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Biodiversité : Luc Jacquet "cherche encore quel est le langage, quelle est la bonne méthode pour mobiliser les gens"

Le réalisateur de "La marche de l'Empereur" appelle sur franceinfo.fr à protéger "l'Antarctique".

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le réalisateur Luc Jacquet lors du festival du film américain de Deauville (Normandie), en septembre 2016.  (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

"Il y a un côté désespérant", déplore Luc Jacquet, le réalisateur de La marche de l'Empereur, mardi 30 octobre sur franceinfo alors qu'il publie une tribune sur franceinfo.fr dans laquelle il appelle le gouvernement à protéger l'Antarctique. "C'est de nous dont on parle !", se désespère-t-il. "Je cherche encore quel est le langage, quelle est la bonne méthode pour mobiliser les gens".

franceinfo : Les scientifiques ont beau alerter, rien ne semble y faire. Avez-vous l'impression que les politiques sont dans le déni ?

Luc Jacquet : Oui, rien n'y fait. Très clairement. Les scientifiques essaient, les ONG essaient, nous autres artistes essayons d'attirer l'attention. On part des moyens les plus divers possibles. Je crois qu'il y a un côté désespérant. Je vois des scientifiques de plus en plus déprimés. Les gens produisent des connaissances de plus en plus fines, de plus en plus prédictives et on ne les écoute pas. Il y a un côté complètement paradoxal à investir des sommes considérables pour produire une connaissance dont on ne se sert pas. Je ne comprends pas. Je cherche encore quel est le langage, quelle est la bonne méthode pour mobiliser les gens puisqu'encore une fois c'est de nous dont on parle, c'est du milieu dans lequel on vit, c'est de notre maison dont on parle.

La France a-t-elle le pouvoir d'organiser la sanctuarisation de l'Antarctique que vous demandez?

Ce n'est pas la sanctuarisation de l'Antarctique qui est déjà protégée par le traité de Madrid. Michel Rocard avait été à l'initiative avec le Premier ministre australien en 1991 de ce projet qui avait été exemplaire à l'époque. Je pense qu'on a une sorte de leadership à assumer, une espèce d'héritage moral vis-à-vis du travail qu'avait fait Michel Rocard. On est en pointe là-dessus. Continuons à garder cette position majeure, morale, presque civilisatrice par rapport à cette initiative d'aire marine protégée.

Qui sont ceux qui menacent le plus l'Antarctique aujourd'hui?

La question c'est plus les ressources halieutiques même si la pression est encore aujourd'hui marginale. Sur une dernière initiative qui avait été prise par la France pour protéger une zone marine en Antarctique de l'est, ce sont les Chinois et les Russes qui s'étaient opposés. Il y a tout un tas d'enjeux aujourd'hui. L'Antarctique c'est la dernière frontière. Après, c'est le vide sidéral. Je crois que c'est une question de civilisation. Renonçons à tout prendre, à tout cueillir, à tout ramasser, à tout collecter parce qu'on a besoin de cette planète pour exister. C'est de nous dont on parle ! Nous avons besoin de la biodiversité.

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