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Climat : "Ce qui manquait jusqu'ici c'est un rapport de force pour imposer l'urgence écologique", estime Delphine Batho

La présidente de Génération écologie était l'invitée de franceinfo samedi, alors que des dizaines de milliers de manifestants sont attendus en France lors de "la Marche du siècle" pour le climat.

Article rédigé par franceinfo
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La présidente de Génération écologie, Delphine Batho. (ETIENNE LAURENT / EPA)

140 organisations, dont Greenpeace, Attac, la Fondation Nicolas Hulot, appellent à une "Marche du siècle" pour le climat samedi 16 mars. Des dizaines de milliers de manifestants sont attendus en France. "Ce qui manquait jusqu'ici c'est un rapport de force pour imposer l'urgence écologique au cœur du débat politique", a expliqué sur franceinfo Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres, présidente de Génération écologie et ancienne ministre de l'Ecologie.

Franceinfo : Comment considérez-vous cette mobilisation aujourd'hui et celle des jeunes hier pour le climat ?

Delphine Batho : Je ne suis pas surprise et je crois que ce n'est que le début. La journée d'hier a été un formidable succès et on est vers l'engagement de toute une génération qui veut bousculer le système. C'est le début d'un mouvement social puissant pour l'écologie, dont on verra l'ampleur cette après-midi avec la "Marche du siècle". C'est quelque chose de très important parce que ce qui manquait jusqu'ici c'est un rapport de force pour imposer l'urgence écologique au cœur du débat politique. On est face à des responsables, tout gouvernement confondu, qui continuent de penser qu'on est sur un sujet parmi d'autres, alors que c'est maintenant une question de vie ou de mort pour l'ensemble du vivant, qui continuent de penser qu'on est sur l'horizon du temps, 2050, 2060, alors que les scientifiques disent qu'ils restent une poignée d'années pour agir efficacement face au réchauffement climatique.

Ce rapport de force est-il suffisant ?

Cette mobilisation est indispensable parce que l'on se heurte à une confiscation démocratique. J'ai été limogée du gouvernement, Nicolas Hulot a démissionné. Ce qui explique cette situation c'est qu'il y a dans les coulisses du pouvoir une confiscation par les lobbys qui imposent une vision du monde complètement obsolète. On ne peut pas faire de l'écologie indépendamment des choix de politique économique, de démocratie, de choix de modèle social. La caricature c'est quand Emmanuel Macron se rend au Kenya pour prononcer un discours en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique et quelques heures avant signe de nouveaux contrats routiers, automobiles. Ça, ce n'est plus possible.

La lutte contre le réchauffement climatique passe aussi par un changement des habitudes de vie ?

Oui, il faut changer les modes de vie. Il ne faut pas le vivre comme un sacrifice mais comme une libération par rapport à une société d'hyperconsommation qui organise une destruction permanente en même temps qu'elle organise une frustration permanente. Beaucoup de citoyens font évoluer leur comportement alimentaire, se tournent vers l'agriculture biologique, refuse des produits bourrés d'emballages en plastique. Ils le vivent comme une reprise du contrôle, de pouvoir et non pas comme une frustration ou un sacrifice. Donc, oui, il va falloir changer les modes de vie.

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