant", explique à franceinfo Ralph Keeling, directeur du groupe de recherche sur l'oxygène atmosphérique à l'Institut Scripps. "En général, les précédents maximums étaient dépassés en mars ou en avril", commente-t-il.

Battre ce record en février indique à quel point le CO2 a grimpé rapidement ces derniers mois.

Ralph Keeling

sur Twitter

Le record de l'an dernier, à 411,31 ppm, avait par exemple été battu en mai, comme l'indique le site Hawaii News (lien en anglais). Une date plus habituelle quand on observe les variations annuelles de concentration de dioxyde de carbone : le pic intervient en effet au début du printemps, puis la concentration baisse quand "les forêts vastes d'Amérique du Nord et d'Asie commencent à verdir", explique Grist

"La récente hausse n'est pas surprenante (...) face à des émissions sans précédent provenant des combustibles fossiles", ajoute Ralph Keeling.

Qu'est-ce que ça annonce pour l'année 2019 ?

Ce nouveau record vient confirmer ce que les scientifiques avaient déjà prédit. "Nos collègues du Met Office [le service national britannique de météorologie] avaient annoncé une hausse record cette année. On dirait bien qu'on en a pris le chemin", commente Ralph Keeling. 

"En effet, nous avions prédit une concentration à 411,2 ppm pour février, avec une marge de plus ou moins 0,6 ppm. La concentration de 411,66 ppm observée entre dans nos prévisions, mais figure dans la fourchette haute", répond Richard Betts, climatologue au Met Office.

Ce nouveau record va, de plus, dans le sens d'une accélération plus générale annoncée. "La moyenne annuelle de concentration du CO2 à Mauna Loa sera plus haute de 2,75 ppm (± 0,58) en 2019 par rapport à 2018, selon nos prévisions", écrit le Met Office. Pour rappel, la teneur en CO2 était de 405,5 ppm en 2017.

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