Australie : la Grande Barrière de corail a déjà failli disparaître cinq fois en 30 000 ans
A nouveau menacée de disparition, la Grande Barrière pourrait cette fois succomber au rythme sans précédent de hausse de la température et du niveau des océans.
La Grande Barrière de corail est presque morte cinq fois en 30 000 ans et a ressuscité grâce à la migration de certains coraux. Mais le rythme sans précédent de hausse du niveau et de la température des océans pourrait avoir raison d'elle, s'inquiète une étude australienne publiée lundi 28 mai dans la revue Nature Geoscience.
La Barrière a failli mourir deux fois pendant la dernière période glaciaire, il y a 30 000 et 22 000 ans, lorsque la baisse du niveau des océans a exposé les récifs à l'air libre. Deux autres épisodes quasi mortels ont eu lieu il y a environ 17 000 ans et 13 000 ans : l'augmentation importante du niveau de la mer a menacé ces petits animaux au squelette de calcaire, qui ne peuvent pas survivre à de grandes profondeurs.
"Peu de raisons" de croire que la Barrière résistera aux prochaines décennies
Le récif a été une nouvelle fois menacé il y a environ 10 000 ans, à cause d'une accumulation de sédiments et d'une baisse de la qualité de l'eau, ajoute l'étude réalisée grâce à des analyses de fossiles de coraux récupérés sur 16 sites de la côte est de l'Australie. L'actuelle Grande Barrière de corail, récif corallien le plus important au monde, est née il y a environ 9 000 ans.
A chaque fois, les capacités d'adaptation des coraux ont permis à la structure de renaître : certains coraux ont ainsi migré vers le large quand le niveau de la mer diminuait, et vers la terre quand il augmentait. Les chercheurs estiment que le récif a été capable de se déplacer latéralement de 0,2 à 1,5 mètre par an. Cette migration "rapide" suggère qu'"en tant qu'écosystème, la Grande Barrière de corail a été plus résistante aux fluctuations passées du niveau et de la température de la mer que ce qui était estimé précédemment", selon l'étude, qui note également sa "grande sensibilité aux apports de sédiments".
Mais l'action de l'homme accélère aujourd'hui le rythme de ces fluctuations. Les chercheurs s'inquiètent également des activités industrielles et agricoles qui influent sur l'apport en sédiments et la qualité de l'eau. Dans ce contexte, "nos découvertes donnent peu de raisons de penser à une résistance de la Grande Barrière lors des prochaines décennies", concluent-ils. "Je m'inquiète vraiment de la capacité de la barrière dans sa forme actuelle à survivre", a commenté le chercheur principal Jody Webster, de l'université de Sydney.
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