Cet article date de plus de dix ans.

Invitée : Carole Bouquet

Publié
vidéo : 30min
Ce replay n'est plus disponible.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions

Merci d'être avec nous. Vous suivez l'actualité de près.

C. Bouquet : Oui.

L. Delahousse : Elle vous pousse à agir, à réagir? On se souvient des enfants de la rue de la Banque. De votre lecture lors de l'hommage à Stéphane Hessel.

C. Bouquet : Oui, elle me fait piquer quelques colères.

L. Delahousse : On vous l'a reproché parfois.

C. Bouquet : Non, je n'ai jamais eu ce reproche. Peut-être aussi parce que la voix de l'enfant, cela fait presque trente ans que je m'en occupe. Les gens savent que c'est une démarche sincère, un véritable engagement.

L. Delahousse : Vous avez l'impression que votre métier aurait pu vous isoler de la réalité.

C. Bouquet : Le cinéma éloigne heureusement de la réalité! Tant mieux! Je ne tiens pas à y rester tout le temps.

L. Delahousse : On va vous découvrir en femme du président de la République dans la future série de France 2.

Si vous avez besoin de moi pour accueillir les familles des otages ou des victimes, je suis disponible. Le Président va mieux. Le médecin dit qu'il va émerger bientôt. Je vous préviendrai. Je ne pourrais pas gérer tout toute seule! En tout cas pour les familles, je suis disponible.

L. Delahousse : Une expérience intéressante.

C. Bouquet : Oui, un personnage très complexe, qui ne se sent pas à sa place, fragile à un moment de sa vie où elle n'a pas d'enfant. Le plus important pour elle, c'est cet homme. En même temps, elle n'a pas envie d'être à l'Elysée et de jouer ce rôle.

L. Delahousse : Vous avez observé les premières dames? C'est un univers fascinant, la politique.

C. Bouquet : Oui, je les ai observées depuis des années. Mais ce n'est pas un univers qui me fascine, il me fait plutôt peur.

L. Delahousse : On se souvient que vous avez été victime de l'abus de pouvoir de l'Etat. La justice vous a accordé 1 euro symbolique. Vous aviez fait l'objet d'écoutes téléphoniques par l'Elysée sous François Mitterrand. Cela avait été une blessure.

C. Bouquet : C'était fou d'être écoutée. J'étais accusée de vendre des chars. On a compris un peu après pourquoi on m'écoutait. Les raisons données étaient mauvaises. Ils ont écouté pendant des mois, j'espère qu'ils ne se sont pas ennuyés.

L. Delahousse : Vous serez cette année membre du jury à Cannes. Difficile d'évoquer toute votre carrière mais on va essayer.

Et si le premier talent de Carole Bouquet était de faire les bons choix? A 56 ans, elle peut se flatter d'avoir travaillé avec les plus grands, alternant succès commerciaux et films d'auteur, drames et comédies. impulsive, elle suit son instinct, qui l'a rarement trompée. La petite Carole était un garçon manqué. A 18 ans, Luis Bunuel lui propose de jouer dans cet "Obscur objet du désir" le rôle d'une séductrice. Cette image de beauté glacée la poursuivra longtemps. Puis viendra James Bond avec Roger Moore, une superproduction qu'elle assume sans faux-semblants.

Je trouve qu'un James Bond, ce n'est pas simplement un film d'action, c'est un mythe du XXe siècle.

En1989, 10 ans après "Buffet froid", elle retrouve Bertrand Blier pour un rôle taillé sur mesure, celui de la femme trop parfaite de Gérard Depardieu qui lui préfère Josiane Balasko.

Le César est attribué à Carole Bouquet dans "Trop belle pour toi".

C'est Michel Blanc, son futur partenaire dans "Grosse fatigue", qui lui remet le César de la meilleure actrice. Dans sa vraie vie comme au cinéma, l'actrice a choisi de s'engager, elle dénonce notamment le mal-logement.

Ce sont des familles françaises qui travaillent, qui vivent dans des taudis, et qui demandent une manière décente de vivre.

