Justice : retrouver le meurtrier de sa fille
La justice avec l'ouverture, jeudi prochain, d'un procès très spécial. Jusqu'où peut-on se faire justice soi-même ? Cet homme s'appelle André Bamberski, il a 77 ans. Il mène depuis 30 ans un combat personnel: retrouver le meurtrier de sa fille, Dieter Krombach, condamné en son absence mais qui était en fuite en Allemagne. Il l'a lui-même retrouvé et kidnappé pour le livrer aux tribunaux. Un rapt qu'il doit assumer à son tour devant les juges.
C'est son domaine, il y passe des journées entières. Trois pièces de sa maison consacrées à sa fille, Kalinka.
C'est l'ancienne chambre de Kalinka. J'en ai fait mon bureau. Ma documentation juridique. Et là, ce dont je ne me sers pas sur le moment.
Depuis plus de 30 ans, André Bamberski a tout gardé, Tout ce qui est lié à celui qui, dès le premier jour, lui est apparu comme le responsable de la mort de sa fille, Kalinka. Agée de 14 ans, elle meurt subitement chez son beau-père, le Dr Krombach, en Allemagne. Depuis, André Bamberski lui consacre sa vie.
Pour moi elle est toujours là. Pas besoin de sa photo, je la revois sur la terrasse.
André Bamberski se dit tenace. Dès juillet 1982, il traque le Dr Krombach, se rend plusieurs fois en Allemagne, engage des détectives. Il se bat seul contre l'inertie des justices française et allemande. Un combat devenu une obsession.
Les centaines de lettres recommandées avec accusé de réception que j'ai pu écrire, ça a pu être perçu comme une obsession. Mais pour moi, c'étaient des prières, des suppliques.
Il craint que le docteur déménage, disparaisse à l'étranger, échappe à la justice. Un barman kosovar lui propose l'impensable : kidnapper le médecin allemand.
Il m'a dit : je peux le faire! Et je lui ai dit oui.
En octobre 2009, le Dr Krombach est retrouvé ligoté à cette grille, dans une rue de Mulhouse. Un procès en France est enfin possible. Le Dr Krombach est condamné à 15 ans de réclusion criminelle. Un verdict impossible sans la détermination d'André Bamberski. Un enlèvement dont il doit répondre devant la justice. Le père de Kalinka est à son tour devant les juges.
Vous regrettez cet acte.
Pas du tout ! Je l'assume. Je suis honteux de ne pas avoir eu le courage de le faire moi-même.
Vous encourez 10 ans de prison.
Je pense que je serai condamné. Si je vais en prison, je ne l'accepterai pas.
Il demandera à être rejugé par d'autres magistrats. "J'ai tenu ma promesse à Kalinka", dit André Bamberski, qui refuse d'être considéré comme un justicier ou un héros.
Je n'ai rien fait d'exceptionnel. Je n'aurais pas été bien dans ma peau si je ne l'avais pas fait.
Pourtant son histoire sera bientôt au cinéma, son rôle incarné par Daniel Auteuil. A presque 77 ans, André Bamberski veut, lui, tourner une page qui a duré 32 ans.
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