Marché des fleurs : dans les coulisses de la filière
Un voyage maintenant, un voyage au paradis des fleurs. C'est l'envers du décor de nos bouquets que vous allez découvrir. 9 roses sur 10 sont importées et la plupart ont fait 10.000 km avant d'arriver sur notre sol car elles sont cultivées en Afrique de l'Est, Kenya et surtout Ethiopie. Dans quelles conditions sortent-elles de terre ? Comment expliquer ces prix casses malgré le coût du transport.
La fleur qu'on achète en été comme en hiver, c'est la rose. Elle est devenue bon marche. Dans ce bouquet, elle coûte 50 cts la tige. Pourquoi un prix si bas? Sait-on d'où vient la fleur la plus vendue au monde.
Vous ne demandez jamais d'où elles viennent.
Non, elles sont belles alors.
En cette saison, elles viennent de loin.
1 rose sur 3 parcourt des milliers de km. Elles proviennent d'Equateur, Colombie, Kenya et aussi d'Ethiopie. Sur ces hauts plateaux éthiopiens, à 2400 m d'altitude, un nouvel eldorado. Les serres de roses poussent comme des champignons. Deux fermes de roses sur trois appartiennent à des investisseurs étrangers. Le climat est idéal. Inutile de chauffer les tunnels, 30 degrés max. Jamais trop froid la nuit. Le responsable de la production est indien. Il nous montre les nouveaux rosiers plantés. Pas de problème d'eau : pour arroser on creuse a 150 m sous terre.
Nous n'avons pas de problème avec l'eau. Il y en a beaucoup. Depuis deux pompes, on puise jusqu'aux serres. La terre est toujours humide. C'est ce dont les roses ont besoin.
Chaque mètre carré produit 120 roses par an. Plus de 300 Ethiopiens travaillent dans cette exploitation. 8 sur 10 sont des femmes. Comme Megertu Wendumu, elles coupent, nettoient, replantent.
J'ai une fille à nourrir. Je suis divorcée.
Cette Ethiopienne est illettrée, sans formation. Elle marche une heure pour venir ici Elle est prête à tout pour avoir un emploi, même pour 20 euros par mois, en travaillant 6 jours sur 7, pour 2 semaines de vacances par an.
Pour être honnête, ce n'est pas assez puor bien se nourrir. Mais c'est une question de survie. Même si c'était moins payé, je le ferais.
Les bas salaires sont la clé du succès pour ce jeune patron français Il loue 10 hectares à un prix dérisoire. En Ethiope, les terres sont propriété de l'Etat. De nombreux avantages pour lui, impossible de faire de même ici.
La terre est très riche et permet de produire énormément. Le coût de la main d'oeuvre est beaucoup moins qu'en Europe. On a des avantages qui nous permettent durant 5 ans de ne pas payer d'impôts sur les bénéfices.
Le fret aérien représente jusqu'à 40% du prix. Malgré cela, la rose n'est vendue que 20 centimes d'euro. Près de 20 000 fleurs sont conditionnées ici par jour.
Ces roses ont été cueillies hier, conservées 24 heures à 4 degrés. Emballées, elles partent pour l'aéroport d'Addis Abeba, direction le monde entier.
Dans 48h, elles seront chez les fleuristes. Auparavant, la plupart transitent par les PAys-Bas. Il y a 10 ans, ce pays était leader de la production de roses. Depuis, sa culture a été divisée par deux, comme en France. La Hollande représente 60% du marché mondial. Laurent, grossiste à Rungis, vient deux fois par semaine s'approvisionner sur le plus grand marché aux fleurs du monde. Il les repère avant de les acheter aux enchères.
La fleur hollandaise est largement supérieure mais la fleur africaine s'améliore d'année en année.
Dans ce WaIl Street de la fleur, c'est l'offre et la demande qui fixent les prix. Aujourd'hui, Laurent a acheté ses fleurs africaines entre 20 et 50 cts 2 fois moins qu'une rose française. Il va les revendre aux fleuristes français.
Ce serait mieux d'acheter une production européenne. Malheureusement, ce n'est pas possible.
La demande est telle que la production française ne peut pas suivre. Elle ne dure que 5 mois dans l'année Or, chaque année 400 millions de roses sont vendues en France. Sans aucune obligation d'en indiquer la provenance.
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