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Il peut y avoir des "effets retardés" de la canicule "mais pas la catastrophe que nous avons connue en 2003"

"Il n'y a pas d'augmentation massive de la mortalité", a expliqué le professeur de prévention des risques de santé William Dab, du Conservatoire national des arts et métiers.

Article rédigé par franceinfo
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La canicule avait entraîné la mort de plusieurs milliers de personnes en 2003. (TARIS PHILIPPE / MAXPPP)

Cette "canicule peut avoir des effets retardés pendant quelques jours, mais en aucun cas, le bilan ne pourra se compter en milliers, (...) nous n'aurons pas la catastrophe que nous avons connue de façon dramatique en 2003", a expliqué lundi 1er juillet sur franceinfo William Dab, professeur de prévention des risques de santé du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), qui avait été nommé à la direction générale de la Santé le 21 août 2003, pour créer le plan canicule. Lundi, 13 départements sont encore en vigilance orange.

franceinfo : Le plan canicule a-t-il bien fonctionné et a-t-on pu éviter le pire depuis une semaine ?

William Dab : Pour une fois, on peut dire que la prévention marche. La situation qu'on a connue n'est même pas comparable à celle de 2003. Elle était beaucoup plus précoce, les organismes n'étaient pas préparés à un tel traumatisme calorique, elle était beaucoup plus étendue, il y a des régions qui n'avaient jamais connu de canicule et qui en ont connu, elle était beaucoup plus intense. Les records de température ont été battus. Il y a quelque chose qu'il faut souligner, c'est que les gens n'étaient pas en vacances. Des millions de gens, des dizaines de millions de gens travaillaient, ce qui n'était pas le cas en août 2003. Dans le métro, que j'ai pris cette semaine, il faisait quand même 38 degrés. Tout cela aurait pu conduire à un bilan qui aurait pu être plus lourd que les 19 000 décès de 2003.

Quel est le bilan pour la canicule de cette année ?

Santé Publique France a mis en place une surveillance quotidienne, notamment de la mortalité et des services d'urgences. Au moment où on se parle, il n'y a pas d'augmentation massive de la mortalité. Il y a eu quelques cas isolés de gens qui n'ont pas respecté les consignes, il y a eu des arrêts cardiaques chez des joggers à deux heures de l'après-midi. Par ailleurs, il faut attendre cette semaine, parce qu'une telle canicule peut avoir des effets retardés pendant quelques jours, mais en aucun cas, le bilan ne pourra se compter en milliers, on peut s'attendre à un excès de quelques dizaines, de quelques centaines de décès qu'il faudra regarder très attentivement pour améliorer le plan, mais nous n'aurons pas la catastrophe que nous avons connue de façon dramatique en 2003.

Pour la première fois, Météo France a placé des départements en vigilance rouge canicule, les ministres étaient sur le terrain et les épreuves du brevet ont été reportées. N'en a-t-on pas trop fait au nom du principe de précaution ?

Il ne s'agit pas de précaution. La précaution, ça veut dire qu'on agit alors qu'on n'est pas sûr que quelque chose va arriver. Là c'est arrivé, on parle donc de prévention. Le risque était absolument majeur. L'appareil d'État s'est mobilisé et c'est normal. C'est sur le terrain que la prévention a fonctionné, c'est parce que les voisins, les familles, les services municipaux, la Croix-Rouge, les milieux de travail se sont mobilisés qu'on a pu faire face à un tel risque. Les recommandations, c'est qu'à 34 degrés, il faut évacuer les locaux de travail. On n'allait pas faire composer les enfants dans des salles non climatisées, qui sont à 35 ou 36 degrés. Pour les enfants comme pour les surveillants [du brevet des collèges] ce n'était pas raisonnable. Pour une fois qu'on n'est pas en retard sur la prévention et qu'on a fait ce qu'il fallait, je crois qu'il ne faut pas se plaindre et reconnaître que la prévention, ça marche.

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