Invité : Pierre Richard
L. Delahousse : Il n'a jamais vraiment aimé les plateaux de télévision. Il a été l'une des grandes stars de la comédie, partenaire de Blier, Mireille Darc, Jean Carmet, Gérard Depardieu. Il avaü avait envie de revenir sur ses souvenirs et c'est sur scène que Pierre Richard nous raconte tout cela, à l'Olympia dans quelques jours. Bonsoir Pierre Richard, merci d'être avec nous. On vous a vu une nouvelle fois dans les tribunes de Roland-Garros. Un beau vainqueur, Rafael Nadal.
P. Richard : Un beau vainqueur même si je me suis trompé sur le vainqueur.
L. Delahousse : La Coupe du monde, vous allez la suivre.
P. Richard : Oui, mais je n'irai pas là-bas. Même si j'ai de la famille au Brésil. Il y a déjà des grèves de métro, il va y avoir des manifestations. Je vais regarder ça tranquillement à la.
L. Delahousse : Vous aviez 10 ans en 1944, vous viviez à Valenciennes. Est-ce que vous avez des souvenirs de ce Débarquement.
P. Richard : J'étais à Paris, au pensionnat. Je me souviens du premier Américain que j'ai rencontré dans le métro, qui m'a donné une tablette de chewing-gum. Ceci dit, 5 avant, j'avais vu mon premier Allemand qui m'avait offert une tablette de chocolat. Cela s'appelle retourner sa veste! Mais je me souviens des FFI qui poursuivaient des collaborateurs sur le toit de mon immeuble. J'ai comme cela des petites bribes.
L. Delahousse : Aujourd'hui, vous allez fêter vos 80 printemps. Vous avez vu le temps passer.
P. Richard : Sincèrement, non, je ne le vois pas passer! Je n'en reviens pas d'avoir mon âge, comme on n'arrête pas de me le lancer a la figure. Ce n'est pas désagréable, mais je n'en reviens pas. Sauf de temps en temps, quand j'ai un problème de genou.
L. Delahousse : Sur scène, vous dansez, vous roulez dans Paris en Harley Davidson? Vous êtes encore en forme! en forme! Alors "AleXandre le bienheureux", "Les Malheurs d'Alfred", "Le Grand Blond", "Le Jouet", "La Chèvre", "Les Compères", "Les Fugitifs". On va revenir un peu en arrière sur cette histoire.
Des gaffes, des chutes, des catastrophes. Depuis plus de 50 ans, Pierre Richard donne de sa personne par amour du burlesque. Né dans une famille bourgeoise en 1934, le petit Pierre Richard est passionné par la comédie et le cinéma. Malgré les réticences familiales, a 30 ans, il écrit ses premiers sketches avec Victor Lanoux.
Vous permettez.
Je vous en prie.
Chaplin, Buster Keaton, il y a un air de famille. Comme eux, Pierre Richard est a la fois acteur et réalisateur. C'est le cas avec "Le Distrait", en 1970, produit par Yves Robert.
C'est votre premier long métrage.
Oui. Dans le métier, on dit: "C'est mon premier et mon dernier".
Les années 70 vont démentir le proverbe.
Je sais qu'elle est pour moi, la tuile qui tombe du toit.
"Les malheurs d'Alfred", "Le Jouet", "La course à l'échalote", Pierre Richard excelle dans le rôle du maladroit pince-sans-rire. Apothéose dans "Le grand blond avec une chaussure noire". Nu au lit avec Mireille Darc, il en parle avec humour dans un de ses spectacles d'anecdotes en 2003.
Pierre, tu me regardes dans les yeux. Si tu t'aventures ailleurs, je t'en mets une.
Après Mireille Darc, Gérard Depardieu en trois films: "La Chèvre", "Les Compères", "Le Fugitif". Le réalisateur Francis Veber crée un duo comique qui marque le cinéma des années 80.
Dans la vie quotidienne, il ressemble souvent à ses films: il perd toujours les choses.
Sans lâcher le cinéma, à partir des années 90, Pierre Richard retrouve le théâtre où il avait débuté sa carrière. En 2008, il joue avec Pierre Palmade. En 2014, il continue de raconter ses souvenirs sur scène. A 79 ans, Pierre Richard s'amuse toujours.
L. Delahousse : Vous avez découvert quelques images.
P. Richard : Il y a des images de moi que je ne connaissais pas. Je vais tâcher de les récupérer.
L. Delahousse : Vous étiez réellement distrait, discret dans la vie.
P. Richard : Ça fait rire beaucoup de monde mais pour moi, c'est un calvaire. Cela dure. Et même, cela s'aggrave.
L. Delahousse : Cette scène avec la fameuse robe de Mireille Darc. Yves Robert ne vous tient pas au courant et vous la découvrez.
P. Richard : Il a trouvé le moyen, le matin même, de m'écarter du plateau. Je me suis fait maquiller dans une pièce, elle n'était pas là. J'étais dans une salle d'attente, elle n'était pas là. Finalement, on m'a dit de frapper a la porte, on a dit "moteur" et elle est arrivée. Il semblait douter de mes qualités d'acteur! Il m'a dit que mon oeil était extraordinaire, quand je l'ai vue pour la première fois.
L. Delahousse : Il y a eu des rencontres tout au long de votre carrière, notamment Blier. Un incroyable personnage.
P. Richard : Bernard était un personnage incroyable. J'en ai connu deux, trois avec Depardieu. Bernard Blier était d'une mauvaise foi qui touchait au génie. Cette mauvaise foi nous faisait beaucoup rire. Même la main dans le pot de confiture, il trouvait une justification. Quant à Jean Carmet, il a élevé l'art de la flatulence au niveau de la poésie.
L. Delahousse : Vous étiez un peu un poète, vous aussi.
P. Richard : Oui, mais pas dans ce.
L. Delahousse : Et Depardieu, en revanche?.
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