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Climat : Karima Delli appelle à "mettre fin à l’hypocrisie des dirigeants" politiques, à la veille de la publication du rapport du GIEC

Le rapport du GIEC sur l'évolution du climat sera publié lundi 9 août.

Article rédigé par franceinfo
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Karima Delli, eurodéputée EELV, en 2016. (THOMAS SAMSON / AFP)

Le rapport du GIEC sur l'évolution du climat sera publié lundi 9 août. Le dernier rapport de ce groupe d’experts du monde entier remonte à novembre 2014. En sept ans, les choses se sont accélérées et Karima Delli estime, sur franceinfo dimanche 8 août, qu’il "n’y a jamais eu autant de preuves physiques du réchauffement climatique" et que, par conséquent, "il faut mettre fin à l’hypocrisie des dirigeants" politiques. L’eurodéputée EELV et présidente de la commission transport et tourisme au Parlement européen espère que les choses vont changer, notamment aux Etats-Unis, "parce qu’on sort de la période Trump, qui était le déni climatique". Elle appelle par ailleurs à une prise de conscience, pour éviter que des situations comme la crise du Covid-19 ne se répètent.

franceinfo : On le sait déjà, ce rapport sera très inquiétant. Que va-t-il changer ?

Karima Delli : Il n'y a eu jamais autant de connaissances scientifiques, de preuves physiques du réchauffement climatique. Les principales conséquences physiques sont la hausse de la fréquence, mais surtout, de l'intensité des événements météorologiques. On le voit partout sur la planète. Les tempêtes, les inondations, les canicules et on a même l'élévation de la mer, puisqu'on est en train de vivre la fonte à vitesse incroyable de la calotte glaciaire. Donc, avec ce rapport, il faut mettre fin à l'hypocrisie des dirigeants qui nous font des grands discours. Ils nous baratinent à longueur de journée sur l'importance du combat climatique. Mais désormais, ce rapport doit dire très simplement : "Arrêtons le blabla. Maintenant, on veut des résultats. Il est temps que les discussions s'arrêtent. Il faut agir et vite."

Aux Etats-Unis, pensez-vous que l’arrivée de Joe Biden en tant que président puisse changer les choses ?

Cela va changer les choses parce qu'on sort de la période Trump, qui était dans le déni du réchauffement climatique. Il était sorti des accords de Paris. Et aujourd'hui, aucun Etat n'est capable d'appliquer les accords de 2016. Si on avait écouté les écologistes depuis trente ans, on ne serait pas dans la situation dans laquelle on est. Et si on écoutait tous ces mouvements, cette jeunesse qui a multiplié les manifestations, a montré à quel point le défi climatique était prioritaire ? La jeunesse a compris qu'on ne pouvait pas lui voler son avenir. Nous n'avons pas de planète B. On voit ces mouvements qui sont d'une grande radicalité, notamment dans les propositions, mais ils ne se font pas entendre parce que les chefs politiques s'enferment dans une posture d'hypocrites, au lieu de comprendre qu'aujourd'hui, c'est le défi climatique avant le défi économique. Moi je pense que la jeunesse a raison de mettre la pression sur les dirigeants. Maintenant, il faut un vrai programme pour faire face à l'urgence et ce n'est pas très compliqué de mettre en place la transition écologique. On a tous les moyens pour le faire. La seule chose qui nous manque, c'est la volonté politique.

Pendant le confinement au printemps dernier, la pollution a drastiquement baissé. Pensez-vous que la pandémie du Covid-19 puisse avoir une influence sur le défi climatique ?

La conscience écologiste n'a jamais été aussi forte. Maintenant, les citoyens attendent énormément de choses. Si on ne fait rien, ce genre de situation, comme la crise du Covid, risque de se répéter. Parce que l'origine du Covid, c'est un effondrement notamment de la biodiversité. Maintenant, la véritable question est quel monde voulons-nous ? Et dans le monde que nous voulons, il faut faire payer les pollueurs. Il est hors de question aujourd'hui de dire que c'est seulement aux consommateurs de faire des efforts. Il faut que les producteurs aussi fassent des efforts. Et je pense qu'il juste arrêter ce que moi, je ne supporte plus, à savoir toutes les questions de greenwashing. On se fait plaisir en disant : "Ne vous inquiétez pas, on met un peu de vert, on va faire des mini réformes ou des mini pas." Cela ne fonctionne plus. La transition écologique aujourd'hui mérite d'être mise en place très rapidement avec tout le monde, les entrepreneurs, les citoyens, les politiques. Mais notre temps nous est compté.

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