Et puis surtout, elle lutte contre la maltraitance des plus jeunes. Son engagement aux côtés de l'association La voix de l'enfance a permis l'adoption de textes plus protecteurs. Le combat continue, cette jeune grand-mère reste sensible à la douleur des enfants.

L. Delahousse : Beaucoup de films. Cela vous arrive parfois de vous demander où vous en êtes.

C. Bouquet : Tout le temps! Je ne crois pas que demain, je pourrai encore travailler. La carrière d'acteur est toujours faite de vagues. Quand vous êtes au creux de la vague, vous pensez que vous allez y rester. Cela m'est arrivé très jeune, cela m'arrive encore maintenant. Mais il y a des rebondissements tout le temps. C'est étonnant, ce qui m'est arrivé là. Le Festival de Cannes, le théâtre bientôt qui m'appelle. J'ai l'impression qu'on me fait des cadeaux, je ne comprends pas qu'on ait envie de travailler avec moi. Je prends cela comme un cadeau des dieux.

L. Delahousse : Votre rêve d'enfance, ce n'était pas cela.

C. Bouquet : Pas du tout! C'était de faire des études, de partir de la maison.

L. Delahousse : Le cinéma était une fuite, un refuge.

C. Bouquet : Oui. J'adorais le cinéma mais si j'avais su être décoratrice, faire de la lumière. Je voulais faire partie d'une équipe pour construire un film.

L. Delahousse : A 18 ans, quand vous tourner avec Lui Bunuel, vous dites que si la presse avait été aussi violente qu'aujourd'hui, cela aurait pu vous détruire.

C. Bouquet : Oui, la presse aurait été extrêmement forte, j'aurais fait la couverture de tous les journaux. Mais je n'ai pas fait une seule interview, une seule photo, c'était Bunuel qui faisait tout et c'était très bien. C'était un rôle très important mais je ne savais rien faire. J'avais très peur. Cela m'a permis de prendre Ie le temps d'apprendre.

L. Delahousse : Cette image un peu froide, belle, elle vous a un peu pesé parfois.

C. Bouquet : Non, jamais. Je savais que même si je n'avais pas fait de cinéma, en faisant un film, j'allais avoir cette image pour les années à venir. Même si elle était très éloignée de moi, je savais que la première identification serait la plus forte. Après, j'ai eu un contrat avec Chanel pendant des années. Je savais que l'image serait très forte. Cela n'arrange pas! Je joue la morte dans "Buffet froid", cela n'arrange pas non plus.

L. Delahousse : Bertrand Blier dit qu'il à l'impression d'être avec un pote quand il déjeune avec vous. Vous êtes une bonne vivante.

C. Bouquet : Il paraît. C'est ce qui m'intéresse le plus.

L. Delahousse : Aujourd'hui, quand vous regardiez ces images des César, vous disiez que parfois, vous n'avez pas l'impression que c'est vous.

C. Bouquet : Tous les acteurs ont l'impression d'être des imposteurs. Ça met longtemps à partir. Je le ressens encore parfois. Quand je ne fais pas l'actrice, je crois que je ne sais rien faire. Et puis, quand je vais me retrouver en train de répéter au théâtre, je vais retrouver confiance, grâce aux autres. Toute seule, cela ne m'a jamais intéressée.

L. Delahousse : La notoriété du cinéma ne vous a rien volé.

C. Bouquet : Non, au contraire, cela m'a beaucoup donné.

L. Delahousse : Mais votre paradis est en Sicile? Pourquoi cette passion de la terre, du vin.

C. Bouquet : La passion de l'Italie, du Sud, de la lumière, besoin du soleil. Je n'avais pas du tout prévu de faire du vin! C'est une folle aventure. Mais c'est la terre qui a parlé. Elle était abandonnée et je lui ai redonné vie.

L. Delahousse : Il faudra passer par Cannes dans quelque temps, en tant que membre du jury.

C. Bouquet : Oui, un très beau jury. Je suis heureuse d'y être. J'ai l'impression qu'on va très bien s'entendre.

Merci Carole Bouquet. C'est la fin de ce journal. Tout de suite, la météo, puis "Un heureux évènement". L'info demain c'est dès 6h30 dans Télématin. Bonne soirée.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.